Artiste/Groupe:

Joe Satriani

CD:

Surfing With The Alien

Date de sortie:

1987

Label:

Style:

Guitariste de génie

Chroniqueur:

Orion

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Avant de commencer cette chronique, je dois vous avouer quelque chose : les albums totalement instrumentaux m'ont toujours gonflé. Je ne suis sans doute pas assez calé en technique instrumentale pour m'extasier devant les exercices (parfois chiantissimes) de ces musiciens pendant un album complet. C'est comme ça, je reste attaché au concept de chanson, avec couplet et refrain et paroles surtout, ce qu'évidemment les albums instrumentaux ne peuvent pas nous fournir. Cependant, pour toute règle, il y a des exceptions. En voici une.

En 1987, quand débarque cet album, personne ne connaît ce Joe Satriani. D’où sort-il, ce type ? Il avait pourtant déjà publié un album l’année précédente, Not Of This Earth, mais celui-ci était passé totalement inaperçu. On se renseigne donc un peu et on apprend alors qu’il fut le prof de guitare de Kirk Hammett, Steve Vai ou encore Alex Skolnick. Ah oui, quand même ! Quand on connaît le jeu de ces six-cordistes, on se dit que celui qui leur a appris à peaufiner leur technique ne doit pas être une brelle. C’est d’ailleurs à l’un de ses anciens élèves, Steve Vai, qui évoqua longuement le talent de son professeur dans la presse, que l’on doit de voir commencer à circuler le nom de Satriani. A partir de là, il a suffi à Joe d’envoyer une démo de cinq titres au boss de Relativity Records pour que celui-ci accepte de produire son second album.

Alors, malgré la réticence relative aux albums instrumentaux (voir plus haut), et surtout devant l’insistance d’un pote qui en avait fait l’acquisition, j’ai fait l’effort d’écouter ce que donnait cet album. Et là, bam ! La gifle.
Première surprise : je suis épaté car j’arrive à écouter l’album complet sans me lasser. Il faut dire que l’album est assez court (trente-huit minutes). Mais ce n’est pas pour ça. C’est tout simplement parce que je n’ai pas l’impression d’écouter un album instrumental. Avec Satriani, pas besoin de chanteur. On a dit de lui qu’il était le "plus chantant des guitaristes" et l’image reflète assez bien la musique jouée par Satriani. En effet, sa guitare construit elle-même les lignes mélodiques des couplets et des refrains, comme un chanteur pourrait le faire. Joe pense ses morceaux comme de vraies chansons, pas comme une succession de notes jouées plus ou moins rapidement. Le meilleur exemple est le morceau Ice 9 : dès que la guitare lead se met à jouer, on dirait des lignes de chant. On distingue même parfaitement la partie qui tient lieu de solo au milieu de morceau. On pourrait dire la même chose de Crushing Days, le morceau suivant, un de mes titres préférés de Joe… et de la quasi totalité des morceaux de cet album, en fait. Et que dire de Satch Boogie ou du titre éponyme ? Ce guitariste est-il un extra-terrestre ? A ce propos, il a bien fait d’illustrer la pochette de son album avec le Surfer d’Argent, un super-héros venu de l’espace, tellement ce qu’on entend là semble provenir de super pouvoirs et de forces cosmiques. Plus sérieusement, ces morceaux vont contribuer à populariser le shredding.
Avec Always With Me, Always With You, changement de registre. Où comment faire passer une véritable émotion simplement avec une guitare ? Encore une fois, on a l’impression que celle-ci nous parle. Dans ce même registre, on a aussi le titre Circles sur le début et la fin du morceau, où les notes semblent flotter dans l’air.

Midnight est l’occasion de démontrer le doigté du monsieur dans un exercice de tapping. Ce qui est intéressant avec Satriani, c’est que si la technique est manifestement époustouflante, elle est véritablement au service des morceaux et du coup, il ne nous donne pas l’impression de nous en mettre plein la vue juste pour en mettre plein la vue. On a même parfois l’impression (mais ça reste une impression) que ça n’a pas l’air si difficile à jouer.
Et on conclut sur le superbe Echo, le titre sur lequel la basse (jouée par Satriani) est la plus audible. Et une nouvelle fois, Joe montre qu’il n’y a pas besoin de jouer à la vitesse d’un TGV pour impressionner la galerie.
Puisqu’on en parle, venons-en au petit point faible de cet album. Pour son enregistrement, Joe s’est quasiment chargé de tous les instruments (guitare, basse, synthés). Seules quelques parties de batterie ont été laissées à des invités. Le peu de moyens dont disposait le Professeur à cette époque ne lui a pas permis de s’entourer de musiciens compétents. Et c’est un peu là où ça peut pécher pour certains auditeurs, la batterie étant assez souvent programmée, cela lui donne un côté mécanique un peu plat. Mais évidemment, l’intérêt de l’album n’est pas là, c’est bien sûr la guitare qui est l’héroïne de cet opus et elle y brille de mille feux. D’ailleurs, difficile de se concentrer sur autre chose que la guitare en écoutant cet album, vous en conviendrez...

Fin de la galère et début de la célébrité pour ce guitariste hors-pair. Surfing With The Alien est l’album qui va faire connaître le nom de Satriani dans le monde entier. L’album va tout de même se glisser à la 29ème place du billboard américain, ce qui est du jamais vu pour un album uniquement instrumental. Sans compter son retentissement dans le petit monde des apprentis shredders qui vont se dire qu'eux aussi peuvent sortir des albums de ce type. Malheureusement pour la plupart d'entre eux, la technique ne fait pas tout, il faut aussi posséder un énorme feeling pour scotcher l'auditeur. Et à ce jeu-là, tous ne s'appellent pas Satriani, on va très vite le découvrir...

 

Tracklist de Surfing With The Alien :

01. Surfing With The Alien
02. Ice 9
03. Crushing Days
04. Always With Me, Always With You
05. Satch Boogie
06. Hill Of The Skull
07. Circles
08. Lords Of Karma
09. Midnight
10. Echo