Quand on parle metal, il est somme toute logique de commencer par le commencement non ? Et quel meilleur début que MC5, intronisateur – voire créateur – du hard rock ? Parce qu’il faut bien l’admettre, nous sommes en présence des pionniers du hard rock, du garage rock et même du punk rock, bien souvent oubliés par nombre de ses successeurs, quelques fois poliment cités sans s’étaler sur le sujet, moi je dis qu’il est de notre devoir de leur rendre leur lettres de noblesses ! MC5 c’est l’acronyme de Motor City Five, où pour résumer les types viennent de Detroit (Motor City) et ils sont cinq. Entre nous ils n’ont pas été chercher bien loin leur patronyme eux. C’est donc cinq étudiants un peu barrés, et à qui il faut rendre hommage puisqu’ils sont aujourd’hui tous décédés, Wayne Kramer à la guitare, Fred « Sonic » Smith à la guitare et au chant, Rob Tyner au chant, Michael Davis à la basse et Dennis Thompson à la batterie qui décident de tâter de la scène à la fin des années 60. Après plusieurs tumultes dont le détail n’a aucun intérêt ici, ils se font une réputation de fous furieux dans leur ville de Detroit et se font repérer par le patron d’ElektraJac Holzman qui leur propose de sortir un album. Jusqu’ici tout est normal, sauf qu’au regard de leurs prestations scéniques monumentales (et peut-être leur manque de matériel original), Holzman a une idée de génie de faire un album live pour leur tout premier disque : la légende est en marche ! Rien que la pochette qui m’a longtemps terrorisée, on voit les musiciens dessus sous un aspect pas des plus respectable pour l’Amérique des années 60. Ils sont sous l’emprise de substances pas très licites et ont l’air à moitié – non complètement – défoncés. Le nom du groupe est écrit en gros caractère en style hippie-psyché et on y voit même le drapeau américain, le tout sur un fond rougeâtre flippant.
Avant de déguster la chanson phare de cet album, nous avons droit à une très longue intro faite pour bien haranguer le public suivi d’un Ramblin’ Rose au chant cassé et aigu, et riffs de guitares puissants annonciateur de ce qui va suivre : Kick Out The Jams! Ce titre censuré à cause de ses paroles (en même temps hurler un « motherfucker » d’entrée dans l’Amérique puritaine des années 69, comment veux-tu que ça se passe autrement, et pourtant tout le monde l’a entendu ce mot, jusqu’à repasser la bande en boucle). Une chanson ? Non, un hit, une légende même ! La prise de son montre toute la hargne de MC5, ça bourrine à qui mieux mieux pour nous en foutre plein de tronche et tout ça en moins de trois minutes. C’est sauvage, brouillon, puissant, et si ce titre décolle, elle nous fout bien sur le cul. LA mandale dans la face !
Voici le titre référence:
L’album est tout en violence, limite enregistré comme un bootleg tant le son est brouillon, mais a contrario on retrouve bien tous les instruments, ce qui laisse à penser que c’est le style du groupe qui, je vous le rappelle est sorti en 1969. Le groupe fait encore brûler la moquette avec Rama LaMa Fa Fa Fa un brin bordélique, mais tellement jouissive à l’écoute. Si Kick Out The Jams est bien ancré dans le bourrin, on trouve des morceaux assez sympas également avec Motor City Is Burning qui fait la part belle aux guitares dont on sent le tenancier du manche habité et également bien défoncé. Et dans le genre habité Starship n’est pas mal non plus, là on est limite dans de l’improvisation sous LCD, typique de cette période pour certains. Ou quand la violence essaie de passer pour tendre.
Au final, en à peine plus de trente minutes MC5 va poser l’une des pierres angulaires du hard rock, mais aussi du punk avec ce premier opus d’une violence inouïe pour l’époque, mais tellement jouissive à écouter. Pour les plus jeunes qui n’ont ni entendu parler de ce groupe et encore moins de cet album, il faut se jeter dessus, vous m’en direz des nouvelles ! La fin du groupe ne tardera pas puisque dès le début de l’année 1972 des tensions apparaissent ainsi que des changements de line up qui maintiennent le vaisseau MC5 à flots quelques mois jusqu’à la fin de cette même année 1972 ou Wayne Kramer et Fred « Sonic » Smith annoncent la fin du groupe, soit deux après l’énormissime Kick Out The Jams. Le groupe sous l’impulsion de Kramer tentera un retour sous les projecteurs dans les années 2000 accompagné de Michael Davis (Fred « Sonic » Smith étant déjà décédé), mais cette reformation prendra définitivement fin en 2012 au décès de ce dernier. Certains diront un feu de paille, d’autres une comète, je laisse les commentaires à ceux qui les font, mais au final ce sont surtout trois albums dont ce premier Kick Out The Jams qui aura posé pas mal de jalons du hard rock dès cette année 1969. Et comme, une fois n’est pas coutume, j’aime bien raconter un peu ma vie, j’ai été bercé par cet album très très jeune, comment voulez-vous que je tourne autrement ! C’était presque une berceuse du soir pour moi. Kick Out The Jams motherfucker !!! (oui je crois qu’en 2024 on a le droit de l’écrire).
Tracklist de Kick Out The Jams :
01. Ramblin’ Rose 02. Kick Out The Jams 03. Come Together 04. Rocket Reducer N° 6 / Rama Lama FA FA FA 05. Borderline 06. Motor City Is Burning 07. I Want You Right Now 08. Starship