Il est toujours agréable de chroniquer le disque d’un jeune groupe français. Il y a pleins de bonnes choses outre-Rhin et toujours plus en se rapprochant du Cap Nord mais nous avons dans notre belle contrée de très bonnes formations et il est légitime de le dire. Et Donc d’en parler. Insolvency, c’est un jeune groupe basé à Troyes. Bon le groupe existe depuis 2012 mais avec un EP et un album paru fin 2018, les musiciens me pardonneront ce qualificatif. C’est que chez Insolvency, on prend son temps mais point par procrastination mais par volonté de bien faire les choses. Le groupe confiait lors de la sortie de leur premier disque ne pas avoir donné suite à des contacts pour réaliser certains concerts préférant bosser leur premier effort et proposer quelque chose d’abouti. Démarche payante à mon sens et surtout salutaire en cette période où il faut toujours aller plus vite (et ce en dépit du contexte sanitaire). Pour mieux présenter le groupe, je me permettrai de renvoyer le lecteur à l’interview qu’ils nous ont donné. Je préciserai tout de même qu’Insolvency évolue dans la sphère metalcore, que le groupe s’inscrit dans les pas de Trivium mais aime à citer Bullet For My Valentine, Machine Head et Children Of Bodom.

Le lecteur comprendra aisément qu’Insolvency, ce n’est donc pas que du metalcore mais une musique moderne aimant à varier ses influences. C’est encore plus marqué sur ce deuxième effort avec l’apport de sonorités plus modernes encore avec des nappes de synthé habilement intégrées et un chant assez éthéré (où on pense parfois à While She Sleeps). Délaissant toujours plus – sans pour autant la renier – ses origines metalcore, les troyens me semblent prendre une bonne trajectoire. La musique du groupe gagne ainsi en personnalité. J’aborde l’aspect technique de l’enregistrement car comme exprimé plus haut, on fait les choses très pro chez Insolvency. Le premier album avait déjà bénéficié de l’apport de pointures pour les aspects visuels, mastering, artwork. Rebelote avec ce Illusional Gates toujours mixé par Jim Pinder au Treehouse Studios UK (BFMV, While Whe Sleeps, Bring Me the Horizon entre autre), mastérisé par Tyler Smyth (I Prevail, Falling In Reverse), Insolvency s’est encore donné les moyens de faire très bien. Et le résultat est assez impressionnant. Grosse prod, son puissant, clair, Insolvency sonne ultra pro, très moderne. Le résultat est à saluer sur le plan technique. On trouvera même deux guests, et pas des moindres, sur ce disque preuve que le groupe s’est déjà fait une petite place dans ces scènes. Ryan Kirby de Fit For A King vient pousser la chansonnette sur The Endless Maze et plus brutal, CJ de Thy Art Is Murder participe à Smother The Candle. Cela en impose un peu et confirme les ambitions de la formation. 

Variant intelligemment le propos, Insolvency se positionne dans une démarche très moderne avec quelques passages ambiancées avec un synthé dominant venant contraster avec des passages bien énervés. Il est toujours intéressant de noter qu’une partie de la scène metalcore a intégré des éléments électro à leur musique et Insolvency, dès son second disque, s’inscrit dans cette démarche. Avec succès selon moi, le groupe évitant ainsi de tomber dans une forme de caricature. L’alternance des vocaux offre là encore un plus. Délicat de proposer quelque chose de nouveau dans un style qui n’a cessé de se caricaturer. Les troyens y parviennent et ce genre de formations donne de l’espoir quant au devenir de cette scène. Très sérieux dans sa construction, Insolvency impressionne dès son deuxième disque, prouve déjà une belle capacité d’évolution et démontre une personnalité bienvenue. A l’aube (oui je n’ai pas résisté !!) des réouvertures tant attendues et espérées, les troyens me semblent avoir un coup à jouer. S’ils appréhendent l’exercice scénique aussi consciencieusement que pour l’exercice studio, on se dit que cela peut faire mal. Le groupe avait déjà donné quelques gages en ce sens, il restera à intégrer l’élargissement musical de leur formule dans ce format. 

Tracklist d’Illusional Gates :

01. Blindness
02. Torn Away Inside
03. The Endless Maze (feat. Ryan de Fit For A King)
04. Mirage
05. Illusional Gates
06. Last Call
07. Another Fate
08. Stranger World
09. Smother The Candle (feat CJ de Thy Art Is Murder)
10. Oversight
11. Afterlight
12. Fade And Flow