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Eibon |
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II |
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Avril 2013 |
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Throatruiner Records |
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Sludge, Black Metal |
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Mythos |
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16/20 |
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C H R O N I Q U E
« Mes amis, c’est pour la France ! »
D’entrée de jeu, Eibon nous lance dans sa danse macabre, baïonnette au poing et casque de poilu fixé sur la tête, on se lance à corps perdu dans la bataille, prêt à en découdre avec l’ennemi, mais prêt aussi à mourir. Balle perdue, sniper ennemi, grenade à fragmentation, vous n’avez que l’embarras du choix. Mais ce choix ne vous est pas dévolu, car vous serez indubitablement écrasés par la puissance de la musique d’Eibon… "Fuyez pauvres fous !"
Entrons dans le vif du sujet à présent. L’album n’est composé que de deux pistes, mais attendez, quelle puissance ! Eibon fait un sans faute d’un bout à l’autre de l’album. Les Français oeuvrent dans un Black Metal acidulé aux résonances Sludge et progressives. Le rendu est efficace, l’auditeur est constamment sur la corde raide, oscillant entre la violence blasphématoire du début et la progression entraînante qui suit dans The Void Settlers. La gradation est splendide, et cela grâce à une montée psychédélique soutenue par une batterie et une guitare lourde, qui, lentement, puis en progression crescendo, nous amènent vers un chant, qui lui aussi, sans répit, martèle la terre macabre des tranchées. « Protégez-nous ! » annonce une voix qui paraît tout droit sortie d’un poste radio des années 20. Oui, protégez-nous, car cela ne fait que commencer.
S’ensuit donc Elements Of Doom, qui entame le carnage inévitable dans un Black Metal qu’on pourrait qualifier de classique, où l’on retrouve avec joie les riffs traditionnels qui ont fait la gloire du genre, nous laissant, encore une fois, sur la fameuse corde raide du début. Le tout sied merveilleusement bien à la musique avancée par Eibon. Car même si Elements Of Doom n’atteint pas la perfection de la première piste, le groupe parvient tout de même à nous laisser bêtements suspendus aux guitares qui semblent s’affoler à la vue du tableau spectaculaire que la guerre a engendré malgré elle. Renvoyant ainsi au tableau du grand Otto Dix, qui trône par ailleurs majestueusement sur la pochette d’Eibon. Mais attendez, ce n'est pas fini, le poste radio vibre à nouveau sous les bombes de la Grosse Bertha, la voix s'écrie : « Au secours ! On assassine des hommes ! ». Et la musique reprend de plus belle, en violence acharnée, à la manière d’un groupe comme October File, mais en plus grésillant, en plus sale, en plus brutal. C’est la guerre, mais pas n’importe laquelle, la Grande Guerre, la plus frappante par son horreur ; celle qui, de corps à corps, a construit le tableau macabre d'Otto Dix. Rien ne nous est épargné, aucun répit, aucune échappatoire n'est possible, comme le confirme la voix du poste radio :
« Des nuits sans sommeil, des jours sans fins ».
L’album se clôt finalement dans une ambiance apaisante, on entend à présent la pluie, des sons résonnent en arrière-plan, c’est la fin, définitivement la fin. Eibon, en artiste chevronné, nous a dessiné un tableau majestueux, celui d'une guerre qui a fait plus de quarante millions de morts. Ne l'oublions pas.
Eibon a frappé un grand coup.
Tracklist d’Eibon :
01. The Void Settlers 02. Elements Of Doom
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