Artiste/Groupe:

Joel Hoekstra's 13

CD:

Dying To Live

Date de sortie:

Octobre 2015

Label:

Frontiers Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Joel Hoekstra est un guitariste américain dont le nom ne vous évoque peut-être pas grand-chose mais il est probable que cela change prochainement. Déjà parce qu'il remplace Doug Aldrich chez Whitesnake depuis l'année dernière. Mais ça ne s'arrête pas là, n'allez pas croire que le gars est un débutant. Il fait partie de la troupe Trans-Siberian Orchestra (bien plus populaire aux USA que chez nous, il est vrai), il a joué avec Night Ranger entre 2008 et 2014... il a participé à l'album Damage Control de Jeff Scott Soto, a accompagné Foreigner ou Dee Snider en tournée... Ce monsieur a même gratté sa six-cordes à Broadway pour la fameuse comédie musicale Rock Of Ages et a sorti une poignée d'albums solo totalement inconnus de votre serviteur... ils existent, c'est internet qui me l'a dit ! Et voilà qu'aujourd'hui, Joel vous propose un album enregistré avec une belle brochette de pointures (Jeff Scott Soto et Russell Allen au chant, rien que ça, Vinny Appice à la batterie, Tony Franklin à la basse). Et chez qui ça sort ? Chez Frontiers Records, bien sûr ! THE label des super groupes de hard mélodique d'un jour (ou deux). Attendez, ne partez pas déjà... 

Oui, je comprends. Les projets estampillés Frontiers qui voient s'associer de jolis noms et ne tiennent pas toutes leurs promesses, on en a vu passer quelques-uns. Et cette mode peut finir par lasser ou agacer. Moi-même, à la première écoute de quelques pistes de ce Dying To Live, je me suis dit que c'était sympa mais vraiment pas renversant. Une énième galette de hard très classique comme il en sort tous les mois... un produit bien fait et calibré qui se laisse écouter mais s'oublie assez vite. Mais voilà, j'ai insisté. Et petit à petit, le travail de Joel Hoekstra a fini par faire son chemin et Dying To Live s'est s'extirpé de la catégorie des albums pas terribles dans laquelle j'ai un peu trop hâtivement failli le ranger.

Avec Dying To Live, on trouve aussi bien du rock mélodique limite AOR que du hard rock un peu plus costaud et même quelques morceaux dans une veine plus heavy metal. Le fait de jouer sur plusieurs registres apporte une diversité bienvenue. Chaque chanson a sa propre couleur et l'ensemble n'est pas monotone. Say Goodbye To The Sun permet à l'album de décoller en mode heavy direct et carré. C'est Russell Allen qui officie et cela ne surprendra personne d'apprendre qu'il est totalement à l'aise dans un registre énervé à la Dio. Le solo de Hoekstra est excellent et montre bien que le guitariste n'est pas un rigolo. On trouvera un peu plus tard d'autres pistes heavy comme Scream (impeccablement chantée par Soto et qui contient un solo de clavier de Derek Sherinian) ou la chanson titre plus sombre et lourde sur le couplet avant que le refrain ne propose une accélération de tempo bien sentie sur le refrain (c'est Allen qui brille encore une fois sur cette compo).

Mais comme je le disais un peu plus haut, Dying To Live ne propose pas qu'un style et n'est donc pas un album de heavy metal. Les autres compos proposent des tonalités différentes qui évoqueront les influences (principalement ancrées dans les années 70 ou 80) de Mr. Hoesktra ou les groupes dans lesquels il joue (ou a joué). Certaines chansons ont parfois un petit parfum de Journey ou Foreigner... d'autres font penser à du Whitesnake. C'est assez logique et plutôt plaisant si on apprécie le bon hard rock mélodique. Car même si, à la première écoute, certains des morceaux proposés par Joel Hoekstra m'ont laissé un peu froid, il s'est avéré qu'après plusieurs essais les mélodies s'étaient insidieusement imprégnées dans mon cerveau. Et voilà qu'un matin, je me suis mis à chantonner le refrain (assez imparable) de Until I Left You sur le chemin du travail. Voilà un très bon morceau, enlevé et catchy, avec une interprétation irréprochable de Jeff Scott Soto. Toujours avec ce même chanteur, et dans un registre hard mélodique, The Only Way To Go et Start Again font des étincelles. Ces chansons ne fonctionnent pas seulement parce qu'elle sont jouées par des musiciens compétents mais parce qu'elles sont vraiment bien écrites. Hoekstra sait proposer une belle palette de mélodies simples et accrocheuses que l'on prend plaisir à reprendre sous la douche ou ailleurs... tout comme il sait faire parler sa guitare avec un talent indéniable (sans jamais sombrer dans la démonstration facile, écueil de certains "albums de guitaristes"). 

En fait, plus on creuse ce disque, plus on se rend compte qu'il n'a pas vraiment de faiblesses. Toutes les chansons se valent à peu près. Si vous accrochez aux extraits disponibles sur le net, n'ayez donc aucune crainte car les qualités démontrées sur ceux-ci se retrouvent tout au long de Dying To Live. On n'est évidemment pas obligé de tout trouver remarquable. Pour ma part, Anymore ne fonctionne que partiellement... je la trouve sympa mais assez quelconque. Le refrain de Never Say Never est également un peu trop "facile" et rabâché à mon goût... ce qui fait que je ne suis pas mécontent quand la compo se termine. Mais dans l'ensemble, cela reste franchement réussi. La grande force de l'album, au-delà de proposer une petite collection de compos bien écrites, réside dans le choix des vocalistes. En réunissant les deux belles voix, aussi puissantes que chaleureuses, de Soto et Allen sur un même album, Hoekstra n'a rien laissé au hasard et s'est assuré cinquante-et-une minutes de chant de haute volée. Petit détail sympa : bien que les deux monstres en question chantent séparément, on entend assez souvent la voix de l'un assurer les choeurs sur la chanson de l'autre. Autre bonne idée : chaque chanteur a l'occasion d'officier dans des registres différents (il aurait été trop prévisible de laisser les morceaux les plus metal à Russell Allen et les compos plus rock à Jeff Scott Soto, par exemple). Dernière chose : la ballade finale, What We Believe, voit intervenir Chloe Lowery (Trans-Siberian Orchestra) auprès de Soto. Beau duo pour une fin d'album apaisée et assez réussie. 

Bref, les amateurs de Hard US, rock mélodique ou heavy (pas trop méchant) devraient trouver leur bonheur avec ce disque impeccablement produit qui réunit de grands talents du genre. L'association des noms mis en avant pour donner envie de se pencher sur cette galette fonctionne réllement et n'est pas qu'un habile coup marketing. Je ne reviens pas totalement non plus sur ma toute première impression... car même si les qualités de Dying To Live sont réelles, cela reste tout de même assez calibré et très classique. Joel Hoekstra n'est pas un génie qui vient de révolutionner le monde du rock mais un honnête artisan qui a écrit une collection de chansons agréables et efficaces, bien mises en valeur par ses excellents interprètes. C'est déjà bien... et suffisant pour passer un très bon moment.  

Tracklist de Dying To Live :

01. Say Goodbye To The Sun
02. Anymore
03. Until I Left You
04. Long For The Days
05. Scream 
06. Never Say Never
07. Changes
08. The Only Way To Go
09. Dying To Live
10. Start Again
11. What We Believe