Qu'il est bon, en ces temps de clonages musicaux stériles et de revival en tous genres, aussi inintéressants qu'improductifs, de se voir proposer par un groupe qui a de la suite dans les idées, un album personnel, audacieux et rafraîchissant. En effet, Khthoniik Cerviiks (à vos souhaits) développe depuis quelques années, et quelques releases de haute volée, un univers unique, tout autant marqué sur le plan visuel que sonore. Des artworks sombres, dérangeants, illustrant un monde qui chute et se livre définitivement à une intelligence artificielle malfaisante et des titres à la syntaxe pour le moins étranges comme Kollektiing Koffiin Naiils (Délire des négations sequence 1.0), Δt (Recite the Kriitiikal Mæss) ou Para-Dog-Son - Demagorgon permettent au groupe de créer son propre monde, futuriste, cybernétique et déclinant.

Fidèle à la délcieuse tradition du power trio, Khthoniik Cerviiks est une entité généreuse qui nous offre des morceaux touffus, remplis jusqu'à la gueule de riffs bizarroides et dissonants que n'aurait pas renié le Voivod génial de Dimension Hatross ou Killing Technology, inspiration par ailleurs totalement revendiquée, assumée et parfaitement digérée par le groupe. Que l'approche soit thrashisante, death ou black metal, tout est ici passé dans l'alambic Khthoniik Cerviiks et entièrement dédié au concept déshumanisé et glauquisant savamment élaboré par le groupe. Tout est cohérent pour servir le propos, jusqu'au chant rugueux qui renvoie aussi à ces références sci-fi, évoquant le placement vocal très rythmique, presque robotique parfois, de Mike Browing sur le premier album de Nocturnus, The Key (faut-il le préciser, véritables pionners en matière de death metal futuriste).

Ajoutons à cela un song writing hyper dynamique qui permet a ces morceaux pourtant denses d'être passionnants de la première à le dernière note, une production délicieusement naturelle où tout sonne juste dans un mix d'une clarté particulièrement agréable et nous tenons un second album très solide qui mériterait incontestablement une plus grande mise en lumière et une véritable reconnaissance. Il ne manque à mon goût que quelques interludes ambianceurs, quelques intros évocatrices ou quelques arrangements, même discrets, qui auraient permis de dépeindre encore plus précisément cet univers futuriste favorisant par la même une immersion plus profonde dans ce monde post-humanoïde où les machines, qui visiblement nous détestent, prennent le pouvoir. Néanmoins, malgré cette petite réserve toute personnelle, ce Æequiizoiikum sauvage et virulent est assurément l'un des grands gagnants de cette sombre année 2020...quoi de plus normal au final ?

Tracklist de Æequiizoiikum :

01. KC Exhalement 4.0 (Welcome to HAL)
02. Odyssey 3000
03. Æequiizoiikum (Mothraiik Rites)
04. Δt (Recite the Kriitiikal Mæss)
05. Para-Dog-Son - Demagorgon
06. Kollektiing Koffiin Naiils (Délire des Négations Sequence 1.0)
07. Bloodless Epiiphany (Délire des Négations Sequence 2.0)
08. KC Inhalement 4.0 (Nothiing-Niihiil-Non)