Artiste/Groupe:

Ozzy Osbourne

CD:

Ordinary Man

Date de sortie:

Février 2020

Label:

Epic Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

12/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Ordinary Man n'est pas n'importe quel album. Il arrive dix ans après Scream, l'effort précédent d'Ozzy... l'attente a été longue. On peut légitimement être ému à son écoute si l'on est attaché à Ozzy Osbourne et son parcours assez incroyable... D'autant plus si, tenant compte de la santé fragile du Madman, son âge et la maladie de Parkinson récemment révélée, l'on se dit qu'il s'agit peut-être bien de son dernier album. Et puis, une discographie qui couvre cinquante ans, des balbutiements du Heavy Metal jusqu'à aujourd'hui, ce n'est pas rien quand même. Alors oui, quand j'aborde Ordinary Man, j'ai tout ça en tête... Est-ce que cela veut dire que je vais me laisser attendrir et perdre toute objectivité ? Non. Et pourtant j'aime Ozzy, il m'accompagne depuis longtemps. J'ai (presque) démarré le Hard Rock avec lui (il y a bientôt trente ans de cela, alors que j'étais un jeune ado en plein milieu de ses années collège). Malgré cela, je sais bien que sa discographie n'est pas parfaite... Et au cas où je l'aurais oublié, Ordinary Man est là pour me le rappeler. 

Vous le savez sans doute : ce disque a été composé en un temps record pendant qu'Ozzy était forcé de se reposer (ses ennuis de santé l'ayant forcé à annuler pas mal de concerts l'an dernier). Le tout a été écrit très rapidement, enregistré à la vitesse de l'éclair, sous la houlette du producteur Andrew Watt plus connu pour avoir travaillé avec des artistes comme Cardi B ou Post Malone que pour ses contributions - pourtant réelles - au monde du rock (il joue aussi de la guitare sur l'album... eh non, pas de Zakk Wylde cette fois-ci). Les musiciens recrutés pour l'occasion ne sont pas des inconnus : Duff McKagan (Guns N'Roses) et Chad Smith (Red Hot Chili Peppers). Et il y a de l'invité à foison : SlashTom MorelloElton JohnPost Malone... Et ça donne quoi ? Allons voir.

Straight To Hell constitue un début honorable bien qu'il ne s'agisse pas, à mon avis, d'un titre exceptionnel. Les chœurs d'ouverture sont sympas, il y a de l'énergie, un riff simple mais efficace, une mélodie qui se retient et un featuring pas dégueu de Slash au moment du solo. En terme de démarrage d'album, Ozzy a souvent proposé plus fort mais ça reste pas mal et ça rock bien ! Par contre, dès le deuxième titre, All My Life, un petit haussement de sourcil prend place sur mon visage. Déjà ? Dites, c'est pas un peu tôt pour une ballade ? Ca fait à peine quatre minutes qu'on est installé et vous balancez déjà une compo si tranquille ? Bon, cela dit, elle s'écoute bien et le refrain nous fait revenir à quelque chose de plus heavy. La mélodie et l'ambiance sont plutôt chouettes en fin de compte. Je ne vais pas cracher dans la soupe mais je reste un peu circonspect face à une cassure de rythme survenue aussi rapidement. Et ce n'est pas Goodbye, en troisième position, qui me rassure : intro avec guitare en son clair et tempo pachydermique, c'est mou. Pas tant que ça car un peu heavy et sombre (d'inspiration Black Sabbath) avec deux belles accélérations en cours de route (une au milieu, l'autre à la fin) mais les moments qui se trainent m'ennuient un peu.   

