Artiste/Groupe:

Enslaved

CD:

In Times

Date de sortie:

Mars 2015

Label:

Nuclear Blast

Style:

Black Metal Viking/Progressif

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

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Et de treize !

Treize foutus albums enregistrés par les maîtres norvégiens d’Enslaved, en bientôt vingt-cinq ans de carrière. Ca laisse rêveur, autant de régularité. D’accord, le line-up a pas mal changé depuis Vikingligr Veldi, mais la qualité, elle, est restée la même ! Et à cette régularité surhumaine, vous pouvez y ajouter une évolution et un renouvellement constant de leur savoir musical. De quoi devenir complétement dingue ! Non mais, vous vous rendez compte ? D’Isa à Riitiir, il y a pas mal de chemin ; et pourtant, Enslaved conserve toujours un son unique, une intensité incroyable et une narration incomparable.

Mais cessons ces éloges et laissons parler le nouveau bébé norvégien.

Si In Times semble poursuivre la voie des albums de Black progressif d’Enslaved, il fait aussi bien plus que cela, en nous emmenant dans des contrées moins violentes que les précédents albums (ce qui pourrait dérouter certains fans). Dès la première piste, nous sommes plongés dans un tourbillon de voix écorchés et criardes. L’auditeur est comme aspiré dans ce maelstrom métallique, perdu dans un ouragan qui ne lui laisse aucune porte de sortie, et pourtant ! Pourtant… Une voix claire prend la suite, comme sait si bien le faire Enslaved, avec des sonorités et mélodies beaucoup plus « folkloriques », à la manière d’un Finntroll. Puis la progression se fait crescendo. Voix criardes mélangées aux voix claires chantantes et ritualisées, le tout dans un chaos sonore impressionnant, mais qui porte, porte l’auditeur dans un tourbillon dont il ressort finalement grandi, et aussi fortement impressionné. Le jeu d’Enslaved n’a pas disparu, et on est bien rassuré sur ce point !

Vient ensuite Building With Fire, la grande piste d’In Times pour moi. Une révélation et un enchantement quasi jouissif. Enslaved commence dans un style de prog proche d’Opeth, c’est agréable, bien ficelé et très entraînant. Mais très rapidement, une voix se fait plus agressive, partant dans des aigus impressionnants et destructeurs. Building With Fire alterne des instants d’extrême beauté à des passages où une force et un pouvoir surhumains semblent soulever le sol et pousser vos désirs jusqu’à leur assouvissement rédempteur. Jouissif, vous dis-je ! On aurait envie de gueuler « building with fire » à s’en rompre la colonne vertébrale, un pur moment d’extase.

Aucune piste d’In Times ne fait moins de huit minutes. Ca vous donne à peu près une idée de l’intensité qu’on peut ressentir de bout en bout de l’album. C’est d’ailleurs à la piste éponyme que revient la palme de la longueur avec ses presque onze minutes. Il faut dire qu’on ne les sent pas du tout passer. Tout est très bien organisé, contrôlé à la quasi perfection, tout en laissant un brin de folie, ce qu’Enslaved sait toujours très bien faire. On y sent des envolées à la Pink Floyd, puis très vite reviennent les sonorités norvégiennes, aiguës, pénétrantes et affûtées comme des lames brillant à la lueur blafarde de la lune. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est Daylight (la lumière du jour) qui vient finir (comme contrepoint à la piste précédente) ce magnifique opus.

In Times est un pavé de plus dans la somptueuse cathédrale construite par Enslaved. A la fois tortueux, pénétrant, incisif mais aussi magistral, lumineux et jouissif dans les longueurs. In Times est tout cela à la fois, forme de clair-obscur insaisissable, mais pourtant rassurant. Une petite réussite en somme.

 



Tracklist d’In Times :

01. Thurisaz Dreaming
02. Building With Fire
03. One Thousand Years Of Rain
04. Nauthir Bleeding
05. In Times
06. Daylight