Artiste/Groupe:

Epica

CD:

Omega

Date de sortie:

Février 2021

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal Symphonique

Chroniqueur:

florentc

Note:

18.5/20

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P..... cinq ans. C’est le temps qu’aura mis Epica pour nous donner un successeur à The Holographic Principle. C’est long, très long, surtout quand le groupe nous a habitué à des sorties régulièrement espacées de deux années. Entre le besoin de faire un break et les tournées incessantes du groupe après tant d’années, rien d’étonnant au final. Et autant prendre son temps et sortir un bon album plutôt que de sortir l’album de trop, trop vite. Malgré tout, les bataves ne nous ont pas laissé sans rien à nous mettre sous la dent. Ainsi on a tout de même pu apprécier la sortie de deux EP : The Solace System et  Epica vs Attack on Titan Songs, dans lequel le groupe reprenait à sa sauce les chansons du manga L’Attaque des Titans. En fin d’année dernière, le groupe a également publié un album de faces-B issus de The Quantum Enigma, malheureusement disponible uniquement sur les plateformes de streaming, ce qui a le don de m’agacer... D’autant plus qu’on peut y découvrir de belles petites pépites méconnues (forcément). De leur côté, Simone a continué à travailler pour Ayreon, et Mark a sorti un brillant troisième opus avec son projet Mayan. Bref, tout ce petit monde n’a pas vraiment chômé en cinq ans. 

Comme souvent avec le groupe, les thèmes abordés sont les croyances spirituelles, la science, la vie après la mort, ou même l’urgence climatique. Bien que "Omega" signifie "la fin", en aucun cas ce huitième opus ne sera le dernier. La pochette, quant à elle, est superbe. A titre personnel, la plus belle avec The Quantum Enigma. Elle fourmille de détails plus ou moins cachés, encore un gros travail de la part du groupe. Et en parlant de travail, parlons musique. Là encore Epica semble être allé encore plus loin. Orchestre au grand complet, un chœur plus grand, un chœur d’enfant (jamais utilisé encore par le groupe), instruments ethniques... Et selon les dires du groupe, Omega serait un mélange entre Design Your Universe et The Quantum Enigma (certainement mes deux préférés du groupe). La présence de Kingdom of Heaven, Part 3 - The Antediluvian Universe, dont les deux premières parties étaient présentes sur ces deux albums, confirme ces propos. Avec en outre un line-up d’une incroyable stabilité depuis presque dix ans maintenant, on est en droit d’être optimiste quant au résultat final ! Bref, hâte de lancer l’écoute.

Comme d’habitude, un album d’Epica commence avec la traditionnelle introduction. Alpha - Anteludium débute de façon intimiste à la manière de Everything Fades To Gray qui ouvrait l’album The Days Of Grays de Sonata Arctica. Puis l’orchestre et les chœurs font monter la pression pour accueillir Abyss of Time - Countdown to Singularity, qui fut le premier single dévoilé par le groupe. Dès les premières notes la magie opère. Le jeu entre le growl de Mark et la voix cristalline de Simone apporte un côté épique bien vu. Les chœurs sur la fin sont sublimes. Rien à dire, le début d’album est prometteur. Epica, en plus d’appliquer à la lettre sa recette à la perfection, apporte encore quelques nouveautés. Ainsi, on peut découvrir un chœur d’enfant sur The Skeleton Key. Un titre à l’ambiance sombre et inquiétante, avec une Simone théâtrale à souhait. Les chœurs d’enfants justement sont parfaitement mis en valeur, avant un beau solo de guitare. Encore une exécution hors pair pour un titre rappelant un peu le Ghost River de Nightwish

Epica a toujours eu un faible pour les ambiances orientales. Le groupe l’a une nouvelle fois montré ici. Seal of Solomon et Code of Life en sont de parfaits exemples. Le premier nous offre une des plus belles parties de chœur de l’album, et de nombreux ajouts d’instruments ethniques, que le groupe n’a pas hésité à mettre en valeur. Le deuxième enfonce le clou, entre Lawrence d’Arabie et Les Mille et Une Nuits. L’intro fait penser cette fois au début de March Of Mephisto de Kamelot. Le refrain entre Simone et les chœurs d’enfants sont encore une fois un pur régal.

