Je l’ai déjà dit et tu le sais déjà si tu as suivi mes chroniques au fur et à mesure de l’année : 2020 aura été un bon cru pour le thrash. Je ne vais pas refaire la liste de tout ce qui a été bon, il te suffit de relire mes bêtises (et celles de l’ami Blaster). L’année va se terminer très prochainement, il fallait bien qu’elle se finisse en beauté, avec un petit album qu’on n’avait pas vu venir…
Evildead. En plus d’être le nom de la meilleure trilogie de l’histoire du cinéma horrifique (bisous, Sam Raimi et Bruce Campbell), c’est le nom d’un groupe de thrash de deuxième, non, de troisième division. À part les fondus de thrash, les cinglés dans mon genre, personne ne connaît.
Pourtant, c’est un fort chouette groupe ! Bien sûr, je ne te le vendrai pas comme le petit Slayer inconnu, ce mythe du "groupe que personne ne connaît mais qui pourrait largement faire partie des grands". Non, je ne crois pas à ces mythes. Certains groupes n’ont pas eu la reconnaissance qu’ils méritaient, certes, mais aucun de ceux-là n’aurait mérité sa place parmi les très grands.
Evildead n’est pas un grand groupe, ce sont des petits gars qui font du thrash réservé aux amateurs de thrash, quoi que cette expression veuille dire. Mais comme je présume qu’on est justement entre amateurs de thrash, sérieux, les gars, leur Annihilation of Civilization sorti en 89, faut bien le dire, il "tue sa mère" ! Un excellent petit disque de thrash de derrière les fagots, qui n’a pas sa place dans un top 10 mais peut-être dans mon top 30. À titre de comparaison, je ferai un parallèle avec le très recommandable album de Pyracanda, dont j’avais parlé il y a déjà longtemps.
Et du coup, c’est quoi, Evildead ? Du thrash, oui, on avait compris. Mais quel genre de thrash ? Eh bien c’est un mix de tout ce qui va : ça file à la vitesse de la lumière, ça riff comme c’est pas permis, ça défouraille, ça défonce et ça te hurle la fin du monde au visage. Pas trop sucré, ça reste du thrash, mais pas trop bourrin non plus. Pile le genre d’alliage qui me plaît, vraiment, il faut écouter Annihilation.
La suite, on connaît : années 90, déclin du thrash, les grands dévient de leur trajectoire et les petits meurent. Donc, après un deuxième album sympa sans plus, Evildead c’est fini. Et comme on est maintenant en 2020, que c’est une année thrash intéressante et que c’est surtout une année qui a su montrer son côté imprévisible, Evildead revient. Quoi ? Après presque trente ans ? Mais ils ont des trucs à dire ? Tu as déjà vu la note : à l’instar de Sacred Reich, Evildead aura réussi son retour inattendu.
United States Of Anarchy, un sacré titre de merde. M’enfin Annihilation Of Civilization, ça sentait pas le génie non plus. Une pochette foutrement thrash, avec monsieur Repka derrière les crayons, forcément. On retrouve même le vieux monsieur des anciennes pochettes du groupe. Pas de doute, on ne se moque pas de nous et on va en prendre plein les oreilles !
L’album est court : trente-cinq minutes pour neuf titres, pile poil le bon format qui te donne envie de le relancer dès qu’il est terminé. Trente-cinq minutes de thrash effréné, de riffs de partout et de paroles tantôt déclinistes, tantôt révoltées, un bloc solide, pas franchement varié mais ô combien jouissif. Dans le monde qui part en sucette dans lequel on vit, Evildead a forcément une résonance particulière. Encore une fois, je n’en ferais pas les prophètes de l’apocalypse à venir, je suis plus malin que ça, mais Evildead s’inscrit parfaitement dans cette tendance du thrash à décrire notre monde. M’enfin les paroles, c’est en anglais, on comprend pas, la flemme. Les riffs, par contre, ça parle à tout le monde. Et là, j’aime autant te dire que tu as de quoi faire ! Chaque morceau a son quota, y’en a pour tout le monde et je te souhaite bien du courage pour ne pas perdre la tête à force de headbanger comme un cinglé !
Mais trêve de tergiversions, après tout Evildead n’en fait pas. Ce United States Of Anarchy fait exactement ce qu’il doit faire, avec brio et furie, avec talent et vitesse. Un bien chouette disque, qui ne fera pas tache dans la discographie du groupe, qui donne un intérêt à leur retour et qui conclura en beauté mes écoutes thrash de 2020. Allez, à l’année prochaine !
Tracklist de United States Of Anarchy :
01. The Descending 02. Word of God 03. Napoleon Complex 04. Greenhouse 05. Without a Cause 06. No Difference 07. Blasphemy Divine 08. A.O.P / War Dance 09. Seed of Doubt
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