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Iced Earth
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C H R O N I Q U EQue d'inquiétude à la veille de la sortie de ce Dystopia aussi attendu que redouté ! Et oui, disons-le franchement (même si certains ne seront évidemment pas d'accord), la machine Iced Earth tournait en rond depuis un moment, peinant à recréer la jubilation intense ressentie lors d'écoutes d'albums cultes comme The Dark Saga ou Something Wicked This Way Comes. Car non seulement, Jon Schaffer arrivait de moins en moins à surprendre tant ses compositions recyclaient à foison les riffs et mélodies typiques du groupe, mais en plus, les derniers albums avaient perdu en immédiateté et efficacité, car plus complexes, épiques et dotés d'arrangements certes bien faits, mais nous éloignant tout de même, à mon sens, de l'essentiel. La production et les orchestrations, aussi excellentes soient-elles (ce qui était, bien évidemment, le cas), ne font pas tout. Si la compo n'est pas transcendante à la base, on peut bien y ajouter tous les choeurs et les instruments que l'on veut, ce n'est pas ça qui en fera une bonne chanson. Mais en plus de cela, il a fallu que Matthew Barlow, LE chanteur emblématique du groupe, quitte Iced Earth pour la seconde fois de sa carrière. Pas de bol, décidément. Et bien, mesdames et messieurs, faisons fi de toute appréhension, car c'est avec grand bonheur que je vous annonce que Dystopia est un vrai bon album, un comme on n'en avait pas entendu depuis un bout de temps... et ça fait plaisir ! En effet, dès les premières mesures de Dystopia (la chanson), un sourire se dessine sur le visage de votre serviteur. En deux mots: ça envoie ! Les orchestrations et les choeurs ultra-épiques sont mis de côté pour un retour aux basiques: un riff implacable, une double grosse caisse qui n'est pas là pour faire de la figuration, une mélodie qui flatte l'oreille portée par un chant puissant. La question que tout le monde se pose ("Mais que vaut ce Stu Block ?") trouve alors une réponse immédiate: il vaut de l'or ! Son travail est remarquable et rend hommage aussi bien à Matthew Barlow qu'à Tim Ripper Owens. Le bonhomme assure que ce soit dans l'agressivité, les gueulantes aigües, ou dans un registre plus grave, profond ou mélodique... On a même parfois l'impression qu'il y a plusieurs chanteurs sur ce disque tant son registre est étendu. Stu devrait très rapidement rassurer tous les fans du groupe. Au niveau des compos, pas de vraie révolution. Ceux qui attendaient que le leader du groupe expérimente et surprenne peuvent tout de suite se faire une raison. Le conservatisme Schafferien est donc plus que jamais de rigueur ici, mais on se réjouit d'un véritable retour à l'efficacité. Bien sûr, il y avait de très bons morceaux sur Framing Armageddon (surtout) ou sur The Crucible Of Man (moins) mais, malgré mon intérêt prononcé pour le groupe et mes efforts, j'ai déjà oublié la moitié des chansons figurant sur ce diptyque. Le travail accompli était pourtant impressionnant mais ça manquait réellement d'accroche. Avec Dystopia, Iced Earth s'égare moins dans la fioriture et se recentre davantage sur des chansons qui fonctionnent. Et là, je vous assure qu'il n'y a pas à se forcer pour rentrer dans les nouvelles compos du groupe et les apprécier pleinement. Dystopia démarre sur une petite intro martiale suivi d'un cri puissant, et c'est parti pour une cavalcade au riff si cher au guitariste d'Iced Earth. Le chant est agressif, il devient aigu et rappelle forcément le style Tim Owens sur le pré-refrain. Quant au refrain, il est mélodique et efficace. Premier morceau, première tuerie. La suite ne déçoit pas, on retiendra surtout la très réussie Dark City à la deuxième moitié instrumentale qui rappelle que Jon Schaffer est un grand fan d'Iron Maiden, la méchante Days Of Rage (au refrain pas très mélodique mais rageur... forcément) qui arrive à faire encore plus concis que sa copine Boiling Point puisqu'elle ne dure que deux minutes et dix-sept secondes, la ballade au sujet personnel (la mère de Stu Block atteinte d'un cancer) End Of Innocence au refrain immédiatement mémorisable, mais surtout l'excellente Tragedy And Triumph (une chevauchée épique au tempo enlevé de près de sept minutes) qui clôt avec panache ce nouvel album. On n'y croyait plus, Iced Earth l'a fait. Avec Dystopia, le groupe nous livre tout simplement son album le plus brut et le plus convaincant depuis belle lurette (une lurette se traduisant ici par une bonne dizaine d'années). Des riffs à gogo, de la vélocité, de très bonnes mélodies et des refrains bien emmenés, une production (comme souvent) remarquable de puissance, des compos plus simples et efficaces, un nouveau chanteur qui tue... Voilà le programme ! Reste maintenant à voir ce que tout cela va donner sur scène. Le nouveau vocaliste a passé le test du studio avec les honneurs, sera-t-il aussi convaincant en concert ? Réponse début novembre. Tracklist de Dystopia : 01. Dystopia Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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