Artiste/Groupe:

Kontinuum

CD:

No Need To Reason

Date de sortie:

Juillet 2018

Label:

Season Of Mist

Style:

Post-Black Metal Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

17/20

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No Need To Reason, le troisième album des Islandais de Kontinuum, est la belle découverte de cette fin d’été. Abordé avec quelques réticences dues au label « post-back metal », il s’est en fait avéré que c’est l’axe « progressif », au sens fusion musicale, qui a eu le plus d’impact sur mon écoute. La musique proposée, si elle reste sombre, est en fait assez éloignée de ce que j’estime être les standards du black metal. Aucune agression musicale et de distorsion, pas de rythmes martelés, peu ou pas de chant guttural. En fait, le type musical qui se rapprocherait le plus de l’ambiance globale de No Need To Reason serait un metal labellisé post punk et indie doom rock. Un album donc assez éloigné de ce qui était proposé dans leur premier album de 2012, Earth Blood Magic ; et une nouvelle évolution par rapport à Kyrr sorti en 2015. Sans tirer de lignes définitives, je dirais que Kontinuum s’est affranchi de certaines limites qu’il s’était peut-être initialement fixé. On les sent plus à l’aise dans le style post-black rock proposé depuis Kyrr. Une évolution peut-être nécessaire, mais surtout utile afin d’être découvert par une plus large audience. Tout comme l’abandon de titres en islandais, la nouvelle mouture musicale du groupe devrait permettre une dispersion plus large de leur art. Certains diront que c’est une perte d’identité ; moi, je pense que cela a plus à voir avec le besoin d’être à l’aise dans le son proposé.

Sans être très facile d’accès, ce No Need To Reason est écoutable entièrement dès ses premiers tours de platine. Sans oser dire que ce sont des influences, il y a des réminiscences sonores inattendues dans No Need To Reason. Le son de la batterie par exemple. Si elle est dans l’ensemble rock, elle a des touches de batterie sèche (Lifelust) plus utilisée en électro-pop genre Indochine et indie-rock qu’en metal. Tiens d’ailleurs sur l'axe indie-rock, il y a une vraie filiation avec Interpol. Le son du groupe, mais aussi la tessiture et le soyeux de voix de Birgir Thorgeirsson me font vraiment penser à Paul Banks. Et puis il y a également l’inévitable touche metal. Je l’ai dit, le groupe s’est éloigné de ses racines black, mais n’a pas abandonné les sources de sa musique. Les tanins metal de No Need To Reason sont présents, mais ils sont soyeux et tout en finesse. Pas du gros metal qui tache, non, mais un très bon album post-metal qui s’écoute sans soif.

Shivers ouvre très solidement les feux. Le titre donne parfaitement le ton post punk de l’album. Si le côté mélancolique de No Need To Reason ne se sent pas trop encore, les ingrédients de rock épique, progressif et mélodique, eux, sont déjà bien présents. Lifelust est l’un des sommets de l’album. Titre fin, mélancolique et équilibré, c'est de ces titres dont vous savez très vite qu’ils vont accompagner une partie de votre vie. Rare. Le court Warm Blood est sombre et sans concession. Un bon titre rock aux consonances post-punk. Le son fait penser au travail de King Dude. Second gros titre de l’album, Neuron est une ballade, une sorte de mise en abîme dans l’âme d’un être. Ses consonnaces font un peu penser à The Chant, mais en plus musclé. La balance de la voix et des guitares de Thorlakur Thor Gudmundsson et Ingi Þór Pálsson est absolument parfaite. On ressent la douleur.

Le titre éponyme de l’album suit avec un poil plus de légèreté, comme si l’âme avait finalement réussi à s’évader de son enveloppe charnelle. Hyper mélodique, le titre est brutalement renforcé par des guitares lourdes qui en font finalement le titre le plus metal de l’album. Low Road enchaîne avec des influences plus électro : voix éthérées, rythme plus haché et plus progressif, le titre n’est pas le plus facile d’accès de l’album. Erotica est plus rock, les guitares se font plus enlevées. On parlait des consonnances typées Indochine, voilà une chanson qui en est un bon exemple ; tendez l’oreille et écoutez la guitare aux connotations asiatiques qui font penser à celle de l’Aventurier. Stargaze est sombre, très sombre. Le rythme est lent, les paroles tristes ; même les mélodies sont mélancoliques. L’axe plus black metal progressif insufflé en cours de titre n’y changera rien, c’est un titre qui pèse. Two Moons est une dernière ballade, un slow comme on n'en fait plus. Tout en mélancolie, ce titre « Katatonien » pourrait en fait faire une excellente musique de film. C’est soyeux, simplement mélodique et harmonieux. Un titre qui se laisse mettre en image. L’album se clôt sur Black Feather, le dernier sommet de No Need To Reason. Plus volumineux musicalement, le titre se fait rapidement progressif, malgré un rythme de fond très lent. Ici encore, il faut ressentir la balance entre instruments et voix. Les deux sont complémentaires et s’accordent à merveille.

No Need To Reason doit être écouté. Prenez le temps de le faire passer entre vos oreilles et de celles de vos proches. Tous trouveront quelque chose à en retirer, à garder. Personnellement, je sais que même si la chronique est écrite, cet album de Kontinuum reviendra régulièrement hanter mes moments de solitude et de mélancolie.

 

Tracklist de No Need To Reason :

01. Shivers
02. Lifelust
03. Warm Blood
04. Neuron
05. No Need to Reason
06. Low Road
07. Erotica
08. Stargaze
09. Two Moons
10. Black Feather 

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