Artiste/Groupe:

Lofofora

CD:

Vanités

Date de sortie:

Septembre 2019

Label:

At(h)ome

Style:

Metal Punk Hardcore

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

17/20

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Putain trente ans !! Lofofora a trente ans ! Et si cela ne me rajeunit pas, je me réjouis de les retrouver en pleine forme, munis cette fois ci de leur cycliste préféré (leur batteur n°1, pas le moule bur***) et de leurs amplis. Ils les avaient mis de côté pour une session acoustique d’une qualité indéniable qui leur avait permis de faire vibrer la corde sensible et de démontrer que Lofofora n’est pas juste une bande de bourrins édentés. Au cours d’une interview sur la tournée précédente, Reuno m’avait expliqué que leur prochain album allait être : « Un truc direct, plus punk, à la Minor Threat, à la Black Flag ». Eh bien, chose promise, chose due, Vanités est en effet plus direct, plus punk, et lorgne par instant du côté du Hardcore.


Musicalement, on retrouve ce qui fait le charme de Lofofora, un mix entre riff qui lorgne aussi bien du côté du punk que du metal, en passant par le rock, sans oublier le groove incomparable que sait impulser Daniel. Il sait également s’effacer pour laisser quelques passages à Phil qui lui oscille toujours entre ombre et lumière, tout en étant constamment d’une efficacité redoutable. Quant à Vincent il est clairement le coup de pied au cul qui pousse les compositions dans un côté plus metal, plus rentre dedans. Le titre Le Venin illustre assez bien tout cela. Un début de morceau tout en groove, puis passage en mode double pédale à fond et puissance au rendez-vous. J’ai rarement entendu le quatuor proposer un titre aussi bulldozer. Et même si des titres comme Désastre qui ralentit sévèrement le tempo, ou l’excellent La Surface qui offre plus de place au flow de Reuno qu’à la musique, offrent quelques teintes différentes à l’album. Vanités fait partie des albums les plus frontaux que le groupe ait jamais produit.

Sans vouloir être trop scolaire, ou trop chiant, ça dépend des écoles, je voulais passer par la case définition de « Vanités » car le choix d’un nom d’album peut être anodin, mais là il ne l’est clairement pas. J’en suis d’autant plus convaincu qu’il n’y a pas de chanson qui se nomme ainsi sur l’album.
Donc, Vanités est une représentation allégorique de la mort, du passage du temps, de la vacuité des passions et activités humaines. Certaines natures mortes, représentant notamment du gibier, des massacres, des armes constituent un genre particulier, proche des vanités. Merci Wiki. Vous l’aurez compris la pochette est une représentation de cette partie de définition du terme.

Ce mot représente aussi un caractère de ce qui est frivole, insignifiant, chose futile, ou illusoire. Quelques exemples pour illustrer cet aspect de l’album, le titre X-it, et son clin d’œil à Parabellum à toujours dans l’esprit du groupe, aborde les différents aspects liés à la scène. Dans Les Seigneurs, la thématique de l’expérience est mise en avant mais au final sans but, puisqu’on n'a rien retenu de nos erreurs, ou tout compris de travers, rendant ainsi toute chose futile.

Vanités signifie également ce qui est vain, inefficace. La vacuité de la vie est abordé dans le titre Le Futur, à mettre en perspective avec le titre Désastre sur le temps qui passe, mais également dans La Surface même si l’angle d’attaque est plus léger. Dans le refus, Reuno s’adresse à sa vie, et lui dit qu’il n’en a pas encore fini avec elle, malgré les constats précédents. Comme quoi, nous sommes tous des êtres de paradoxe…

Il peut tout autant représenter le défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction. Je vais  simplement vous donner deux exemples. Le mâle, qui dénonce les maltraitances faites aux femmes et la satisfaction de certains hommes à avoir du pouvoir sur sa femme. Quant à Le Venin, il traite des influenceurs sur le net et de leur satisfaction égoïste soit à être une forme de leader, soit à troller ceux qui ne seraient pas dans leur courant de pensée. Le pouvoir donné à M. tout le monde grâce au petit monde d’internet et des réseaux sociaux. N’est-ce pas Jean Mich’Hell…  

Chaque titre pourrait être rentré dans une « case », mais comme les cases m’emmerdent, je vais me contenter de ces quelques exemples.


Il en y a un qui me surprend sur ce Vanités, c’est Reuno, qui porte à travers ses paroles un regard que je trouve empli de désillusion. J’ai toujours trouvé une forme de militantisme dans ses paroles, une forme de poing levé, à fourrer dans la tronche de la multitude de connards qui peuple notre bonne Terre. Sur cette galette, les constats sont toujours aussi acérés sans être gratuits mais je ne retrouve pas le côté : «  Vas-y mon gars, bats-toi, personne ne le fera à ta place ».  Concrètement je préfère le « coupe-lui les cou***** » de Macho Blues à « Qu’est ce qui se passe dans ton crâne ? » dans Le Mâle. Est-ce parce que le temps qu’il voit passer lui apporte une forme de lassitude face à des situations, qui sont au final sensiblement les mêmes que celles qu’il dénonçait il y a trente ans ? Peut-être…

A la première écoute, cet album ne m’a pas accroché, la faute certainement à un choix de compositions plus radical qu’à l’habitude, que je trouvais moins groovy. Mais l’album est plus subtil qu’il n’y parait et si l’on prend le temps de creuser, on retrouve les qualités qui font l’essence de Lofofora. Vanités est un excellent album, guerrier, varié malgré la volonté affichée de secouer le cocotier, et une fois de plus un miroir de notre condition d’être humain.


Tracklist de Vanités :

01. Bonne guerre
02. L’exemple
03. Les fauves
04. Le refus
05. Le venin
06. Le futur
07. Le mâle
08. Désastre
09. X-it
10. Les Seigneurs
11. La surface

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