C H R O N I Q U E
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce monstre qu’est Origin, sachez que le quatuor américain a repoussé les limites de l’extrême en termes de vitesse d’exécution, de précision et d’ingéniosité technique sans jamais tomber dans la lourdeur démonstrative. Malgré des plans parfois particulièrement complexes, le groupe ne perd jamais de vue qu’il faut demeurer efficace et direct quoiqu’il arrive. Des albums comme Informis Infinitas Inhumanitas et Antithesis ont montré de quoi ils étaient capables, jusqu’à les hisser parmi les formations death technico-brutales les plus respectées. Leur délire spatio-cosmogonique machin ne m’a jamais convaincu plus que ça ; je reste sur l’extrême brutalité et la technique renversante, qui suffisent amplement à en faire un groupe à ne pas manquer à mes yeux.
Passé la couverture très alléchante de Colin Marks (Kataklysm, Nevermore, Exodus), l’écoute de ce dernier jet réserve quelques (pour certaines, mauvaises) surprises. Déjà, c’est un détail mais le groupe est passé de Nuclear Blast à Agonia (?!), bizarre… Mais passons. Malgré un enregistrement réalisé dans les mêmes conditions que les deux précédents, la voix (du nouveau chanteur, Jason Keyser) est complètement sous-mixée et souvent noyée dans le reste, en plus d’être sans grand relief.
Tout ça, c’est déjà un peu troublant, mais le pire est à venir : sans pour autant atteindre le stade de catastrophe, Origin livre un album qui ne lui ressemble pas totalement. Les éléments qui me font dire ça sont assez facilement identifiables : déjà, il y a trop d’interludes, dont l’inutile et démonstratif Continuum, sur lequel le gratteux fait son show tout seul, alors que la force d’Origin réside précisément dans la synergie des musiciens ; sur Retribution Of Filth, que s’est-il passé ?! Pourquoi faire un titre en d-beat avec un riffing aussi basique ?! Là encore, inutile. Et du slam sur Thrall:Fulcrum:Apex ?! Vous valez mieux que ça, les mecs… Malgré quelques morceaux fort sympathiques, comme The Absurdity Of What I Am et Malthusian Collapse avec leurs plans brise-nuque, on constate malheureusement que ce disque manque d’ambition et s’enlise parfois dans des plans d’une pauvreté désarmante. Le dernier morceau est assez représentatif pour ça : lent et mou au début, rapide mais foireux au milieu, laissant l’auditeur sur sa faim une fois achevé ; incomparable à un Antithesis sur lequel se termine l’album du même nom.
Je me suis réécouté un Informis Infinitas Inhumanitas, certes beaucoup moins bien produit, mais ô combien plus épuré, efficace et techniquement élaboré.
Bon, j’ai fini de saquer. Le seul qui s’en tire dans l’histoire, c’est le batteur John Longstreth ; déjà parce qu’il bénéficie d’un super son, pas trop synthétique ; après, parce qu’il assure, tout simplement. Son martèlement impitoyable et son double pédalage frénétique sont tout bonnement jouissifs. Je ne peux hélas pas en dire autant de la performance de Mike Flores, d’ordinaire capable de sortir quelques appels à couper le souffle (je ne me suis jamais complètement remis de ce fameux passage en fin du titre Ubiquitous sur Antithesis).
Voilà. Bon, c’est la grosse déception, quoi. Origin n’est plus à la hauteur de sa réputation avec ce dernier disque. Il y a bien la moitié des morceaux à jeter, on ne reconnaît plus tellement le groupe qui a fait Antithesis. Il va falloir se reprendre, les gars. Moi qui m'attendais à mettre un coup de coeur, c'est râpé...
Tracklist d’Omnipresent :
01. All Things Dead 02. Thrall:Fulcrum:Apex 03. Permanence 04. Manifest Desolate 05. Absurdity of What I Am 06. Source of Icon O 07. Continuum 08. Unattainable Zero 09. Redistribution of Filth 10. Obsolescence 11. Malthusian Collapse 12. The Indiscriminate
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