Artiste/Groupe:

Last In Line

CD:

Heavy Crown

Date de sortie:

Février 2016

Label:

Frontiers Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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C'est avec une certaine réserve que j'ai accueilli ce premier album de Last In Line. Certes, les retrouvailles de Vivian Campbell (guitare), Jimmy Bain (basse) et Vinny Appice (batterie), reformant ainsi le trio qui entoura le grand et regretté Ronnie James Dio sur les albums mythiques (enfin, pour les deux premiers du moins) Holy DiverThe Last In Line et Sacred Heart, avaient de quoi titiller ma curiosité... Mais d'un autre côté, la sortie d'un album d'anciens Dio qui feraient du Dio sans Dio me semblait un brin casse-gueule et je n'étais pas sûr que le côté forcément très nostalgique d'une telle entreprise me séduise totalement. Puisqu'on parle de nostalgie, précisons que le groupe est signé chez Frontiers Records, label spécialiste de ce type de sorties (les réunions de musiciens renommés qui font de la musique des années 70 ou 80). Notons également que le claviériste Claude Schnell a également fait partie de l'aventure quand Last In Line n'était qu'un projet live mais qu'il ne figure finalement pas sur l'album. Revenons-en maintenant à mes appréhensions concernant ce premier effort studio intitulé Heavy Crown. Eh bien, je dois avouer qu'après plusieurs écoutes, le résultat final m'a paru plus intéressant et convaincant que ce à quoi je m'attendais.

Oui, Heavy Crown est un album qui mérite qu'on s'y intéresse... car, contrairement à ce que j'ai pu laisser entendre ci-dessus, il ne s'agit pas d'un disque entièrement nostalgique qui lorgnerait très fortement du côté des oeuvres que les messieurs sus-cités ont enregistré il y a plus de trente ans de cela avec le groupe Dio. Ce disque est en fait la réunion de musiciens qui, bien qu'ils se soient d'abord retrouvés pour renouer avec leur passé et jouer - en compagnie du vocaliste Andrew Freeman dont nous allons reparler dans quelques instants - les titres qu'ils avaient composés pendant la première moitié des années 80 avec Ronnie James Dio, ont pris plaisir à retravailler ensemble et composer de nouvelles chansons en explorant d'autres pistes (et pas juste en essayant de refaire du Holy Diver, par exemple). Certes, ce n'est pas flagrant sur les premières pistes (voire sur la première moitié) de Heavy Crown mais il fallait s'y attendre... les gars ne se sont quand même pas rassemblés et nommés Last In Line pour nous servir une musique qui se situerait à mille lieux de leur collaboration originelle. Devil In Me, MartyrStarbreaker et Burn This House Down portent donc le sceau de leur ancien groupe. Parfois, on a le droit à du "100% Dio" (comme avec la très efficace Martyr qui se rapproche fortement de compos véloces à la Stand Up And Shout ou I Speed At Night) mais les rappels savent aussi se faire plus légers ou subtils. Le fait que l'on pense à Dio tient parfois à un riff, ou à la façon de chanter de Freeman, au style général de la chanson ou à tout cela en même temps. La vérité est que les chansons proposées, même si elles ne sont pas forcément bouleversantes d'originalité, tiennent bien la route. Devil In Me ne m'a pas impressionné d'entrée de jeu mais avec quelques écoutes de plus, j'ai été séduit... de la même façon que j'ai été conquis par une autre mid-tempo bien pesante nommée Starmaker (sur celle-là aussi, l'ombre du grand Ronnie fait plus que planer).

Plus on avance dans l'album, plus on sent que les musiciens prennent quelques distances avec le Dio des années 80. La rapide I Am Revolution, présentée en cinquième position, possède une énergie rock'n'roll teintée de punk et, son tempo rapide mis à part, n'est pas une redite de Martyr. On se remet à penser à Dio quand arrive la sixième piste, Blame It On Me, qui surprend quand même un peu dans la mesure où elle ressemble beaucoup plus au Dio des années 90 qu'à celui des 80s (alors que Campbell et Bain ne faisaient déjà plus partie du groupe depuis un bon moment à cette époque). Le riff de départ de Already Dead me rappelle le style de l'album Lock Up The Wolves mais le reste de la chanson (son refrain surtout) n'a pas grand-chose à voir avec du Dio classique et on sent que Last In Line n'est pas loin de se balader en suivant des chemins moins attendus... Ce qui se confirme avec la piste suivante, la ballade Curse The Day qui, en plus, se paye le luxe d'être plutôt réussie. Orange Glow, mis à part le moment du solo dont l'accompagnement à la section rythmique fait brièvement penser à celui de la chanson Holy Diver, s'inscrit aussi dans cette direction plus personnelle. A ce titre, la dernière chanson, intitulée The Sickness, n'a pas plus rien à voir avec du Dio et est certainement l'une des plus intéressantes et réussies sur ce disque. Je n'ai pas pensé à dire (mais il n'est jamais trop tard) que la production menée de main de maître par Jeff Pilson (qui a été bassiste chez Dokken et Dio, entre autres) confère à l'album un son impeccable... assez naturel, chaleureux et dynamique, avec une basse qui sonne bien (forcément, quand le producteur est lui-même bassiste...). 

Au final, voilà un album bien fait et agréable. Il est bon d'entendre Campbell revenir à un jeu de guitare un peu plus musclé (que dans Def Leppard) et inspiré, la section rythmique tenue par Bain et Appice ne souffre d'aucun reproche et il faut également le souligner la prestation d'Andrew Freeman au chant. Je ne connaissais pas ce chanteur mais j'avais eu l'occasion de lire des commentaires plutôt négatifs à son sujet. A l'écoute de Heavy Crown, je me demande bien ce qu'on a pu lui reprocher. Peut-être que ce sont les comparaisons avec Ronnie James Dio qui ne lui ont pas rendu service... Par moment, sur les compos qui s'approchent le plus du style Dio, le chant de Freeman peut nous faire penser à celui de l'illustre Ronnie mais le plus souvent, c'est sa personnalité et sa voix propres que l'on entend. Le gars est puissant et versatile, son timbre est agréable... je ne vois pas trop ce qu'on peut lui demander de plus. En fait, pour apprécier ce disque comme il se doit, il me semble sage de ne pas trop comparer Heavy Crown à Holy Diver ou The Last In Line tout comme il faut éviter de comparer Freeman à Dio

A cette heure, le futur de Last In Line est incertain. Jimmy Bain est mort le mois dernier et la tournée prévue pour le printemps prochain est annulée. Les autres membres continuent d'assurer la promo de cet album mais ne savent pas de quoi demain sera fait. La nouvelle est évidemment triste et nous ne verrons jamais ce trio de compères fiers de leur alchimie retrouvée (je laisse Freeman de côté dans la mesure où il est le "petit nouveau") nous présenter Heavy Crown sur scène. J'espère que les membres restant se remettront de ce mauvais coup du sort et pousseront plus loin leur collaboration... car cet album, bien que je ne le trouve pas parfait (à cause de deux ou trois facilités et une poignée de compos sympas mais pas mémorables), ne manque pas de qualités et prouve que Last In Line a un vrai potentiel. 


Tracklist de Heavy Crown :

01. Devil In Me
02. Martyr
03. Starmaker
04. Burn This House Down
05. I Am Revolution
06. Blame It On Me
07. Already Dead
08. Curse The Day
09. Orange Glow
10. Heavy Crown
11. The Sickness