Artiste/Groupe:

Haken

CD:

Virus

Date de sortie:

Juin 2020

Label:

Insideout Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

17.5/20

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J'avoue avoir été surpris lorsque j’ai appris que le sixième album des Anglais de Haken s’appelait Virus. On en tous ras-le-bol des virus et puis j’ai trouvé ça un peu déplacé, voire même opportuniste. Pourtant Ross, le sympathique chanteur s’en explique dans une vidéo : le titre n’a rien à voir avec le COVID-19 qui nous préoccupe actuellement. Il parle même de coincidence. Je vous laisse juges. L’album est lié à Vector, leur sortie précédente datant de 2018, il serait même issu de certaines idées de l’époque, qu’il fallait peaufiner. Eh ben le résultat est franchement convaincant et dépasse même pour moi l’album Vector, qui m’avait laissé un peu sur ma faim. Il faut dire que j’avais reçu, chroniqué puis acheté l’incroyable L-1ve, puis dans la foulée assisté, avec l’ami Blaster, au concert de Paris et que, du coup, le Vector m’avait paru un peu en dedans. Ceci n’a pas empêché mon collègue JimBou de lui coller un 18/20. Franchement, Virus me semble archi supérieur et je vous propose une petite écoute de l’intro de Prosthetic pour vous en rendre compte par vous-mêmes :

Alors ça défonce pas sa mémé ? Perso, j’adore ce style de metal prog très riff, avec une batterie explosive qui suit le riff. A noter que le clip a été tourné avant le confinement, pendant une journée off de la tournée avec Devin Townsend. Sur ce premier morceau, le chant de Ross Jennings est vraiment très bon. Il maîtrise bien ses aigus, offre de nombreuses variations. La batterie de Raymond Hearne est explosive, là encore c’est une signature du son assez complexe de Haken. Le son des deux guitares de Richar Hansshall et Charlie Griffiths sont vraiment énormissimes. Leur accordage bas (ou l’utilisation de guitares huit cordes) est encore un élément clef de la recette du son Haken. C’est Diego Tejeida qui est aux claviers, bien présent aussi dans le mix alors que Conner Green complète le line-up à la basse. Il double souvent le guitares, apportant encore en profondeur.

Alors vous allez me dire qu'on ne juge pas un album sur l’intro du premier morceau ? Non, certes, mais quand même. On y reviendra plus régulièrement, ça c’est sûr. D’autant que ce morceau est monstrueux jusqu’à son final et qu’après ce morceau, il y a encore de très bonnes choses. Par exemple Invasion, qui fait pas mal penser à Leprous est encore un superbe morceau, plus posé mais très prog et magnifiquement bien chanté. Sur le magnifique break, les guitares défoncent tout avec leurs riffs super bas, quelle puissance ! Les deux premiers morceaux avoisinaient les six minutes déjà mais le suivant, Carousel, lui, pousse le concept plus loin avec plus de dix minutes au compteur, c’est le morceau de metal prog qui fait le bonheur des amateurs du style. Variations de tempo, ligne de chant des plus originales, maestria des musiciens, tout y est pour mettre une ambiance qui rappelle, sur les breaks calmes, certains des derniers albums d’Opeth. Le break qui supporte le superbe solo de guitare est génial, la batterie assure un tempo de malade, la basse est un peu en retrait je trouve, dommage. Le break riffé qui suit et qui fait le pont avec le refrain, nous tronçonne en fines lamelles, alors que le dernier break calme (vers les sept minutes), presque jazzy, me file les poils. Là encore, le jeu de batterie de Raymond est une pure merveille et je trouve le son orgue Hammond de Diego particulièrement bien adapté. Des morceaux fleuves comme cela, on en redemande.

Après seulement trois morceaux (plus de vingt minutes, certes), je suis déjà emballé par cet album. Mais le feu d’artifice n’est pas terminé puisque le groupe nous propose un morceau tout aussi riche, The Strain, qui prouve une fois de plus que Raymond est un monstre derrière ses fûts. On entend plus la basse de Conner sur ce morceau. Je suis un peu moins fan du break quasi religieux du morceau. Le morceau s’enchaîne avec Canary Yellow dont l’intro possède de belles mélodies à plusieurs voix et une chouette basse qu’on entend mieux puisque les guitares sont presque au repos avec quelques petits arpèges mignons. Le refrain très haut perché est super accrocheur. Un morceau posé et très mélodique qui contraste avec le baston de Prosthetic par exemple. C’est bien ça que j’aime dans ces albums de metal prog réussis, ce mix pas toujours évident à maîtriser. 

 

Sur le modèle d’un Dream Theather ou d’un Rush, le groupe aborde un morceau en plusieurs mouvements, Messiah Complex. Cinq parties s’enchaînent pour au total presque vingt minutes de musique. Le premier mouvement est assez calme, presque pop, le suivant beaucoup plus excité, on retrouve un petit côté Dream Theather pas désagréable pour un sou. Le morceau est puissant et se fait plus symphonique avec une grosse présence de nappes de claviers. Le final de la batterie est énorme. L’intro du troisième mouvement est une sorte d’interlude presque jazzy (batterie) avec de belles harmonies vocales. Le mouvement s’anime, s’alourdit sévèrement et se termine sur une partie très prog technique. Il s’enchaîne avec un quatrième mouvement complètement hystérique. Il commence en effet par des joutes vocales (entre le chanteur et ses musiciens) dont Haken a le secret, puis prend l’auditeur complètement à contre-pied avec un solo de claviers (sonorité de saxo) complètement déjanté avant de revenir aux joutes vocales. Le cinquième et dernier mouvement me rappelle plus l'ambiance de l’album Vector, avec un thème martelé par le chant et la guitare. 

Après la furia de ce morceau à tiroir, l’album se termine par Only Stars, une petite ballade doucereuse et planante de Ross quasiment a cappella, accompagnée juste de bruitages et de quelques notes de piano.

C’est franchement un superbe album, qui restera dans mon top de l’année j’en suis déjà quasiment sûr. Le son de Haken est pour moi le mix parfait de metal prog moderne, alternant moments de puissance incroyable avec d’autres très mélodiques. Même si j’ai flashé sur le riff atomique de Prosthetic, le parfait exemple du son Haken se trouve dans le morceau fleuve, Carousel. Les gars, si vous n’avez pas encore découvert Haken, cet album me semble la bonne occasion. Un must pour les fans de Pain Of SalvationOpeth ou Leprous

 

Tracklist de Virus :

01. Prosthetic
02. Invasion
03. Carousel
04. The Strain
05. Canary Yellow
06. Messiah Complex I: Ivory Tower 
07. Messiah Complex II: A Glutton for Punishment 
08. Messiah Complex III: Marigold 
09. Messiah Complex IV: The Sect 
10. Messiah Complex V: Ectobius Rex 
11. Only Stars

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