C H R O N I Q U E

Entre Marillion et moi c'est une histoire qui commence le 15 Juin 1985, au Théâtre de Verdure de Nice où je découvre, totalement ébahi, la fin de la tournée de "Script for a Jester's Tears", leur premier album. Quelques semaines plus tard devait sortir Misplaced Childhood, leur chef-d'oeuvre. Ca ne me rajeunit pas, je vous l'accorde, mais je suis assez fier d'avoir pu voir Marillion de l'époque, avec la face peinte de Fish et son jeux de scène impressionnant (sur Forgotten Sons par exemple). J'ai revu ensuite 4 autres fois Marillion en concert. Certaines mauvaises langues ont même insinué que ma fille, Marion, en a tiré son prénom :).

Avance rapide : nous revoilà 22 ans plus tard, en 2007, Marillion qui a suivi son petit bonhomme de chemin, sort "Somewhere Else", son 14ième album, le 10ième avec Steve Hogarth (quand même, c'est-à-dire 6 de plus qu'avec le père Fish !). Celui-ci fait suite au double album Marbles sorti en 2004, ce qui représente donc 3 ans de boulot, mine de rien. On écoute, on réécoute. Petit résumé pour chaque morceau (pas facile de décomposer des émotions pures mais je me lance quand même) :

The Other Half: Tempo assez lent, break jazzy, heureusement, court et suivi d'un joli solo de guitare. Voix exceptionnelle qui transmet une telle quantité d'émotion : c'est phénoménal.

See It Like A Baby: Bon morceau au tempo un peu plus rapide. Basse lancinante. Refrain accrocheur. Duo guitare/voix amusant.

Thank you Whoever You Are: Encore un bon refrain accrocheur. Rythme trainant mené par le piano. Bon solo de guitare, où l'on retrouve bien la touche Rothery.

Most Toys: Morceau un peu énervant à mon goût, très répétitif. Bizarrement, je le trouve dissonant. Bof.

Somewhere Else: Morceau très calme, très doux, très beau. Très bon travail de la voix (très aigue) sur un refrain plein d'émotion. Le genre de morceau qui après quelques écoutes vous fout la chair de poule. Le final s'emporte un peu, c'est chavirant.

A Voice From The Past: Un morceau dont le thème principal est donné par une rengaine au piano (un peu style la 'Leçon de piano' pour ceux qui ont aimé ce film et ce thème). La voix se balade sur le piano et nous balance une bonne dose d'émotion pure. La prod est impeccable (est-ce vraiment utile de le préciser ?).

No Such Thing: Morceau très minimaliste, joli. Voix avec effet. Comme souvent avec Marillion, ça décolle petit à petit, au niveau émotion, pour finir tout doucement. Beau.

The Wound: L'intro en arpège fait penser à l'époque de Seasons End. Superbe morceau, qu'il faut savoir écouter quelques fois. C'est probablement le plus rapide de tout l'album, avec tout de même un excellent break "atmosphérique" en son milieu. Gros son, impressionnant !

The Last Century For Man : Morceau calme. On sent la voix de Steve prête à faire des miracles, on a bien raison, le refrain est génial. On capte au passage "God bless la belle France !" : Marillion a toujours eu un faible pour la France, et à ce propos, leur tournée 2007 passera par Paris, Lyon, Montpellier et Lille.

Faith: Morceau presque entièrement acoustique voix + guitare. Une foix de plus, beau travail des deux Steve.

Au final un album plein d'émotion, de sensibilité, qui doit s'écouter au moins 4 ou 5 fois pour pouvoir prétendre à la découverte des perles qui s'y dissimulent. Un album de morceaux assez courts, minimalistes parfois, on frôle l'essentiel avec un grand "E". Bien sûr les fans de Marillion-de-Fish diront que ce n'est plus ça, que ce ne sont que des has-been, je dirais plutôt qu'il faut apprendre à écouter le Marillion-de-Steve sans penser à l'ancienne époque, et qu'alors là, on s'aperçoit tout à coup qu'il y a de très bonnes choses et surtout beaucoup d'émotions transmises. Pas facile à appréhender quand même, comme album, donc je le recommande à ceux qui ont du temps (et de la sensibilité) à y consacrer. Ah, j'oubliais, la composition de l'équipe qui n'a pas changé en fait depuis 1988 (quand même !) et le départ de Fish, on retrouve donc Steve Hogarth (chant), Steve Rothery (guitare), Mark Kelly (claviers), Pete Trewavas (basses) et Ian Mosley (batterie). Emotionnellement vôtre...