Marduk vient de dépasser les trente années d’existence, et nous propose son quinzième album Memento Mori, ce qui fait un album tous les deux ans, belle moyenne. C’est l’excellent Viktoria et ces accents punks, qui m’a fait revenir vers le groupe, après avoir lâché pendant quelques années des albums qui se répétaient un peu. Alors quid de ce nouvel album présenté ainsi par Mortuss : « Memento Mori est à la fois un audacieux bond en avant, un pas de côté calculé et un regard nostalgique en arrière. Cela signifie que nous avons innové sans pour autant oublier notre héritage ou le voyage qui nous a mené jusqu’ici. » Cette déclaration à la fois ambitieuse et convenue, représente-t-elle vraiment cette galette ? Je vais voir ça…
« Un audacieux bond en avant »
Voilà qui est bien vendu… Quelles innovations réelles apportent cet album ? Le casting, certes, la bande à Morgan a intégré Simon « Bloodhammer » Schilling à la batterie en 2019 et Joël Lindholm à la basse en 2020. Vous l’aurez compris, Mortuss reste fidèle au poste. Mais ce changement de line up apporte-il un changement dans la manière de composer du groupe, manifestement pas. Surtout lorsque l’on sait que Morgan est l’éternel chef d’orchestre.
Dans le registre du « bond en avant », allez, je veux bien accorder le titre Shovel Beats Sceptre qui propose des cuivres pour accentuer l’aspect oppressant du titre, le passage de basse mis en avant sur Charlatan (même si un parallèle avec le titre Viktoria peut se faire…), le riff "sautillant" sur Blood Of The Funeral, ou encore le titre de conclusion As We Are diffère, avec ses airs d’hymne viking, du tout à fond souvent proposé par les suédois. Mais il n’y a toujours pas de bal musette à l’horizon… J’avais été plus surpris par Nigthwing à l’époque.
« Un regard nostalgique en arrière »
En effet, Marduk fait du Marduk, ainsi, nous retrouvons réglés comme une horloge, toutes les recettes du quatuor. Les riffs acérés sont toujours aussi rapides, et je trouve que certains riffs s’approchent vraiment de la musique classique. Morgan a toujours clamé son amour pour Händel et Wagner, mais là je trouve que cela transpire vraiment. Mortuus est vraiment un chanteur de Black hors pairs et ses vocaux sont encore hallucinant de férocité et sa manière de vomir ses paroles ont vraiment un grain assez inimitable. La base rythmique est sportive, mais là encore comme toujours chez Marduk.
L’enchaînement de Memento Mori, Heart Of The Funeral, et Blood Of The Funeral est un concentré de violence pur jus comme le groupe sait si bien le faire. Et il est vrai que l’on peut retrouver une forme de frénésie comme sur le Reign In Blood du Black : Panzer Division Marduk. En revanche reprendre la table d’enregistrement d’il y a une vingtaine d’années n’était manifestement pas une bonne idée. Viktoria avait un son aux petits oignons, ce Memento Mori est nettement plus proche de la ratatouille, et cela nuit par moment à la qualité de l’écoute. Dommage.
Au jeu des comparaisons, Memento Mori possède, à mon sens, moins de qualité que son prédécesseur. Il est à la fois plus cru, plus direct, et ressemble plus à du Marduk du siècle dernier. C’est peut être là que Mortuss voulait en venir finalement…
Tracklist de Memento Mori :
01. Memento Mori 02. Heart Of The Funeral 03. Blood Of The Funeral 04. Shovel Beats Sceptre 05. Charlatan 06. Coffin Carol 07. Marching Bones 08. Year Of The Maggot 09. Red Tree Of Blood 10. As We Are