Et si Mollo Rilla était ma révélation 2020 ? Quid est Mollo Rilla, me diront les latinistes parmi nos nombreux lecteurs. Eh bien chers amis, c’est un joyeux trio (ou plus, en fait je n’en sais trop rien) de Cleveland, Ohio, qui fait une sorte de fourre tout musical, qui s’approche, au mieux, d’un desert rock fusion. Et pourquoi pourrait-il être ma révélation de l’année ? Eh bien parce qu’ils sortent au mois de décembre prochain un chouette premier album qui s’appelle Viva El Camino ; un album qui semble prendre ses racines dans des terres occupées par quelques maîtres musicaux que j’apprécie particulièrement. En premier lieu, quand on parle de Desert rock, on pense Queens of the Stone Age ; alors oui il y en, mais pas seulement. Il y a aussi un coté rock crooner dignement porté dans notre vielle Europe par un groupe comme les Arctic Monkeys. Et le metal, me direz-vous ? Vous en avez des questions ; bien sûr qu’il y en a aussi, déjanté à la façon alternative de System of a Down. Bref, d’une bande de soirée entre copains (voir la vidéo du précédent single Sangria), les jeunes gens de Mollo Rilla semblent avoir tout pour devenir un vrai groupe.

10 titres pour 45 minutes, l’album ne s’autorise pas de longueurs inutiles. Et même si la fin de l’album est plus apaisée, le groupe semble afficher une vraie volonté de ne pas lambiner en chemin. Les titres s’enchainent bien. Avec The Raven et El Camino, l’album s’ouvre sur deux titres très QotSA des premiers jours. Cela semble musicalement assez simple ; n’empêche que Marco Ciofani (guitare et voix), Joey Shannon (batterie) et Joe Botta (basse) font le job. Comme pour Let Go Pt. 1, qui vient un poil plus tard, une sorte de mimétisme dans la voix, le rythme, ses ruptures et ses fulgurances me fait irrémédiablement penser à Josh Homme et à ses compères californiens.

Le trio de suite donne plus dans le post punk et le metal alternatif. J’ai l’impression d’avoir toujours entendu le festif Night Fang. Simple mais efficace, un titre de gros bourrin (et on aime ça). Pendelum affiche une certaine continuité ; même si rythme est bien plus lent, son atmosphère en fait un must de l’album. Avec Lock & Load on est limite rockabilly, mais entaché de bière chaude et Irlandaise. Trois titres en un peu plus de 7 minutes… ça fait bizarre mais putain ça fait du bien ! Comme au bon vieux temps de SOAD.

Mike Angelo est un autre must. Peut-être que peu d’entre vous se sont penchés sur le dernier Arctic Monkeys, Tranquility Base Hotel & Casino. Loin des standards de votre site préféré, l’album concept du quatuor de Sheffield est pourtant un essentiel dans lequel ce Mike Angelo aurait facilement trouvé sa place. Chaud et cool, il permet de montrer un autre visage de Mollo Rilla et de son chanteur. Tiens quand on parle des AM, prenez Bliss et coller dans un de leurs anciens album. Ce blues teinté de groove, langoureux et hispanisant est efficace comme une bande son de Tarantino. A écouter juste pour le plaisir. Un dernier détour dans les récents album de QotSA, avec l’excellent Rage the Day. Aussi puissant qu’efficace, c’est un dernier must de l’album, qui regroupe tout ce que je peux vouloir. Le mélancolique et acoustique Let Go Pt. 2 aide à refermer cet excellent Viva El Camino ; une berceuse comme titre de fin ? une très bonne idée même si elle montre quelques les limites actuelles de la voix de de Marco Ciofani.

Que dire de plus ? Viva El Camino souligne parfaitement l’envie de Mollo Rilla de faire de la (bonne) musique, sans se limiter ou s’enfermer dans un style précis. Je ne peux que les encourager à poursuivre dans cette direction. S’ils arrivent à conserver cette liberté de création, le son qui en sortira obtiendra toujours une oreille attentive de mon côté. Et c’est réjouissant.

Tracklist de Viva El Camino :

01. The Raven
02. El Camino
03. Night Fang
04. Pendelum
05. Lock & Load
06. Mike Angelo
07. Let Go Pt. 1
08. Bliss
09. Rage the Day
10. Let Go Pt. 2