Les commémorations de la Grande Guerre (ou 1ère Guerre Mondiale c’est selon) ont mécaniquement impacté l’inconscient de nos artistes et les groupes qui y font référence ont afflué. On pense forcément au groupe ukrainien 1914 au patronyme explicite et bien sûr à Kanonenfieber qui se fait remarquer depuis quelque temps avec notamment un passage au Hellfest 2024 qui n’est pas passé inaperçu (validé par le Diable Bleu en dépit de ses réserves sur la sonorisation de la Temple). Kanonenfieber c’est le projet solo d’un certain Noise qui nous vient de Bavière. Des costumes en adéquation avec une thématique forte, un leader unique dont on ne connaît pas le vrai nom ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Mais si vous l’avez, un type en Suède dont le projet a cartonné avec des références papales et un univers gothique et qui blinde des Zénith en France. Même démarche de fond du fameux Noise qui propose ici un concept total basé sur la 1ère Guerre. L’idée lui est venue en tombant sur le journal de son aïeul écrit sur le champ de bataille. Noise est le seul membre officiel et argumente sa volonté d’anonymat en faisant référence au fameux soldat inconnu, symbole de l’absurdité et l’horreur de la Guerre.  En live, Noise se fait accompagner de musiciens compétents, Gunnar à la basse, Hans à la batterie, Kreuzer et Sickfried aux guitares. Musicalement sans surprise Kanonenfieber c’est une machine de guerre (ok facile !!) et un blackened death du meilleur effet. Très intense, avec un vrai côté épique, la musique tabasse dur, c’est un vrai régal. Il y a aussi une dimension mélodique sous couvert d‘ambiances parfois doomy. Le riff d’ouverture m’a d’ailleurs légèrement fait penser au Sweet Dreams de Marilyn Manson. Bon la suite m’a vite fait oublier cette référence ! L’intensité est maximale, ça va vite avec de vraies accroches vocales. 

Kanonenfieber s’est un peu ouvert sur ce nouvel album et franchement, vu l’efficacité des compos, l’énergie déployée, on se dit que le groupe a un gros potentiel en plus d’une réelle capacité à poser des ambiances. Quelques discours en allemand offrent ainsi des mini interludes parfois au sein des titres (Sturmtrupp) et plongent dans l’ambiance. C’est d’autant plus immersif que cette Guerre est en toute logique vue sous notre angle français et ici nous avons la vision allemande, toute aussi sombre, notez bien. Ce disque renvoie donc à l’horreur de la Guerre ce qui s’adapte bien à une musique plutôt dark. Le bavarois Noise a trouvé une bonne formule, cohérente et bigrement efficace sans parler des visuels accrocheurs en live et on sait que les groupes à costume ça marche. Dans les ambiances, on pense parfois à leurs compatriotes de Heaven Shall Burn et on n’est donc pas surpris de la présence de Maik Weichert (guitare) comme invité sur ce disque. Ce disque est en tout cas très réussi et on accroche très vite au blackened death avec une belle tendance mélodique (Lviv Zu Lemberg) de Kanonenfieber. Les déferlements de guitare sont très réussis. Impossible de ne pas relever l’imagerie du groupe, très réussie avec une vraie dimension artistique. Non je persiste à voir dans Kanonenfieber un pendant du Ghost avec un univers tout aussi cohérent et captivant (voir plus selon ma propre échelle de valeur) et cela me semble un bon descriptif. Si rencontrer autant de succès paraît compliqué, Kanonenfieber s’en donne les moyens en catchysant sa formule et a tout pour faire sa place et réussir. Epatant !