Six ans (c’est long) après un The Nature Of The Beast plutôt réussi, le groupe américain Impellitteri remet le couvert et propose son douzième effort (longue durée, parce qu’en plus de onze albums avant celui-ci, il y a aussi eu deux EP) nommé War Machine. Attention chérie, ça va shredder ! Car oui, si certains d’entre vous ne connaissent pas Chris Impellitteri, sachez que le monsieur est un guitariste très technique apparu dans la deuxième moitié des années 80, bien décidé à montrer aux fans de hard rock / heavy metal aux guitares virtuoses (et véloces) qu’il n’y avait pas que Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert ou Eddie Van Halen dans la vie... Le guitariste a d’ailleurs sorti des albums de très bonne facture, plutôt bien écrits, produits et interprétés (il faut dire qu’il a toujours bien su s’entourer... avec des chanteurs comme Graham Bonnet ou le fidèle Rob Rock que l’on retrouve encore une fois ici, ou des batteurs comme Pat Torpey, Glen Sobel, Jon Dette et, aujourd’hui, un certain Paul Bostaph). En dépit de tout cela, le succès est tout de même resté confidentiel (enfin, toute proportion gardée, plus de deux millions d’albums ont été vendus et le gars est une superstar au Japon... disons juste qu’il est moins cité que d’autres "guitar heroes" comme ceux évoqués plus haut). 

Penchons-nous maintenant sur ce War Machine qui reprend globalement les choses là où The Nature Of The Beast les avait laissées. Le propos est très énergique et carré. Chris a beau avoir soixante ans, il compte bien démontrer qu’il n’a rien perdu de son mordant. Impellitteri, c’est aussi un goût certain pour la concision et l’efficacité. Onze titre, quarante-trois minutes, aucune chanson ne s’attarde plus que nécessaire (la plus longue dure quatre minutes trente). Dès War Machine et Out Of My Mind qui lancent l’album, le message est clair : riffs acérés, section rythmique puissante (avec James Pulli à la basse et Paul Bostaph à la batterie, c’est du solide), des solos supersoniques mais qui ont le bon goût de ne pas s’éterniser, un Rob Rock étonnant (à soixante-cinq ans, ce vétéran a su très bien conserver sa voix), le propos est 100% heavy metal et le son qui claque est de la partie. Les amateurs du genre vont en prendre plein les oreilles !

Tout cela se confirme avec les pistes suivantes sur lesquelles aucune baisse d’énergie n’est à déplorer. Ne vous attendez pas à un petit instrumental placé entre deux assauts, à une compo lente, encore moins à une ballade... il n’y en a pas. Le virtuose sait toujours balancer de bons riffs qui accrochent et je n’ai aucun mal à me laisser emporter par ses nouvelles propositions certes très traditionnelles mais diablement efficaces. Les singles mis en avant - comme Wrathchild ou Power Grab (à l’esprit très Judas Priest) - constituent une très bonne vitrine de ce qui vous attend. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Vous aimez ces extraits ? War Machine est fait pour vous. Personnellement, je préfère quelques compos placées dans la deuxième moitié de cet opus comme Beware The Hunter (au couplet épique), Light It Up (et son refrain imparable "Light it up ! Fire in the skyyyyy...") ou Gone Insane (aux harmonies vocales très chouettes) parce qu’elles offrent des mélodies que je trouve un peu plus mémorables. Le groupe proposait nettement plus de refrains comme celui de Gone Insane dans les années 90 d’ailleurs, c’était un peu sa marque de fabrique... il y en a moins dans ce cru 2024 qui privilégie le muscle.

J’ai toujours bien aimé Impellitteri et ce War Machine ne vient pas changer la donne. C’est un disque solide qui ne se moque pas du monde et ne rate pas sa cible. Il a la même force mais aussi les mêmes points perfectibles que ses récents prédécesseurs (Venom et The Nature Of The Beast). Comme j’ai déjà souligné ses qualités, il est temps de mettre en avant ce qui lui manque - à mon sens - pour s’affirmer comme une œuvre incontournable. Oui, il c’est puissant, technique, carré, direct... mais manque tout de même un peu de fraicheur et de diversité. En effet, on pourrait me dire que ce disque est un album "oublié" qui était censé sortir entre le milieu des 90s et le début des années 2000, je le croirais sans peine. Et vu que les compos ont un peu la même structure et le même ton, je ne serais pas surpris que des auditeurs (plus ou moins distraits) peinent à en distinguer/retenir quelques-unes. Enfin, comme dit plus haut, certains refrains pourraient gagner en accroche avec un aspect mélodique légèrement plus peaufiné. En dépit de ces quelques réserves qui m’empêchent de m’enflammer, je le trouve bien sympa ce War Machine et conserve mon affection pour ses créateurs... que je rêverais de voir tourner un peu par chez nous d’ailleurs. Alors, messieurs, viendrez-vous défendre cette vigoureuse machine de guerre sur scène ? Il est temps ! 

Tracklist de War Machine :

01. War Machine
02. Out Of My Mind (Heavy Metal)
03. Superkingdom
04. Wrathchild
05. What Lies Beneath
06. Hell On Earth
07. Power Grab
08. Beware The Hunter
09. Light It Up
10. Gone Insane
11. Just Another Day