Ce qui saute aux oreilles à l'écoute d'Ordinary Man, c'est à quel point il est moins heavy que ses plus proches prédécesseurs. C'est un disque de (hard) rock mélancolique, souvent calme et plus ou moins moderne. Le spectre d'Ozzmosis (opus peu énergique, à moitié constitué de ballades justement) rode. Est-ce si étonnant quand on voit à qui a été confiée la production de l'album ? Probablement pas. Mais bon, cette collaboration avec Watt n'est pas forcément une mauvaise chose (sur le papier, en tout cas). Changer les habitudes, ça peut faire du bien, c'est la garantie d'un certain renouveau. Et vous avez vu les noms de certains guests (Elton John et Post Malone...) ? Donc oui, Ordinary Man ne transpire pas le heavy par tous les pores, c'est le moins que l'on puisse dire. Je ne vous mens pas, la preuve, que trouve-t'on en quatrième piste ? La chanson titre qui n'est autre que la ballade à l'eau de rose avec Elton John invité au piano et au chant. On sort les cordes (vous voyez les violons sur la mièvre So Tired, album Bark At The Moon ? C'est dans le même genre), des chœurs tout mignons, on met (quand même) un beau solo de Slash pour tenter de sauver les meubles... mais tout cela commence à sentir méchamment la naphtaline. Allez, pas le choix, après tant de calme, le morceau suivant va forcément envoyer, c'est obligé, hein ? Ah non, perdu, c'est Under The Graveyard ! N'en jetez plus, on a compris le message, Ordinary Man est une expérience, un album conçu pour lutter contre l'insomnie, c'est ça ? A dire vrai, Under The Graveyard, je la trouve pas mal en fait. L'atmosphère, la mélodie d'intro à la guitare, le break, sa mélancolie... tout cela fonctionne bien (malgré les "wohoho wohoho" dont je ne suis pas fan sur le refrain). Mais voilà, malgré un refrain un peu plus costaud et un break Sabbathien réussi, on reste encore sur de la ballade. Et deux ballades pour finir cette première moitié d'album, je trouve cela insensé...

Heureusement, il y a de bonnes choses et un peu d'énergie sur la seconde moitié d'Ordinary Man. Rassurez-vous, il y a encore des morceaux lents ou typés ballade (Today Is The End, avec son refrain qui m'agace un peu... et Holy For Tonight, déjà mieux). J'ai envie de dire du bien alors je vais plutôt m'attarder sur les morceaux qui m'ont vraiment plu : Eat Me, un titre heavy introduit par de l'harmonica et une super ligne de basse qui claque. Yes, ça fait du bien. Scary Little Green Men commence calmement mais c'est un leurre car le tempo s'accélère rapidement et la chanson s'avère entraînante et sympa. La surprise provient du titre It's A Raid qui démarre sur une (autre) grosse ligne de basse qu'on croirait piquée à Motörhead et envoie un tempo bien rapide pour un morceau rock'n'roll pêchu (le plus remuant de la galette). Tout cela a failli bien se terminer mais arrive la mauvaise idée qui fait retomber le soufflé : finir avec Take What You Want. Bon, techniquement, c'est une chanson bonus, ok... mais, bonus ou pas, ce morceau de Post Malone, mollasson (encore une fois), riche en autotune, sur lequel Ozzy n'est finalement qu'un invité (au même titre que le rappeur Travi$ Scott) n'est quand même pas la conclusion rêvée à un album du Madman. Avoir placé cette compo sur le CD est assez déconcertant. 

J'aurai toujours de la tendresse et du respect pour Ozzy, c'est comme ça. Mais non, Ordinary Man n'est pas - à mon sens - un grand album. Loin de là, même. J'aurais aimé, non, j'aurais adoré dire le contraire mais je fais le bilan : quelques morceaux sympathiques (j'en compte cinq ou six que j'aime vraiment bien, ce n'est pas si mal, remarquez), une voix toujours aussi singulière (mais parfois noyée sous des effets un peu envahissants) qui confère une saveur très particulière aux compos, quelques riffs et solos qui accrochent... mais trop de ballades, de lourdeur et titres anecdotiques quand même. Le bon côtoie le médiocre pour un ensemble juste correct (et bien produit) mais qui manque de magie, de fougue et de chansons mémorables ou capables de rivaliser avec les grands classiques du monsieur. Le compte n'y est donc pas... mais le problème vient sans doute de moi puisque j'entends ou lis beaucoup de bien à propos de ce disque depuis quelques jours. Solitude... 


Tracklist d'Ordinary Man :

01. Straight To Hell
02. All My Life
03. Goodbye
04. Ordinary Man
05. Under The Graveyard
06. Eat Me
07. Today Is The End
08. Scary Little Green Men
09. Holy For Tonight
10. It's A Raid
11. Take What You Want

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !