Parfois, on se dit que pour faire un bon album, un album
digne d'intérêt, il faut que tout soit complexe, recherché. On réclame des morceaux
qui durent des plombes, qui parlent d'existentialisme de l'humain, qui pondent cent mille plans par
minutes... On veut du compliqué, on veut se creuser les méninges.
Moi je dis : c’est des conneries, tout
ça ! Parce qu’on aura beau être fan de je-ne-sais-quel-groupe de death-prog ou de
black-atmo, au final, on a tous écouté AC/DC.
Tain, v’là le talent des gars ! Pas besoin de tout ce que j’ai cité avant,
pas besoin de tout cet apparat pour te balancer à la gueule un point central : quand le
morceau tue, le morceau tue. Point à la ligne. Tiens, nan, point et saut de ligne.
Le punk fait ça. Après tout, tout vient de
là, nan ? Pourquoi s’emmerder à tourner en rond ? Pourquoi faire
compliqué quand on peut faire simple ? Trois minutes max, un riff bête comme chou, une
rythmique de mongol, des paroles à la con et un refrain qui tue. Ça, c’est ce
qu’on appelle l’efficacité. C’est précisément avec ça que les
pionniers sont arrivés. C’est précisément avec ça que Fake
Names tire son épingle du jeu dans les albums de 2020 et c’est
précisément avec ça qu’ils m’ont poussé à l’achat !
‘sont forts, hein ?
Mais c’est quoi, au juste, ce groupe ? Eh ben
c’est un collectif de musiciens de groupes punks légendaires. Juste pour citer, on a
Brian Baker (qui a "juste" joué dans Minor Threat et Bad Religion) à la gratte et Dennis
Lyxzèn (qui hurlait dans Refused) derrière le micro, avec un chant
clair du plus bel effet. De base, ça fait rêver. Fake Names, c’est
l’histoire de deux gratteux qui jamment et qui ont dix super titres en stock. Un chanteur, un
bassiste et un batteur – de session – plus tard et hop, direction Epitath pour trouver un
producteur. Producteur qui aura la riche idée de publier le disque avec le mixage simple que les
gars ont présenté. Pas d’overdubs, pas de surproduction, rien de clinquant, rien
qu’un son brut et des compos qui tuent. Il y a quelques semaines, je t’avais poussé du
doigt l’excellent dernier album de Green
Day, petit bijou assez sophistiqué (pour du punk, soyons clairs). Cet album en est
l’exact opposé. Que de la simplicité, que de l’efficacité et un son
conçu à l’arrache. Les deux seraient donc complémentaires ? Ma foi,
peut-être bien.
Vingt-huit minutes au compteur, une pochette simple, une
typo passe-partout. Même pour l’emballage, les mecs privilégient
l’efficacité ! Bon et niveau titres alors, ça donne quoi ? Nan parce que
c’est bien gentil de nous bassiner avec toutes mes belles théories à la noix, mais si
l’album est bien, s’agirait d’expliquer pourquoi. Je te l’ai dit plus haut, ami
lecteur impatient, cet album sans titre est si bien parce qu’il est composé de dix titres qui
tuent. Du pur punk rock basique, sans fioritures. Et incroyablement bien foutu. Pas besoin de dix mille
écoutes pour saisir la complexité de la composition, des enchaînements, des tiroirs ou de
toutes ces billevesées. Il suffira d’à peine deux minutes – une minute
quarante-trois précisément – pour se prendre Brick en pleine gueule et
comprendre.
On parle d’efficacité, je le
répète. Ça fait rien qu’à bien chanter, qu’à riffer avec soin.
Ça solotte pas, pas besoin. Et les vingt-huit minutes passent si vite… Au final, on a
qu’une envie : le réécouter au plus vite ! Parce que, mince, c’est quand
même pas mal, ça. Et dès la deuxième écoute, on est en terrain connu, on
connaît déjà tous les morceaux, on se surprend même à fredonner les airs.
Attention, cela dit, le groupe a la riche idée de glisser un tas de petites mélodies ici et
là : une mélodie étonnante sur Heavy Feather, un riff qui tue sur
Brick, une ouverture tubesque au possible avec All For Sale, la petite speederie
finale… Et des refrains ! Mon Dieu, ces mecs vivent pour ça, le refrain qui
défonce, celui que tu gueules avec eux ! Brick, encore elle. Mais aussi tant
d’autres… Au final, le seul défaut de cet album serait peut-être de ne pas en
avoir. Du moins, pas un évident qui viendrait tout gâcher. Ah si, ce disque me rappelle que
Baker ferait mieux de caler ses petites idées dans les prochains albums de
Bad Religion. Je dis, je dis rien...
Alors ouais, c’est pas metal. C’est pas
hard, c’est pas violent, c’est pas bourrin. Ça s’écoute sans pression, sans
prétention. On pense parfois même à des groupes comme les Foo Fighters – sur Driver par exemple. On se met
ça en fond sonore pendant une soirée avec des amis, à fond en bagnole, le matin pour se
mettre de bon poil. Merde, ça pourrait presque passer en radio par moments ! Sacrilège,
hein ? Oui, mais non. On va quand même pas s’interdire de prendre son pied, parfois,
si ? Allez, laisse-toi tenter. Au pire, il est publié gratos par le label sur youtube, clique
donc ici !
Tracklist de Fake Names :
01. All For
Sale 02. Driver 03. Being Them 04. Brick 05. Darkest
Days 06. Heavy Feather 07. First Everlasting 08. This Is
Nothing 09. Weight 10. Lost Cause
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