Artiste/Groupe:

Godflesh

CD:

Purge

Date de sortie:

Juin 2023

Label:

Avalanche Recordings

Style:

Metal Industriel

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

17/20

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Depuis 35 ans (!) Godflesh, plus culte tu meurs, traverse les décennies et les marque en profondeur. A l’instar d’un groupe comme Neurosis, qui ne remplira jamais une arène ou un stade, ses albums ne font jamais sensation, ne squattent pas les classements de fin d’année mais s’ancrent solidement dans leur époque et influencent durablement la scène metal, donnent naissance à des sous-genre, créent des hybrides et font office de références intouchables. Godflesh est un groupe d’une importance capitale sans qui tout un pan de notre musique préférée n’aurait pas la même allure, voire n’existerait pas du tout, un fondateur, un incontournable.

Purge, neuvième album du groupe, n’y va pas par quatre chemins, pas de mystères, pas de suspens, pas de minauderies, on attaque dans le dur dès la première seconde, alors la machine se met en marche, implacable, dure et inflexible. Ainsi, Nero, Land Of Lord et Army Of Non ouvrent les hostilités dans un déferlement mécanique et froid, Godflesh, sample les voix qui deviennent partie intégrante de ses beats empruntés au vieux hip hop qu’il chérit tant. Ca dissone, ça hurle, reverb’, delay, c’est noir et gris, saturé, intense, lourd ! Les bases sont posées, Purge annonce la (non) couleur et se promet douloureux.

Douloureux et aliénant mais pas que, l’ambiance change sur Lazarus Leper chargé d’un désespoir profond alors que la voix se pose et laisse échapper quelques mots seulement, déclamés dans un parfait désenchantement et pris dans l’écho sur fond de dissonances affligées.

“The same
No sense
Nonsense
Nothing 
Makes sense”

Godflesh touche au plus profond de l’âme sur The Father avec juste trois notes de clavier glaçantes, trois notes sublimes, terrifiantes qui éclairent l’opus d’une lumière blafarde mais gracieuse. Résonne alors le chant désincarné de Broadrick, trademark, qui plonge alors instantanément son projet dans une autre dimension. Purge devient profond, habité et tristement animé par le parcours tourmenté de son créateur qui, perdu, questionne le monde, interroge le ciel.

Ainsi, après un Mythologie Of Self, pachyderme au riff sale, accordé plus bas que tout, tournant autour d’un gros beat martial, Godflesh conclue sa neuvième offrande sur une grosse pièce industrielle éthérée d’une beauté sinistre, You Are The Judge, The Jury And The Executioner, huit minutes désillusionnées d’où s’échappent ces mots définitifs et sans appel.

"The Sane
The Sane
The Just
The Righteous
We Fall
We Fall
Again
Again"

Alors que l’excellent Post-Self, son précédent album sorti en 2017, semblait voir le groupe s’ouvrir à d’autres horizons, peut-être plus lumineux, Purge radicalise le propos, retombe dans ce gris cafardeux et Godflesh redevient ce monstre froid qu’il était au début des années 90, je pense au chef d’œuvre Pure (1992) et au superbe EP Merciless (1994). La production elle même semble d’époque, limite, elle craquouille par endroit, sans fioritures, elle met en valeur juste comme il faut cet amalgame légendaire, une boite à rythme implacable, la basse écrasante de G.C.Green qui gonfle les subwoofers et les riffs décharnés du patron, Justin Broadrick, à qui nous devons tant. 

Purge, comme ses prédécesseurs, ne fera pas sensation, mais, comme ses prédécesseurs, est une sortie majeure qui trouve d’emblée sa place dans une discographie monstrueuse et sans faille. Du grand Godflesh et donc un grand disque ! Voici ce qu’on appelle un instant classic.

Tracklist de Purge :

01. Nero
02. Land Lord
03. Army Of Non
04. Lazarus Leper
05. Permission
06. The Father
07. Mythology Of Self
08. You Are The Judge, The Jury, And The Executioner

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