Un concert acoustique de Megadeth... L’idée peut paraître saugrenue mais en fait, pourquoi pas ? Dans l’absolu, ça pourrait même être sympa si l’on aborde la chose avec ouverture d’esprit mais il faut reconnaître que ce petit Unplugged In Boston ne part pas gagnant. Et - spoiler - il n’arrive pas vraiment gagnant non plus... 

Les craintes : Megadeth en acoustique ? Mustaine, ce n’est quand même pas un super chanteur... et la hargne ou la complexité qui se dégagent de ses compos ne vont pas être simples à faire passer en configuration unplugged. Cela dit, on peut justement apprécier de découvrir des compos avec un traitement différent et de les voir mises en lumière de façon inédite. Et puis on va relativiser tout de suite pour ce qui est du thrash technique et rageur... vous avez vu l’année de l’enregistrement et la tracklist ? Ce concert date de 2001 et la plupart des titres proviennent des albums Cryptic Writings, Risk et The World Needs A Hero... pas les œuvres les plus belliqueuses ou complexes du groupe (pas les meilleures ou les plus populaires non plus malheureusement... ça, c’est un autre problème). Pas (ou très peu) de classiques du groupe revisités à se mettre sous la dent, donc. Alors si je vous dis : "On se fait un petit set acoustique de Megadeth interprété par un line-up pas franchement considéré comme historique (même si Al Pitrelli et Jimmy DeGrasso ne sont pas n’importe qui) et majoritairement constitué de compos de la fin des 90s ou de 2001 ?", vous conviendrez sans mal que vous avez probablement déjà reçu des invitations bien plus excitantes au cours de votre vie... du moins, je l’espère.

La réalité : les titres choisis passent, pour la plupart, plutôt bien en mode acoustique. Trust, Time, Use The Man, Almost Honest... Tout cela est déjà bien mélodique à la base et les relectures ne sont donc pas spécialement choquantes. Le problème essentiel vient d’ailleurs : la qualité sonore de l’enregistrement... que l’on qualifiera, en restant poli, de franchement pauvre. Je veux bien faire l’impasse sur les imperfections vocales de monsieur Dave, les chœurs approximatifs fournis par les autres membres du groupe, la faiblesse de quelques compos (Moto Psycho en tête, Promises juste derrière) parce qu’en fait, il est plutôt sympa ce petit live acoustique. Dread And The Fugitive Mind passe bien et conserve une certaine énergie, Trust aussi... et même Time, ballade mélancolique qui n’aura pas marqué l’histoire car issue de Risk (le bien nommé), est assez jolie. En plus l’ambiance est chaleureuse, festive, intimiste... Mais le son, digne d’un bootleg, est tellement faible que cela gâche en partie l’expérience. C’est une captation radio et il semblerait que rien n’ait été mixé ou retouché... c’est du brut de brut avec de l’écho, une batterie au son très brouillon, des baisses ou hausses de volume et j’en passe... Dommage. 

Cette galette a l’allure d’une sortie un peu facile, probablement faite pour renflouer les caisses (sans avoir à trop se fouler) en ces temps difficiles et qui, vu le peu de soin qui lui a été consacré, s’adresse en priorité aux méga fans ou collectionneurs qui se doivent de tout posséder. Ceux qui ont envie d’entendre Mustaine s’en prendre à un fan entre deux morceaux (lui demandant en des termes peu diplomates de se taire et le menaçant de descendre lui casser la figure s’il recommence à l’importuner) pourront également se pencher sur cette curiosité qui s’écoute sans déplaisir mais ne constitue vraiment pas un disque indispensable. Les amateurs de captation live de qualité avec un joli son bien mixé passeront leur chemin. Unplugged In Boston : c’était sans doute très sympa d’y assister, ça l’est un peu moins de l’écouter chez soi. 

Tracklist de Unplugged In Boston :

01. Dread And The Fugitive Mind
02. Trust
03. Time : The Beginning
04. Use The Man
05. Holy Wars... The Punishment Due (excerpt)
06. Almost Honest
07. Promises
08. She-Wolf
09. Moto Psycho
10. Symphony Of Destruction