Comme indiqué plus haut, le groupe a décidé de parler de l’urgence climatique. Ca tombe bien, le titre en question, Gaia, excelle une nouvelle fois. La mélodie du refrain est très fluide et aérienne. En parfait contraste avec les growls. La présence du clavier nous ramène en arrière aussi. Un titre indispensable à jouer en live. Mais le gros morceau de l’album est évidemment Kingdom of Heaven, Part 3 - The Antediluvian Universe. Introduction avec diverses flûtes Andines, avant que les cordes subtiles, un solo de violon et tout l’orchestre ne déboulent. Ajoutez les chœurs et le groupe qui débarque... des frissons de dingue ! Jamais le groupe n’a sonné aussi épique et cinématographique que sur cette intro. Quel bonheur ! Rob van der Loo et  Ariën van Weesenbeek s’en donnent à cœur joie. Cette troisième partie débutée sur Design Your Universe est certainement la plus aboutie et la plus réussie, c’est dire le niveau. Coen Jansen a également droit à son heure de gloire avec ce solo de piano, suivi de la surpuissance des chœurs. Et le metal dans tout ça ? Et bien Epica confirme que dans ce domaine il surclasse aussi la concurrence. La deuxième partie du titre est un florilège de puissance et d’agressivité. Le dosage avec les parties orchestrales est absolument parfait. La partie avec Simone entonnant une mélodie digne d’un Tim Burton juste avant la partie la plus violente (un bon gros death et blast beat) prouve la dextérité du groupe à nous servir une diversité de propos qui force le respect. Ce constat vaut pour tout l’album. Le groupe a trouvé une justesse où chaque membre peut s’exprimer à fond. 

Le seul titre procurant moins d’émotion et de frisson est Twilight Reverie - The Hypnagogic State. Evidemment pas mauvais, mais il n’a pas cette mélodie et cette classe que dégagent les autres titres. Car oui, cet album ne possède QUE du très très bon. Même la ballade, Rivers, est réussie. Notamment sur la fin grâce au solo de guitare et au chœur d’enfants, une nouvelle fois présent pour magnifier un titre. L’album se termine sur Omega - Sovereign of the Sun Spheres, dont l’intro et l’outro sont portés par des cuivres puissants. Encore une réussite et un condensé de ce qu’a proposé le groupe sur cet Omega.

 

Epica enfonce le clou avec cet album et démontre toute sa force et sa cohérence. A l’heure où Nightwish semble partir vers une autre direction (sans parler du départ de Marco Hietala), Epica, lui, trace sa route, avec une qualité et une stabilité qui fait plaisir à voir et à entendre. Les cinq ans d’attente en valaient la peine. Dans le style, les Hollandais n’ont vraiment aucune concurrence sérieuse. Hormis des groupes comme Xandria ou Diabulus In Musica (en les regardant de loin), franchement qui peut aujourd’hui se targuer de proposer une musique aussi bien composée, aussi riche, aussi bien produite, aussi metal et aussi orchestrale ? Encore une fois, la force de cet album réside dans le fait que le groupe a tout fait comme il faut. Encore plus metal, encore plus orchestral, les Bataves ont gardé leur recette en y incorporant des nouveautés, et chaque musicien peut s’exprimer sans prendre la place du voisin. 

Quelques mots sur l’édition earbook. Elle contient trois cds en complément. Un disque de quatre titres acoustiques, l’album en instrumental et l’album en version orchestral. Comme sur The Quantum Enigma et The Holographic Principle, le groupe a transformé certains titres en acoustique. Rivers est intégralement interprétée A Capella, ce qui lui confère une atmosphère religieuse, sacrée. Superbe. Abyss of Time quant à elle est transformée en un titre folk à l’aide de flûtes et violons. Omega oscille entre orgue hammond et un hommage à Ennio Morricone (inutile de le préciser, mais c’est classieux). Pour finir, Code of Life passe de l’Orient à une ambiance latino. Epica a le don de transformer ses titres au lieu de simplement en faire des versions acoustiques standard. Non seulement l’effort est louable, mais le résultat est très largement à la hauteur. Bravo !  L’album instrumental est l’album, sans les growls ni le chant de Simone, mais avec la présence des chœurs. Ce qui permet d’autant plus d’apprécier toutes les parties purement metal, et de contempler le travail, notamment de la basse. Pour terminer, l’album en version orchestral est la version la plus intéressante. Cette fois-ci, c’est tout le travail de composition pour l’orchestre qui est mis en valeur. Et redécouvrir certains titres, à l’instar de Seal of Solomon et Code of Life. Et s’apercevoir réellement du travail d’orfèvre effectué sur les instruments ethniques. Bref, une version quatre cds ultra complète pour les die-hard fans.

 

Tracklist de Omega :

01. Alpha - Anteludium
02. Abyss of Time - Countdown to Singularity
03. The Skeleton Key
04. Seal of Solomon
05. Gaia
06. Code of Life
07. Freedom - The Wolves Within
08. Kingdom of Heaven, Part 3 - The Antediluvian Universe
09. Rivers
10. Synergize - Manic Manifest
11. Twilight Reverie - The Hypnagogic State
12. Omega - Sovereign of the Sun Spheres

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