Artiste/Groupe:

Insomnium

CD:

Anno 1696

Date de sortie:

Février 2023

Label:

Nuclear Blast

Style:

Death Mélo

Chroniqueur:

Le Diable Bleu

Note:

16.5/20

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Rembobinons le temps pour nous plonger en 1696. En plein cœur de ces années sombres de "chasse aux sorcières" perpétuées dans toute l’Europe, la Finlande n’échappera pas à cette folie balayant le monde et sous couvert de pratiques sectaires, religieuses et superstitieuses, un tiers de la population du pays sera exterminé entre 1696 et 1697. C’est ce que relate Insomnium dans ce neuvième album, Anno 1696, pour lequel le groupe va s’inspirer de la nouvelle d’Aino Kallas, La Fiancée du Loup, histoire d’une habitante finlandaise de Hiiumaa, opposée aux fanatiques religieux devenus fous.
Les huit nouveaux morceaux proposés sont donc un hommage aux légendes, à la part de mystère de Dame Nature ou à la pratique du chamanisme, donnant le change aux procès de femmes et d’hommes largement considérés eux aussi comme des bêtes à exterminer.

Entre mélancolie profonde et colère indicible, Anno 1696 va au-delà du death metal mélodique pour lequel on connait bien Insomnium. En effet cet album est bien plus sombre, plus vindicatif que les précédents. Il délivre pourtant une rythmique à la fois plus lourde et paradoxalement plus énervée également.
Les éléments investis y sont variés, par un côté épique au son d’instruments traditionnels, des atmosphères synthétisées envoûtantes aux guitares heavy, des growls rauques à une voix féminine même. Tout concourt à un Metal varié à la fois puissant et harmonieux, imposant et séduisant.

Les premières notes acoustiques et folk accompagnées de rythmes de tambours de 1696 nous plongent tout de suite dans une ambiance médiévale lugubre, voire funeste. Les voix claires se transforment rapidement en growls hurlés accompagnés de guitares furieuses. Ce Markus Vanhala déchire grave à la guitare, je vous recommande vivement de l’apprécier en live.

Une belle entrée en matière, assez typique du groupe, qui laisse ensuite place à deux morceaux radicalement différents.
Le lourd et passionné White Christ, dont l’interprétation n’est pas sans rappeler une œuvre de Rotting Christ, à juste titre, puisque les parties vocales y sont assurées par son leader, Sakis Tolis.

 


Sans doute l’une des meilleures partitions de l’album. S’ensuit l’inattendu Godforsaken avec la présence vocale féminine de Johanna Kurkela  du groupe Auri qui apporte une touche cristalline et une pointe d’onirisme lors des breaks remarquables.
Les morceaux les plus épiques, Lilian, dont l’intro est dinguement belle, ou The Rapids, délivrent un emballement musclé alors que le plus mélodieux et mid-tempo Starless Paths et le balancé The Witch Hunter font la part belle à un profond sentiment de tristesse nostalgique.

 


L’acoustique The Unrest est comme un poème chanté avec des voix claires pures et des murmures intimistes qui portent une belle émotion et apportent à Anno 1696 une dimension créative encore plus riche.

A noter que l’artbook en édition limitée de l’album, contient en plus trois titres de l’EP, Songs Of The Dusk, histoire de prolonger les plaisirs.
C’est donc avec un savoir faire certain et une dextérité indéniable que les Finlandais reviennent hanter nos oreilles, en multipliant les belles compositions, tout en ouvrant leurs horizons musicaux. Insomnium n’a perdu en rien de son inspiration, sans révolution soit, mais avec quelques jolies surprises. Plus généralement, et comme pour Omnium Gatherum (groupe jumeau, si l’on peut dire car habité aussi par notre Markus Vanhala ), Insomnium voit sa ligne directrice aller vers toujours plus de mélodies. Ceci risque peut-être d’écarter les fans du death un tantinet plus dur.

N’en demeure pas moins un disque de très bonne qualité, à l’écoute ultra plaisante.
Un groupe qu’il me tarde déjà d’apprécier encore sur scène.
Un bien, bon, bel album, de nouveau.

Track List de Anno 1696 :

01. 1696
02. White Christ (feat Sakis Tolis)
03. Godforsaken (feat Johanna Kurkela)
04. Lilian
05. Starless Paths
06. The Witch Hunter
07. The Unrest
08. The Rapids

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