D’abord, je tiens à remercier Karen de Verycords pour l’envoi d’un vrai package en guise de promo, au lieu d’un streaming de la partie audio. Ca change tout. Et surtout, ça me permet de vous parler d’abord de l’objet No One Is Innocent – Barricades Live : un bon gros 2xCD + DVD dans une coffret qui s’ouvre en quatre parties, une par disque, plus une pour un petit booklet de six pages. Nickel ! Le double CD contient le son du même concert, alors, grâce à Karen, je vais ici vous parler du DVD. Sur ce DVD, on trouve le concert capté à La Cigale à Paris, le 30 novembre 2015. Oui, c’est-à-dire exactement 17 jours après la tragique soirée du Bataclan. L’organisation même du concert a été compliquée, dans un Paris en état de choc et un pays en état d’urgence. Fallait oser, fallait en avoir dans le slip, pour un, monter sur scène à Paris juste après ça et deux, en tant que spectateur, ne pas se poser une tonne de question au moment de rentrer dans la salle. Mais voilà, No One Is Innocent est justement un groupe engagé, formé par des musiciens avec des slips en béton, qui avait déjà sorti en 2015, Propaganda, un dernier album ultra engagé… et assez prémonitoire, que je vous recommande absolument d’écouter. Si comme moi vous avez adoré cet album (j’avoue je ne connaissais pas trop les précédents, mais celui-là m’a scotché), l’annonce de ce live est une excellente nouvelle puisque on y retrouve dix des onze morceaux de l’album (il ne manque que Un Nouveau Scottsboro, dommage je l’aimais bien aussi).
Outre le concert, le DVD propose deux clips (mouais) et surtout un documentaire de vingt-six minutes sur le making of de Propaganda que j’ai trouvé très intéressant. Explications de Kemar sur la genèse des morceaux avec Popy, son intégration au groupe et les apports de chaque musicien, tous par ailleurs très occupés. On a aussi un petit laïus de Fred Duquesne, qui avait produit Propaganda, et qui assure la deuxième gratte de Mass Hysteria aujourd’hui. Bon mais le concert (1h30) reste quand même la partie la plus passionnante : nombreuses caméras, super son, bonne ambiance dans le public, le groupe explose littéralement sur scène, c’est impressionnant. Je pensais avoir tout vu avec le DVD Live de Mass Hysteria côté rendu d’une ambiance, mais là, c’est tout aussi bon. Petite parenthèse, je vous rappelle que No One Is Innocent et Mass Hysteria sont à l’affiche du prochain Hellfest. Alors ne ratez surtout pas ça, les gens, faites-moi plaisir ! Alors, si vous ne connaissez pas La Cigale, sachez que c’est une superbe salle, genre ancien théâtre, avec un grand balcon en bois, des petites loges en hauteur, et une belle fosse pour se déchainer.
Les musiciens montent sur scène, s’installent tranquille et Shanka (guitariste) nous lit un petit texte de sa composition sur sa guitare : la musique est sa façon de résister aux terroristes. Il propose une minute de bruit pour rendre hommage aux victimes du Bataclan : bruit ! Ils attaquent ensuite par l’excellent Drones. L’avantage de ce morceau c’est que la foule saute déjà sur place au premier refrain : « Computer to Drones ». Je ne sais pas comment Popy (guitare) et Gaël (batterie) arrivent à supporter leur bonnet, j’ai déjà chaud pour eux. Ils remettent une couche avec Silencio, une autre tuerie du dernier album, dont le riff de basse de Tramber met tout le monde d’accord. La troisième lame c’est Barricades (tiens, ça aussi c’est d’actualité). On remarque que Popy assure aussi pas mal de chœurs et Tramber vient sur le devant de la scène balancer son riff de basse pendant le petit break. L’ingé lumière abuse un poil du stroboscope ; la régie vidéo alterne des vues depuis la foule, depuis la perche qui se balade au-dessus de la foule, des vues de fond de salle et de derrière le groupe, tournées vers la foule, ou encore des points fixes sur la batterie. Kemar raconte quelques histoires à propos de La Cigale, qui les a vus grandir depuis leurs débuts il y a vingt ans, et c’est le moment d’envoyer mon morceau préféré de Propaganda, Kids Are On The Run sur lequel ils invitent un troisième guitariste : Nikko Bonnière (Dolly, Eiffel). Ca groove sa mémé ! Toute la salle saute avec les musiciens. Ils font durer le break, puis super solo de Shanka puis de Popy puis re-Shanka. Re-énorme !
