2001. Les ménestrels du Metal sont de retour avec leur déjà cinquième album mais uniquement le troisième évoluant dans l'univers Metal (après Weckt Die Toten en 1998 et Verhert Und Angespien en 1999). J'ai d’ailleurs un peu de mal avec les deux premiers (Gold en 1997 et Hameln en 1998) où l'on a l'impression qu'il manque quelque chose à leur musique. 

In Extremo, pour ceux qui ne connaissent toujours pas (et c’est un tort), c'est la rencontre d'un Metal assez martial (bah, oui, c'est allemand) et de la musique médiévale. Vous ne voyez pas trop ce que ça peut donner ? Imaginez donc nos Tri Yann nationaux mixés avec Rammstein. In Extremo, c'est à peu près ça.
Pour le côté Metal, on retrouve donc un peu de Rammstein, au niveau du chant et des riffs de guitares bien puissants. Pour le côté médiéval, le groupe utilise toute une panoplie d'instruments traditionnels (harpes, violes, cornemuses, flûtes) qui ont la particularité d'avoir été fabriqués spécialement par et pour le groupe.
In Extremo s'inspire souvent de musiques traditionnelles (Krummavisur, Oskasteinar) et de textes moyenâgeux, d'où l'utilisation pour les paroles du latin (Omnia Sol Temperat) ou même du vieux français (Nature Nous Semont) et quelques langues sans doute anciennes que j’ai du mal à définir (Le 'Or Chiyuchech, Oskasteinar).

Les consonances celtiques et médiévales sont omniprésentes (trois musiciens s'en chargent) sur les compos de cet album (et des autres d'ailleurs). Quelquefois en retrait, mais le plus souvent au premier plan, ces instruments donnent un vrai relief aux compos. Der Wind, le premier morceau nous résume tout cela parfaitement, entre grosse rythmique bien puissante et cornemuses qui lui donnent un côté festif. Plusieurs écoutes sont souvent nécessaires pour apprivoiser toute la richesse apportée par les instruments traditionnels (Merseburger Zaubersprüche II, Nature Nous Semont...).

Mais contrairement à la plupart des groupes évoluant dans ce style (à l’époque du moins, ils en ont inspiré pas mal d’autres après), l'esprit n'est pas forcément guilleret, à part sur quelques titres (Der Rattenfänger, Oskasteinar ou le festif Omnia Sol Temperat sur lequel les musiciens se lancent dans une ronde en concert). Quelques autres (l’excellent Vollmond – un des tubes du groupe - , Die Gier, Lebensbeichte ou Unter Dem Meer par exemple) sont bien plus sombres. Cet aspect est un peu nouveau, par rapport aux deux albums précédents et confère à ce groupe une originalité certaine.


Sünder Ohne Zügel marque donc le virage du groupe vers une musique plus sombre, encore plus metallisée et montre une maturité encore plus affirmée. C'est un très bon album, représentatif du style d'In Extremo. Il contient des titres régulièrement joués en concert et mérite qu'on s'y attarde. Ce n’est certainement pas le seul album intéressant du groupe mais c’est l’un des plus riches et sans doute l’un des plus faciles d’accès pour le néophyte.
Et si vous avez la chance de les voir un jour en live, ne loupez pas l’occasion. In Extremo est un groupe à voir absolument en concert ! 

Tracklist de Sünder Ohne Zügel :

01. Der Wind
02. Krummavisur
03. Lebensbeichte
04. Merseburger Zaubersprüche II
05. Stetit Puella
06. Vollmond
07. Die Gier
08. Omnia Sol Temperat
09. Le 'Or Chiyuchech
10. Der Rattenfänger
11. Oskasteinar
12. Nature Nous Semont
13. Unter Dem Meer