Autant évacuer le sujet de suite : Five Finger Death Punch a beaucoup fait couler d'encre dans la presse spécialisée et les tabloïds people. Premier souci lors d'un concert à Memphis, Jeremy Spencer, le batteur, quitte la scène fâché, immédiatement suivi des autres musiciens. Ivan Moody, le chanteur se retrouve tout seul sur scène, tente de plaisanter et donner le change, mais ne voyant personne revenir, il doit s'incliner et annuler le concert. On pense le groupe en carafe, mais celui-ci s'explique rapidement et indique que l'incident est clos et qu'ils doivent un concert à Memphis. Deuxième épisode, avec des accusations de violence conjugale à l'encontre d'Ivan, encore lui. Il est entendu puis relaxé. L'affaire est confuse et toujours en cours. C'est donc enfin, et avec joie, que nous retrouvons le groupe avec une vraie actualité musicale, à savoir la sortie de Got Your Six, son sixième album, qui fait suite aux deux volets de The Wrong Side of Heaven and the Righteous Side of Hell, sortis en 2013. Si, comme moi, vous aviez apprécié ces deux albums, sachez que celui-ci est dans la même veine. Si vous n'aviez pas apprécié, passez votre chemin.

La pochette est aussi dans la continuité des précédentes, avec cette fois-ci en dessin, un golgoth zombifié, armé jusqu'aux dents et couvert d'hémoglobine. Tout un programme. L'album est court avec seulement trente-huit minutes, et je me permets de conseiller la version DeLuxe qui comprend trois morceaux supplémentaires (pas forcément super originaux mais pas mauvais). Le line-up du groupe n'a pas changé, avec outre Ivan et Jeremy déjà présentés, toujours Zoltan Bathory et Jason Hook aux guitares, et l'impressionnant bassiste aux dreadlock dans la barbe Chris Kael. La presse anglo-saxonne est unanime pour décrire comme absolument nulles les paroles des chansons sur cet album, le pompon pour Boots And Blood et ces vingt "fuck" par minute. Pour une fois que notre niveau d'anglais réputé pourri est un avantage, on ne va pas se plaindre. Ceci étant dit, vous avez toutes les paroles sur le livret pour vous faire une idée. Par contre pour les curieux qui se demandent bien ce que "Got Your Six" veut dire, sachez que c'est un terme militaire américain qui veut dire que vous couvrez les arrières de votre coéquipier (sachant que 6 h, c'est derrière, 3 h à droite, 9 h à gauche et 12 h droit devant... capté ?).

Alors question son, on est gâté car le morceau qui entame les hostilités et qui est aussi celui qui donne son titre à l'album, Got Your Six, nous assomme d'entrée par sa puissance. Après une courte intro calme, le style est quasi indus, gros riff, batterie simple. Le solo de Jason est bien foutu (la plupart le sont d'ailleurs), et Ivan arrache tout côté chant. T'as franchement pas envie de l'emmerder le gars. J'imagine le feu dans le pit sur le refrain. Effectivement ça semble parler de combat et de mecs qui ne se rendront jamais. Pas de la dentelle, mais ça le fait bien. T'as un peu les nerfs dans les embouteillages, t'écoutes ça, ça calme... ou pas et tu pètes ton volant. Le morceau suivant, Jekyll and Hyde, est un des meilleurs de l'album. Pour la petite histoire, sur l'intro, on entend Ivan qui laisse sa ligne de chant presque rappé, sur la boîte vocale de Jason, pour lui faire écouter sa dernière trouvaille. Zoltan a posé un riff de malade dessus, et voilà. Le refrain est hyper accrocheur, avec pas mal de gros chœurs du groupe qui répondent à Ivan, c'est presque tribal. La vache ! Ca décoiffe.

Wash  It All Away est plus heavy, avec pas mal de chant clair, assez réussi, typiquement le morceau qui va faire un carton sur les ondes des radios FM américaines, déjà friandes des précédents tubes du groupe. Dans le style énervé mais politiquement correct, c'est bien fait. C'est aussi le style de Ain’t My Last Dance, couplets hyper énervés et hurlés, refrains en chant clair et plus posé. Un des clous de l'album est pour moi le très heavy No Sudden Movement, le refrain est une véritable tuerie. Le coup des "Click Clack Reload", c'est très bon. Ca fait très jeu vidéo violent. Un autre excellent morceau de cet album est Question Everything, qui a un petit air de vieux Linkin Park, avec des couplets calmes et superbement chantés et un refrain plus rapide. Encore un morceau tubesque, qui va cartonner sur les radios US c'est certain. On y trouve même un break sympho, avec violon et solo de guitare flamenco. C'est un peu cliché ? Mais non...
Meet My Maker est un morceau super riffé, un peu moins original, mais qui passe pas mal. Boots and Blood n'est pas si mal, si on fait abstraction de 50% des paroles qui sont à base de "fuck". C'est sûr que sur scène ça risque de faire un carnage, comme avec le "Burn motherfucker burn" endiablé qu'on a pu voir au Hellfest cette année. La grosse power ballade, c'est Digging My Own Grave, c'est bien chanté mais pas forcément mon truc. Il y a un golden egg (un morceau caché) à la fin de l'album. Une track non indiquée de une minute trente de vide puis le message original d'Ivan sur le répondeur de Jason. Marrant.

Globalement je me suis bien éclaté à l'écoute du gros son de 5FDP. C'est peut être trop alternatif, nu metal, conventionnel, américain pour certains, mais il y a vraiment du GROS son, une profondeur de dingue, accentué par des sub-basses, la voix impressionnante d'Ivan et des compositions bien foutues qu'on n'a aucun mal à s'accaparer : bon pour le service !



Tracklist de Got Your Six :

01. Got Your Six
02. Jekyll and Hyde
03. Wash It All Away
04. Ain’t My Last Dance
05. My Nemesis
06. No Sudden Movement
07. Question Everything
08. Hell To Pay
09. Digging My Own Grave
10. Meet My Maker
11. Boots and Blood

Deluxe Edition Bonus Tracks:

You’re Not My Kind
This Is Not My War
I Apologize