Un jour de 1998, je venais de m’acheter le numéro trois du hors-série de Hard Rock mag dédié à la scène extrême, car à ce moment-là j’étais (comme une majorité du monde du metal) très intrigué par la sortie de Cruelty and The Beast deCradle Of Filth. Et à l’époque nous avions droit à un sampler qui offrait presque un morceau par album chroniqué. Quatrième titre, Impérial et son Orage Final. Un son complétement décalé par rapport aux autres productions présentes sur le sampler, un son de guitare hyper saturé, une basse assez discrète et surtout une boîte à rythme. Vient se rajouter une voix cadavérique totalement dégueulasse qui vomit des paroles très majoritairement en français et compréhensibles (un combo quasi impossible !).
Cet Orage Final est une vision de la fin du monde qui me semblait tout à fait possible et même assez engageante. J’ai donc rempli mon bulletin de commande fourni avec le magazine (et oui les jeunes !) fait partir ça par la poste, et quinze jours plus tard j’avais donc Aux Crépuscules entre les mains.
Avant d’enfiler le disque dans mon mange-disque, je prends un moment pour admirer la pochette qui représente le repos du guerrier, clope à la bouche en train de souffler après un massacre en bonne et due forme. Elle est signée par l’illustrateur de bande dessinées André Reina, auteur de Le Monde Des Dragons et le frère de Skrow, le chanteur/bassiste. Elle donne le ton de l’album, l’apocalypse est annoncée !
Et c’est parti pour quarante minutes à fond les ballons, la formule du duo reste la même et il n’y a aucun répit pour l’auditeur. Les titres et les riffs s’enchaînent à la vitesse de l’éclair même si sur cet album ce sont les racines thrash qui dominent globalement. C’est avant tout le timbre de la voix de Skrow qui renvoie au black, et pas tellement au niveau de la structure des titres ou encore du type de riffing proposé par Qojau. La tendance sera plus sombre sur leur dernier effort Chaos.
Alors qu’est-ce qu’il fait qu’un album, qui aurait pu être un ovni anecdotique, a réussi à faire son trou ? Je pense que cela tient à trois aspects. Tout d’abord la qualité globale d’écriture. Les titres sont facilement assimilables, accrocheurs, et puis ce sont des vraies chansons, bien structurées. Second point les paroles, dont l’aspect critique de la société, comme sur Montre Ton regard ou Le Narcissique en sont des exemples. Ils savent aussi décrire une forme de noirceur de l’âme humaine comme sur La Lune Rouge ou encore La Femme Brulée, voire de la désillusion sur Un Adieu.
Et dernier aspect, on sent que le groupe n’est pas là pour autre chose que de prendre du plaisir. Le dernier titre Thrasheur 13 est un titre bonne humeur, potache mais terriblement drôle. Et cette tendance se confirmera sur les albums suivants avec quelques titres comme J’ai Mangé Ta mère,Les Filles Mortes Ne Disent Jamais Non ou bien encore Hellfire.
Finalement, ce qui aurait pu être un album parmi tant d’autres est devenu un album culte pour un certain nombre de Metalhead. La hype autour de ce groupe leur a permis d’avoir la possibilité d’enregistrer d’autres albums par la suite. C’est un album qui a plus de vingt ans aujourd’hui et que je dépoussière régulièrement car il a son identité propre que je n’ai jamais retrouvée dans aucun autre du groupe. Et comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, un petit bout des paroles de Thrasheurs 13 qui résume assez bien :
« On écoute du Metal Au rythme des cigales Les thrasheurs de Marseille Pas pareil »
Et pis c’est tout !
Tracklist de Aux Crépuscules :
01. Le Narcissique 02. Aux Crépuscules 03. Montre Ton Regard 04. Orage Final 05. Un Adieu 06. La Femme Brûlée 07. Vermin 08. Les Cavaliers De L’Oubli 09 .La Lune Rouge 10. Imperial 11. Thrasheurs 13