Dixième (onzième si l'on compte Upon The Throne Of Apocalypse) offrande de ce parrain du death metal qu'est Incantation, Profane Nexus voit l'arrivée au sein du combo d'un second guitariste en la personne de Sonny Lombardozzi, ancien gratteux du regretté Fleshtized. A l'instar de son prédécesseur, le terrible Dirges Of Elysium, ce dernier album a été illustré en couverture par Eliran Kantor, mixé et masterisé par Dan Swanö. Il marque par contre la fin de la collaboration du groupe avec le label Listenable et le retour chez Relapse après dix-sept ans.

Comme tous les fans d'Incantation le savent pertinemment, le style du groupe ne change pas des masses d'un album à l'autre. C'est donc sans surprise que l'on aborde ce Profane Nexus, qui propose un death doomisé avec la patte caractéristique du groupe. Ceci dit, McEntee semble s'être essayé à quelques menus changements sur cet album : déjà, Sonny Lombardozzi est crédité en tant que guitariste soliste. Et des solos, ce n'est pas habituel chez Incantation. En pratique, ça reste relativement discret, sauf sur Lus Sepulcri, qui est un véritable exutoire pour le nouveau venu ; son style de solo est très proche de celui de Rick Rozz, autant dire que les leads ne sont pas spécialement passionnants et que, de fait, ils n'apportent pas grand-chose. Sur ce même Lus Sepulcri, dans la seconde moitié du morceau, il y a un passage presque technique (pour du Incantation, s'entend) ; là encore, ça fait un peu bizarre, mais ça ne rend pas trop mal. Sur Incorporeal Despair, Incantation s'essaye en quelque sorte au doom atmosphérique ; la basse de Chuck Sherwood a même un son à la Jaco Pastorius, on s'attendrait presque à ce qu'ils nous fassent des lignes en harmoniques. Il y a aussi une plage ambient (celle avec le titre à rallonge), encore une bizarrerie ; ça rappelle Unholy Empowerment Of Righteous Deprivation sur Decimate Christendom. On dira donc que Profane Nexus est l'album de l'expérimentation.
Expérimentation modeste et prudente car, du reste, Incantation demeure ce qu'il est et envoie du bon gros riff gras et doomique à gogo. Je retiens en particulier le morceau The Horns Of Gefrin au mid tempo ternaire redoutable avec son riff à tendance atonale, un des meilleurs morceaux death que j'aie entendu cette année.
Par rapport à ses deux prédécesseurs, Profane Nexus ne possède pas autant de tueries imparables que Vanquish In Vengeance et n'a pas le final dantesque de Dirges Of Elysium ; à ce titre, Ancient Rise est un bon morceau en soi, mais il nous laisse clairement sur notre faim, on s'attendrait à entendre un final digne de ce nom après. C'est pour cela que je le trouve un petit cran en dessous de ces deux-là.
Malgré cela, Incantation semble être arrivé à nouveau à un palier et ne montre à ce jour aucun signe de déclin. On est loin, qualitativement parlant, de la période creuse des Decimate Christendom et Primordial Domination (voire Blasphemy également, qui était déjà moins bon que The Infernal Storm). Non seulement les compos demeurent inspirées, mais le travail de Dan Swanö force toujours autant l'admiration tant il apparaît parfaitement adapté à la musique d'Incantation.
Tracklist de Profane Nexus :
01. Muse 02. Rites Of The Locust 03. Visceral Hexahedron 04. The Horns Of Gefrin 05. Incorporeal Despair 06. Xipe Totec 07. Lus Sepulcri 08. Stormgate Convulsions From The Thunderous Shores Of Infernal Realms Beyond The Grace Of God 09. Messiah Nostrum 10. Omens To The Altar Of Onyx 11. Ancients Arise
|