Monster Truck aura mis quatre ans à nous proposer son quatrième album (espérons que le prochain arrivera avant 2027) et voici donc en cette fin septembre ce nouveau venu intitulé Warriors ! Remise en question ? Evolution ? Pas du tout ! Du gros hard rock classique de bûcheron (je dis ça parce qu’ils sont canadiens) direct et concis, c’est le menu du jour et il n’y a pas d’alternative. Dix pistes oscillant entre deux et quatre minutes maximum pour un disque qui dépasse légèrement la demi-heure, on n’est clairement pas là pour trop développer le propos. Un riff efficace puisant son inspiration dans les 70s, la voix bien remontée de Jon Harvey, des "oh yeah" ou gros chœurs façon "wo-hoho wo-hoho" emmenés par une bande de bûcherons (toujours), on tape du pied, on bouge la tête, on lève sa bière, pas de détour, pas de chichi... et l’affaire est pliée ! Je serais presque tenté de m’arrêter là mais je vais quand même fournir quelques petites infos supplémentaires (ainsi qu’une opinion) histoire de ne pas être taxé de gros feignant.

S’il y a un aspect que Monster Truck a travaillé et peaufiné d’album en album, c’est bien son côté entraînant et fédérateur. Cela ressort très clairement dès les premières pistes de Warriors. Comme je le disais ci-dessus, le groupe affectionne les "wo-hoho". Peut-être même un peu trop. On est à deux doigts de sombrer dans une version alternative de Coldplay. N’ayez pas peur : aucun point commun, musicalement parlant, entre les deux groupes... c’est juste le recours - pas systématique mais presque - à ces gros chœurs qui ont vocation à faire chanter le public avec le groupe qui m’y fait penser. En plus, ces "wo-hoho", on a le sentiment de les avoir déjà bien entendus sur des compos antérieures de Monster Truck. Et ce sera là ma petite critique : on a, avec Warriors, souvent l’impression que les Canadiens nous resservent la même soupe qu’avant. Attention, elle est bonne cette soupe. Je ne crache pas dedans. J’ai pris du plaisir à écouter ce nouvel album... mais c’est une réalité qu’on ne peut ignorer : il n’y a pas grand-chose (pour ne pas dire rien) de neuf à se mettre sous la dent ici. 

Une ou deux choses distinguent tout de même Warriors de ses prédécesseurs et, plus particulièrement, de son prédécesseur le plus proche (True Rockers). Le troisième album de Monster Truck comptait quelques légères tentatives de modernisation (voire "mainstreamisation") du propos. Ce n’est pas le cas en 2022. Pas de piste comme Evolution ici. Retour aux sources donc. Du bon vieux classic rock, du riff hérité du blues, plus ou moins gras, un peu de chœurs country ou une ambiance plus rock sudiste (sur Country Livin’, logique), un ensemble qui mixe des influences allant de Deep Purple à ZZ Top (en y ajoutant un peu de muscle) et sonne bien vintage (et donc plus comme les deux premiers disques), c’est ça Warriors. C’est aussi un album rythmé qui compte pas mal de pistes enlevées (impossible - pour ma part - de résister à l’énergie de Wild Man) alternées avec des morceaux plus lourds (comme Live Free ou Love & Time) et - c’est une nouveauté - pas une seule ballade. 

Verdict : la formule de Monster Truck est efficace à défaut d’être modifiée ou enrichie. Les gars savent toujours composer de bonnes chansons qui passeront l’épreuve du live haut la main. Tout cela est bien cool mais l’effet de surprise / découverte s’étant maintenant bien estompé, j’avoue que ce Warriors m’a laissé un petit goût de déception à cause de son caractère fortement "recyclé". Très plaisant mais (vraiment) déjà entendu. Si vous n’avez aucun problème avec les groupes qui se répètent, augmentez ma note de quelques points et dites-vous que je ne suis qu’un chroniqueur aigri ou de mauvais poil, je ne vous en tiendrai pas rigueur. 

Tracklist de Warriors :

01. Warriors
02. Fuzz Mountain
03. Golden Woman
04. Live Free
05. Country Livin’
06. Get My Things & Go
07. Love & Time
08. I Got A Feelin’
09. Wild Man
10. Still Got Fire