Parmi la relève metalcore, I Prevail fait désormais partie des valeurs sûres. La dynamique est bonne, le groupe américain originaire du Michigan s’impose sereinement sur notre continent. Les disques s’enchainent, les prestations en Festival à des niveaux élevés d’affiche également, le public - jeune - suit. Tout va bien pour I Prevail dans un environnement ultra porteur. Mais forcément il convient d’enchainer sous peine de rester à quai et de ne pas profiter à fond de cette "mode" metalcore. (Est-ce amené à durer ? That is the question, pas la plus existentielle je l’admets mais pas neutre pour nos scènes).

Sauf que voilà, le groupe s’est séparé de son chanteur en voix claire Brian Burkheiser et désormais le seul Eric Vanlerberghe s’occupe des vocaux. Autre changement la titularisation de Jon Eberhard à la basse lui qui assurait en tournée depuis 2023. Il épaule donc officiellement Gabe Helguera batteur depuis 2019 lui aussi par la case musicien de tournée avant d’être "embauché". On pratique la période d’essai chez I Prevail. Les guitares sont toujours assurées par le binôme Steve Menoian - Dylan Bowman. 

Trois années après True Power, voici Violent Nature. Et dès Synthetic Soul, premier titre, le décor est planté. Sonorités ultra modernes (on pense à Bad Omens sur les sonorités modernes), guitares écrasantes, I Prevail délivre une formule que l’on connaît bien mais qui fonctionne. Le breakdown sur NWO fait son petit effet. Le chant fonctionne bien, Dylan Bowman est au soutien d’Eric Vanlerberghe, ça fonctionne. Pray nous renvoie à une dimension plus mainstream / pop. C’est chanté, plutôt bien au demeurant, mais c’est un peu mièvre, ça manque d’énergie. Tout I Prevail, et bien sûr toute la scène metalcore moderne, est là. Une versatilité entre passages bien nerveux et d’autres ouvertement pop. Annihilate Me va encore plus loin. 

Heureusement, le groupe garde son cap, a bien construit son disque mais sincèrement, ça casse le rythme d’ensemble et ça finit même par lasser. Enfin le groupe trouve le moyen d’envoyer le morceau titre, deux minutes bien virulentes, probablement les plus nerveuses proposées par le groupe jusque-là. En fait, dès qu’I Prevail envoie la sauce, bah ça le fait plutôt pas mal. Pas incroyable mais sympa et efficace. Mais cette tendance à passer d’un extrême à l’autre gâche un peu, selon moi, la puissance de certains passages. Le motif de guitare de Rain est à ce titre excellent mais il y a ces passages pop chantés (ultra produit qui plus est et qui donne l’impression de se retrouver chez tous les groupes du style). Même réserve sur Into hell doté d’une chouette intro. Je n’insiste pas trop, tout cela est désormais connu et puis le groupe connaît un succès croissant. Et ce nouvel album ne pourra faire que du bien tant il se tient et répond aux codes actuels du genre qui marche. Bravo à eux, moi je reste un peu sur le quai mais je ne suis pas la cible. Le public jeune fan de metalcore va se régaler.