Je vais vous raconter un petit bout de ma vie, vous pouvez passer à la partie musique qui
débute au paragraphe suivant si vous n’en avez rien à foutre, et comme je vous
comprends. En dehors de ma passion pour le Metaaalllll, je suis très sensible aux arts de la
scène et au théâtre d’improvisation en particulier. La « méta
» est le fait de commenter ce qui se passe sur scène ou ce que le jouteur fait. Par
exemple, pour les cinéphiles, Deadpool fait très souvent ça, il
fait des commentaires alors qu’il est en plein saut pour éviter des balles qui lui sifflent
aux oreilles. Et donc voici Heavy Meta (qui est également une excellent
troupe d’impro d’Angoulême, un peu de pub au passage...) qui a su accrocher ma
curiosité par ce nom, et qui me laissait bon espoir de tomber sur un groupe a minima original.
Et il faut reconnaître que cela a été un très bon choix ! Musicalement le
quatuor originaire de Lowell dans la Massachussetts possède son univers singulier. Et même
si pour essayer de le comprendre, il faut mixer des éléments musicaux qui de prime abord
n’étaient pas fait pour se rencontrer, on croise aussi bien du métal progressif, que
des éléments rock, mathcore, hardcore voire même avant-gardiste. Oui, oui tout
ça sur la même galette. Mais surtout, ne vous attendez pas à vous retrouver sur un
long fleuve tranquille mais bien à être secouer dans tous les sens.
La musique de Heavy Meta s’affranchit d’un style particulier pour
créer le sien. Certes il est possible de penser à moult influences diverses et
variées, mais je trouve que le groupe prend ses origines aux confins du rock groovy barré
à la Primus sur Caffeine Casket, intègre des
éléments progressif sur l’excellentissimeWorms qui
ressemble à s’y méprendre à du Rush, mais sait également passer la surmultipliée et
du coup le groupe nous propose un passage que n’aurait pas renié un Converge sur Blastocyst par exemple.
Leur univers est riche, coloré et ne souffre que peu de point faible. Je trouve que la voix en
est tout de même un, qui pourrait être sorti d’un groupe de Black, ce qui ne colle pas
tout à fait à certaines ambiances bien plus fouillées. Le titre Delusions
est également un peu moins inventif que le reste de l’album, un titre qui tourne un peu en
boucle, et c’est le seul moment de l’album où six minutes (durée moyenne des
titres) de cet excellent Mana Regmata peuvent paraître longue. Mais bon au final ce ne
sont que des bémols à comparer au reste de l’album.
Et oui car pour le reste c’est du grand art, Psalm IV est un équilibre parfait
entre énergie, mélodie et groove. Les harmonies de Two Fly transportent vers un
monde plus expérimental mais toujours rock’n roll. Boötes Void s’impose
comme un monstre de caractère au service d’un rythme effréné mais
malgré tout empli de mélodie, le clavier made in 70’s y est pour beaucoup.
Vicious Wishes conclut avec une forme de douceur cet album, un solo heavy à souhait, un
chant planant, et un riff limite arabisant ; non vraiment cet album est une excellente surprise de bout
en bout.
Bref, voilà un groupe qui ne se refuse rien, ne s’impose pas de frontière et
quelque part rend un hommage à l’ensemble de la sphère Rock et Metal. S’amuser
avec un ensemble de style, de code aussi large est tout bonnement hallucinant de virtuosité.
Mana Regmata est une véritable œuvre d’art qui marie chaos et sens de la
mélodie, et suscite aussi bien la surprise que l’admiration. Messieurs chapeau bas !