L’intro du morceau suivant se fait à l’aide de machine, ça file une patate de dingue. Je connais moins le morceau Nomenklatura, mais le refrain « Y’a Basta, Nomenklatura », me semble encore une fois sacrément dans l’air du temps (pourtant sur l’album Utopia en 1997). Sur ce morceau on se dit que Gaël à la batterie est aussi une machine, il est impeccable. On remarque aussi un truc que je ne connaissais pas du tout, mais Shanka chante à travers le corps de sa guitare (une sorte de Fender Jaguar), pour donner une effet de radio box. Ils font venir sur scène Fred Mariolle (Treponem Pal) qui vient ajouter une nouvelle fois une troisième guitare. Le morceau déchaine La Cigale et les premiers slams se manifestent. Il y en a même un qui monte sur scène, fait un bisou à Kemar qui est en train de chanter et plonge. On continue avec des machines pour Revolution.com, extrait de l’album du même nom (2004), là on ne peut que penser aux gens qui refont le monde derrière l’anonymat de leur compte Facebook : « y’a qu’à, faut qu’on et tous pourris ». Puisqu’on aborde la politique, c’est le moment de lâcher le morceau Putain Si Ca Revient. Engagé les No One ? Ben écoutez un peu les paroles bordille, c’est assez clair ! La foule adhère, les slams se multiplient, et les filles s’en mêlent. Kemar finit avec un majeur bien pointé en l’air. Ca ne fait que trente-deux minutes de show et on est déjà tous trempés de sueur, eux sur scène, la foule, moi sur mon canap ! Ca se calme pour Massoud, ce qui me laisse le temps de m’ouvrir une mousse. J’adore l’intro de ce morceau, calme, et ses petites phrases assassines « Les fleurs du mal se bouffent entre elles ». J’accroche un peu moins sur un morceau plus punk que je ne connaissais pas, Johnny Rotten (extrait de Drugstore – 2011). La foule à l’air d’apprécier et Kemar en profite même pour se faire un petit bain de foule. Il est récupéré un vrac par son roadie. Shanka nous fait un petit solo de quelques minutes. Il nous refait le coup de je chante à travers ma guitare, mais tout en jouant dessus, Faut être souple mais ça donne une sorte d’effet talkbox.
Retour à Propaganda avec Holy Fire, avec cette fois Shanka au chant. C’est toujours punkisant, et ça déménage. Kemar explique ensuite qu’ils ont la tradition de faire monter du monde sur scène. Et du coup, c’est l’invasion de la scène en bonne et due forme. Les pauvres roadies doivent s’accrocher pour que les instruments ne soient pas bousculés et les musiciens puissent continuer. Tout le monde danse, prend des selfies avec les musiciens, c’est la fête au village ! C’est le morceau Drugs (aussi sur Drugstore) qui sert de défouloir. En tout cas, la scène de La Cigale est costaude et elle résiste au poids. Tout le monde redescend dans la fosse, pour que Kemar attaque a cappella l’intro de 20 ans, un morceau qui retrace les combats du groupe depuis son origine : « du bruit dans l’hexagone » nous hurle Kemar. Ca défoule bien, et le groupe disparait dès le dernier accord plaqué.
Quelques secondes plus tard, ils reviennent sous les acclamations et avec en musique de fond les samples de Djihad Propaganda. Le ton monte encore. Kemar pousse son hurlement, et son rire démoniaque. C’est reparti ! Ce morceau est une bombe et l’actualité l’a rattrapé, il prend encore une autre dimension. L’alternance entre le break calme, et le refrain explosif est tout simplement génial, c’est du délire dans mon salon. Tiens, on remarque que Nikko est revenu à la troisième guitare. La Peau est le morceau qui a révélé No One à leurs débuts. Toujours d’actualité aussi, il est très énergique en live, et le public est en transe et reprend des paroles avec Kemar. Ca fait plaisir de voir un groupe déployer une telle énergie, et un public la partager de cette façon. Ca continue à slammer à tout va. Ils échangent de batteur pour retrouver Yann Coste (ancien membre) et nous jouer Gazoline (de l’album du même nom) avec ses accents orientaux. Retour de Gael aux fûts, les sirènes se mettent à hurler pour l’intro de Chile (de Utopia), toujours très engagé. Deuxième bain de foule pour Kemar qui va danser dans la fosse : « Nous gagnerons même si tu ne le crois pas » nous crie La Cigale en chœurs. C’est superbe ! C’est alors que le groupe fait venir sur scène deux personnes de l’équipe de Charlie Hebdo (Coco et Marika), qui lisent (avec la difficulté de l'émotion), un texte en hommage aux victimes. C’est fort, émouvant, difficile, mais c’est beau. Enfin, le groupe se lance dans le morceau final, Charlie, rejoint à la guitare par Fred Duquesne et au mic par Fred de Tagada Jones. C’est l’explosion dans La Cigale, apothéose !
Oulalaaaaa, ce DVD est une tuerie, qu’il est impossible d’ignorer. C’est une totale communion entre le groupe et son public. Les textes sont transcendés par l’actualité, l’énergie que dégage ce DVD, est juste monstrueuse. Si vous ne connaissez No One Is Innocent qu’avec La Peau (j’en croise encore des comme vous), je crois que vous passez à côté de quelque chose d’énorme.
Tracklist de Barricades Live :
01. Drones 02. Silencio 03. Barricades 04. Kids Are On The Run 05. Nomenklatura 06. Revolution.com 07. Putain Si Ca Revient 08. Massoud 09. Johnny Rotten 10. Solo Shanka 11. Holy Fire 12. Drugs 13. 20 Ans 14. Djihad Propaganda 15. La Peau 16. Gazoline 17. Chile 18. Discours Charlie Hebdo 19. Charlie
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