Kansas, je dois le dire d'emblée, c'est tout un pan de ma vie ! Des albums comme Leftoverture ou Point Of Know Return ont bercé mon existence d'ado et c'est forcément chaque fois avec nostalgie que je me laisse emporter par ces mélodies poignantes, ces breaks ingénieux et ces prouesses de violonistes... C'est simple : si je devais tout quitter pour une île déserte je n'oublierai en aucune façon leurs deux albums de la fin des années 70. Eh oui déjà !

Car Kansas, c'est aussi une longue carrière marquée par des revirements tant musicaux que...philosophiques ! J'avoue avoir décroché lorsque les refrains sont devenus excessivement sirupeux, les messages religieux, les orchestrations commerciales... Le génie s'est délité progressivement et ce qui fut à mes yeux LE groupe s'est mu en un rassemblement de musiciens toujours talentueux mais ayant perdu leur âme et surtout attachés à durer au prix de multiples compromissions : les années 80/90 se sont avérées à cet égard révélatrices d'un évident reflux d'inspiration identifiable à la sempiternelle reproduction d'un modèle de morceau : désormais court et fade, bien que souvent doté d'un thème facilement mémorisable...

Et puis, à l'aube des années 2000, Kansas s'est éteint dans l'anonymat et je pensais ne plus devoir m'en émouvoir...

C'était sans compter sur la combativité de Phil Ehart et Rich Williams, respectivement batteur et guitariste dès l'origine qui, en ce mois de septembre 2016, produisent et interprètent un quinzième album : The Prelud Implicit. 

Quand on voit la tête des protagonistes... ça fait peur : le troisième âge en goguette !

                                                                      
Alors évidemment, inutile de rêver : le punch est absent mais on ne peut pas leur en vouloir... Pas plus que le reniement du passé et ça, c'est plutôt positif ! Visibility Zero ou Rhythm In The Spirit fleurent bon l'esprit du Kansas d'avant sans que ce soit mièvre pour autant (écueil que n'évitent pas With This Heart ou Camouflage...). A l'écoute de certaines pistes, je me prends même à rêver d'une renaissance : Refugee ou Summer (le tube !) mais le soufflé retombe vite : The Unsung Heroes ou Crowded Isolation soulignent qu'un miracle, même pour des adeptes du soft-rock Chrétien, est inconcevable !

 Pour couronner le tout, l'album s'achève sur une ambiance d'enterrement avec le curieux instrumental Section 60 qui à mes yeux, sonne le glas d'un combo monumental qui a eu tort de s'acharner...

Tracklist de The Prelud Implicit :

01. With This Heart
02. Visibility Zero
03. The Unsung Heroes
04. Rhythm In The Spirit
05. Refugee
06. The Voyage Of Eight Eighteen
07. Camouflage
08. Summer
09. Crowded Isolation
10. Section 60