Artiste/Groupe:

Isis

CD:

Panopticon

Date de sortie:

2004

Label:

Ipecac

Style:

Post Hardcore

Chroniqueur:

ced12

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Petit retour en arrière sur une époque où les scènes « post » se portaient à merveille, (au même titre que les chemises à carreaux !) avec des scènes ultra créatives, développant de longues plages musicales inspirées et proposant de sublimes crescendo débouchant souvent sur des climax parfois incroyables, reproduisant ainsi le modèle de ce qui est ni plus ni moins que le plus grand morceau de rock progressif, à savoir Echoes des légendaires Pink Floyd (à écouter impérativement dans sa version Pompei). D’un Sigur Ros, incarnant la plénitude des paysages du grand Nord, à Isis, du plus calme au plus agressif, la / les scènes « post » ont fait merveille avant de s’essouffler naturellement comme tant d’autres scènes avant – et après – la faute à un trop plein de formations mais aussi à des recettes finalement trop répétitives voire trop conceptuelles. Isis restera néanmoins comme une des plus intéressantes, avec cet incroyable triptyque CelestialOceanicPanopticon allant tous dans une direction toujours plus atmosphérique (pour ne pas prononcer le terme accessible) mais avec un niveau de qualité hallucinant. 

Celestial, premier album des Américains originaires de Boston, était plutôt agressif mais déjà très ambitieux avec de longs titres, déjà bien structurés. Courageux d’entrée car peu accessible mais radical dans la démarche, ce qui ne pouvait pas déplaire. Oceanic allait légèrement tempérer les ardeurs du groupe, rendre la formule plus accessible. Reste un chant hyper agressif, puissant et profond mais aussi des guitares plus versatiles alternant parties mélodieuses et parties saturées du plus bel effet. Plus lumineux aussi, cet Oceanic obtint de sacrés retour et avec Panopticon, Isis, en pleine confiance et en maîtrise, pouvait achever son petit monde. 

Toujours aussi conceptuel, Isis aborde ici une thématique en lien avec le philosophe utilitariste Jeremy Bentham, le Panopticon étant une forme de prison imaginée par cet intellectuel de haute réputation. Ajoutons l’aide du frère de Jeremy Bentham pour rendre à César ce qui appartient à César. Le panoptique (in French in the text) c’est une structure  où le gardien peut, d’un point de vue central, observer tous les prisonniers. Pour visualiser, la prison dublinoise filmée pour le génial film Au Nom du Père (avec Daniel Day-Lewis, garantie de grands films) en est une belle représentation. Inévitablement, ce modèle promouvant un contrôle total ne pouvait qu’inspirer d’autres philosophes plus critiques y voyant là une métaphore d’un contrôle total mais aussi, et plus en ligne avec notre propos, une très belle thématique pour un disque de post-hardcore ! Le côté tortueux a ici son rôle dans les structures musicales du combo américain. Artistiquement, Isis réussit la jolie performance de croiser des influences aussi variées que certains groupes hardcore que d’autres plus ouvertement post-rock allant d’un Godspeed You! Black Emperor à Tool. Les longues plages musicales délivrées ici s’écoutent à merveille et les atmosphères développées sont aussi variées qu’incroyables. Acclamé tant par son ambition artistique qu’intellectuelle, Isis atteignait alors un sommet d’inspiration, confirmant ainsi une excellente dynamique créatrice. On oubliera pas de citer la très bonne tenue live du combo à l’époque. 

Comme toute cette scène, Isis donna l’impression de tourner en rond, prisonnier d’une recette trop répétitive pour s’imposer durablement. Le reflux n‘en sera que plus marqué. En 2010, Isis lâchait officiellement l’affaire et le modeste concert de reformation d’un soir ne laissait pas une impression d’immense regret. Comme si le groupe avait fait le tour de sa formule, de son style. Les disques proposés n’en sont pas moins de sacrées références des années 2000 et méritent qu’on s’y repenche. 

Tracklist de Panopticon :

01. So Did We
02. Backlit

03. In Fiction
04. Wills Dissolve
05. Syndic Calls
06. Altered Course
07. Grinning Mouths

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