Nouvel album pour le groupe de Hard-blues-rock suédois Graveyard avec un opus intitulé tout simplement « 6 ». C’est à se demander où il vont chercher tout ça ! Cela faisait cinq ans qu’on l’attendait après Peace en 2018 (c’est la plus longue pause entre deux albums du groupe). Pour pousser l’idée au maximum ils nous offrent six ballades sur les neuf titres proposés sur cette galette. Est-ce une coïncidence ? Ou le titre de l’album indique seulement que c’est le sixième disque de Graveyard ? Sinon c’est votre serviteur à l’écriture de cette missive qui déraille et cherche des explications où il n’y en a pas. Le choix de tant de ballades est assez intriguant d’autant que les deux titres plus punchy sont de très bonne facture. Dès le deuxième morceau Graveyard nous offre Twice, le premier single de l’album, une chanson rythmée et très rock avec grosses guitares, clavier Hammond, superbe mélodie et tout ce qu’il faut pour une très bonne chanson dans le pur style hard-blues-rock des 70’s. On retrouve cette énergie un peu plus loin avec Just a Drop, où, après une intro guitare voix qui nous laisse imaginer rapidement la suite, tout se met en place et c’est reparti pour quatre minutes de plaisir.
Pour le reste, nous avons nos six ballades. Je vois d’ici les mauvaises langues alors je vais rapidement remettre l’église au centre du village. Ce ne sont pas le genre de ballades bucoliques sous les bois, mielleuses bourrées de synthés comme on en a plein nos souvenirs. Non ! Ce sont des chansons travaillées, dans un style bluesy qui surprennent à la première écoute, mais qui nécessitent d’y retourner. L’album 6 est introduit par Godnatt, une chanson très clame ou la voix râpeuse et les cordes vocales imbibées de Jack Daniel’s de Joakim Nilsson offrent une tonalité beaucoup plus US que suédoise. Après l’interlude de Twice évoqué plus haut, Graveyard enchaîne avec I Folow you ou le côté stoner / doom plante le décor de cette chanson. Le rythme très lent surprend et lorgne par moment vers le Black Sabbath des débuts. Avec Breathe it and breathe out, le deuxième single du groupe, nos amis de Graveyard tient un sacré truc ! On retrouve toujours cette voix particulière de Nilsson, une rythmique de guitare très présente et lancinante sur tout le titre. Tout semble en retenue jusqu’au solo de guitare de Jonathan Ramm quand il lâche les cales, nous met un uppercut de boxeur poids-lourd en pleine tête pour un solo sorti de nulle part mais qui décoiffe. A tout point de vue c’est le morceau le plus abouti de cet album. Pour couronner le tout, le groupe l’a mis en images avec un clip en noir et blanc porté sur l’univers marin, top !
On retrouve le gratteux Jonathan Ramm sur Sad Song dans un tout autre registre puisque c’est lui qui pousse la chansonnette. Son timbre étant très différent de Nilsson, on apprécie le contraste, le whisky ayant dû faire moins de ravages sur ses vocalises. Je passe assez rapidement sur Bright Lights et No way Out qui se ressemblent assez et n’offrent pas tout le panel des autres titres. Deux ballades sympathiques mais ce n’est pas avec ces deux titres que Graveyard va décrocher la timbale. L’album clôture sur Rampant Fields (forcément une ballade ! Il faut suivre un peu), un titre très blues et donc assez loin de l’esprit métal. Néanmoins on peut considérer ce titre comme un un exercice de style très difficile mais réussi par le groupe qui termine son album sur une belle ouverture musicale.
Les choix musicaux pour ce numéro « 6 » de Graveyard peuvent être discutables tant cet album n’est pas simple d’approche. Les séances d’enregistrements ayant commencé en 2019, ceci explique peut-être le côté éclectique des morceaux qui le compose, le groupe a forcément évolué au gré des années et des évènements qui ont marqué le monde depuis 2019. Il faut au moins trois à quatre écoutes pour commencer à l’apprécier, alors inutile de le ranger dans la discothèque dès la première écoute en bavant dessus qu’il n’est pas bon, on digère la première écoute et on y retourne un peu plus tard. Si ce n’est pas l’album de l’année c’est un très bon opus de nos suédois que nous avons ici. Le groupe reprenant un sillon creusé en son temps par Lynyrd Skynyrd qu’on pourrait résumer à l’expression « comme le bon vin, la musique de Graveyard se bonifie avec l’âge ».
Tracklisting de 6:
01. Godnatt 02. Twice 03. I Follow You 04. Breathe in Breathe out 05. Sad Song 06. Just a Drop 07. Bright Lights 08. No Way Out 09. Rampant Lights