Pain of Salvation est de retour, réjouissez-vous. Et comme souvent, le groupe expérimente, ce qui va probablement déstabiliser certains d’entre vous. Pourtant nous en avons pris l’habitude. PoS, disque après disque, change, mute et se transforme toute en restant fidèle à ses valeurs et son empreinte. Panther ne dérogera pas à la règle. Je dirais même qu’il sera peut-être comme un album encore un peu plus concept que les autres ; comme le fut Scarsicken son temps ; ce LP souligne la capacité du groupe à absorber des influences afin de pouvoir recracher ses messages thématiques et musicaux de manière aussi radicale que cohérente.
Un peu plus de deux ans après l’excellent In the Passing Light of Day, le groupe de Daniel Gildenlöw revient en force avec un album conceptuel centré sur le fait d’être différent dans un monde sensé être normal. Comme je l’ai déjà mentionné, Panther est incroyablement cohérent, musicalement et lyriquement. On pourrait pourtant croire que les nombreuses expérimentations, musicales et surtout vocales, pourraient aliéner cette cohésion ; mais en fait non, les sons et les rythmiques collent littéralement aux atmosphères possibles compte tenu de la thématique générale. De manière très intéressante, je pense que Panther est un album moderne, dans le bon sens du terme. Une modernité qui le rend unique et donc susceptible d’avoir des défauts ou de ne pas trouver son public.
Toutefois, le groupe est loin de renier ce qu’il sait faire ; Pain of Salvation utilise ses bases, son auto-connaissance (Johan Hallgren est le seul « néophyte » depuis In the Passing Light of Day. Mais peut-on vraiment parler de néophyte pour le guitariste du groupe entre 1998 et 2011…) et ses valeurs pour fournir un socle solide à ses expérimentations. La modernité de Panther, c’est sa capacité à utiliser un fond rap mais aussi une mélodie médiévale ; c’est de proposer un titre au banjo entouré d’atmosphères électro. Et le plus beau c’est de mettre tout ça dans un album résolument metal progressif. L’ouverture de Panther, et son premier single, c’est Accelerator. Un bon choix et une carte de visite cohérente pour l’album. Ce titre ultra rythmique rend d’entrée de jeu l’auditeur attentif à ce qui va se passer. Monté en couches successives, rythmique-synthé-incrustations et voix, Accelerator est hypnotique et stressant comme une mauvaise journée de travail. Unfuture est simplement remarquable, volumineux et progressif. Initié au son d’une guitare du Far-West, le titre est soutenu par la rythmique implacable de Léo Margarit. C’est un titre très blues, très PoS ; si ce n’est un axe électro plus développé ("Welcome to the new world..."), on pourrait le croire sorti de Scarsick. Restless Boy est plus intimiste, probablement plus personnel pour Daniel. Le travail expérimental sur sa voix colle à l’ambiance et le changement rythmique du refrain donne une touche juste incroyable. Sous ses airs révolutionnaires (pour PoS), le titre a quelque chose de Depeche Mode. Second single et seconde carte de visite parfaite pour Panther.
Wait est intéressant. Il me fait implacablement penser aux disques de Muse sortis vers 2010 et aussi à Pluvius Aestivus de l’album Be. Est-ce la touche de piano, le coté très mélodique et émotionnel du titre ? Je ne sais pas, ce qui est certain, c’est que quelles que soient les variations proposées (guitare hispanisante, voix ou loop électro) sur le fond piano, c’est définitivement un titre labellisé PoS. Keen to a Fault est un mélange homogène du nouveau PoS (plus électro) et de l’ancien (plus organique). La voix de Daniel y fait merveille ; de rupture rythmique en rugissements, Keen to a Fault est un hymne au futur du groupe. Fur est hors du temps, comme sait le faire PoS. Le balalaïka mélancolique, épuré et russe, pave le terrain pour Panther. J’aime ce titre, simplement. Il a un goût d’interdit avec son chant parfois rapé (à la Shaka Ponk) et ses ruptures émotionnelles. Comme le dit la chanson « I feel like a Panther trapped in a dog’s world ». Brillant. La fin sera plus classique. Species revient à l’essentiel et aux émotions. Le son fait penser au diptyque RoadSalt et le groupe fait parfaitement ce qu’il sait faire. Icon comme un condensé de PoS. 1979, When it Hurts, Tongue of God ou encore Iter Impius, chacun y trouvera quelque chose de son passé avec le groupe. Certainement un grand titre de scène avec ses treize minutes trente.
Pain of Salvation, qui est déjà un des groupes chéris du site, ne va certainement pas perdre sa position avec Panther. Peut-être que certains d’entre nous seront déstabilisés et mettront du temps à y entrer. D’autres regretteront un son peut-être un peu moins metal. Pour moi, Panther est arrivé au moment ou j’étais prêt et ouvert à l’évolution proposée. C’est suffisamment rare pour le mentionner. L’album est complet, sans faille ; la production au niveau, les musiciens, Léo Margarit et Daniel Karlsson en tête, parfaits, les détails travaillés et la couverture magnifique. Rien, je ne changerais rien à cet album qui se trouvera certainement sur mon podium à la fin de l’année.
Tracklist de Panther :
01. Accelerator 02. Unfuture 03. Restless Boy 04. Wait 05. Keen to a Fault 06. Fur 07. Panther 08. Species 09. Icon