Cinq ans après Sirens & Slumber, ainsi qu’après la parution de deux autres album sortis en 2018 (Passages) et 2020 (Bloodletting), Mountaineer revient sur notre site avec la chronique de leur dernier opus Giving Up The Ghost sorti tout récemment chez Lifeforce Records. Sans avoir drastiquement changé de style, le groupe a toutefois sensiblement fait progresser sa musique. Un peu plus lumineuse, un peu plus mélodieuse, celle-ci parait, dans l’ensemble, plus abordable. Une progression dans le bon sens, tant à la réécoute de Sirens & Slumber, celui-ci m’a semblé lourd, sombre et plus monocorde ; une réponse donc positive du groupe à mes interrogations de 2017 sur leur possible évolution.
Selon le groupe, cette évolution est principalement due au développement du line up. Non seulement les californiens sont passés d’un quintet à un sextet, avec l’ajout d’une troisième guitare, mais ils ont aussi revu presque de fond en comble leur composition. Si Miguel Meza au chant et Clayton Bartholomew (guitare et claviers) sont encore présents, Forrest Harvey, Isaac Rigler (tous deux aux guitares) ainsi que Dillon Variz (basse) et Patrick Spain (batterie et claviers) ont, depuis Bloodletting en 2020, rejoints le groupe et remplacés les anciens membres. Cependant, si l’on prend le temps de se pencher un peu plus sur le sujet, on peut aussi facilement identifier d’autres éléments qui peuvent justifier cette petite métamorphose. Premièrement, ce nouvel album est plus court d’un quart (trente-deux minutes au lieu de quarante-trois pour Sirens & Slumber). Une différence sensible qui va permettre à l’auditeur de ne pas entrer en saturation, une étape critique pour ce type de musique. Secundo, il est important de noter l’évolution flagrante de la voix et dans la manière de chanter de Miguel Meza. Là où elle était uniquement chantée et un peu nasillarde sur leur premier album, celle-ci a pris de la texture et de la maturité. De plus Miguel n’hésite pas maintenant à pousser sa voix sur plusieurs titres, jusqu’à proposer un chant crié (Blot Out The Sun) qui sied assez bien à la musique créée. Finalement, il faut reconnaître que l’apport de la troisième guitare semble avoir permis au groupe d’être un peu plus mélodique. Je ne sais pas lequel de ces messieurs réussit ce tour de force, mais dans plusieurs morceaux (Bed of Flower, When The Soul Sleeps), les solos de guitare apportent une musicalité bienfaisante. Grâce à celle-ci, on a par moment l’impression d’écouter des titres de TesseracT.
Entourés de deux courts morceaux musicaux, que nous qualifierons de mise en bouche (The Ghost) et de digestif (Giving Up), le corps de l’album se compose de cinq titres ayant chacun leur spécificité. Si la base musicale de Blot Out The Sun est proche du passé de Mountaineer, je l’ai déjà souligné, les voix tranchent radicalement avec ce constat. Bed Of Flowers semble suivre le même chemin ; mais ce n’est que momentané, jusqu’à la mise en valeurs des lignes mélodiques des guitares. Touch The Glass, garde ce tempo lent propre au groupe. Mais ici encore, les tessitures de voix et une rythmique bien appuyée font la différence. Peu de texte chez Mountaineer, mais une approche de l’émission de celui-ci assez intéressante. When The Soul Sleeps est très intéressant. Plus rock, plus progressif et musical, c’est, selon moi, un top de l’album soutenu par les multiples approches du chant. C’est finalement Twin Flame qui se rapproche le plus le groupe de son passé; mais de la musicalité et de la luminosité en plus. Pas mal donc. Volumineux, mélancolique, mais aussi assagi et plein de finesse, Giving Up The Ghost confirme le bien que j’avais pensé du groupe il y a quelques années.