Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas pris trop de plaisir à commenter le premier album du multi instrumentalise américain Jason Ingalls. Sorti sous la coupole son projet personnel Echo Response, Triangles est un album expérimental reggae dub prog, 100% instrumental et à tendance ésotérique… Je ne souhaite pas outre mesure effrayer nos lecteurs, mais Triangles ne correspond presque en rien aux standards musicaux de votre site metal. C’est une sorte de capsule musicale extratemporelle qui vous plonge dans l’univers du natif de Portland. Bercé d’influences dub, reggae, electro, jazz et world music et influencé tant par le côté expérimental d’un David Byrne (Talking Heads) que par l’aspect imagé des musiques d’Ennio Morricone, Triangles va vous emmener en terrains inconnus, mais pas forcément hostiles.

Il y a un certain charme à considérer Triangles, notamment si l’on prend en compte la performance globale de Jason. Je ne sais pas exactement combien d’instruments sont utilisés dans l’album, mais sachant que lui seul est impliqué, cela reste impressionnant. Certes les couches et les enchainements sont parfois un peu brouillons et fleurent bon un certain amateurisme, mais cela reste quand même une putain de performance. Après le contenu, je ne vais pas trop m’avancer ; simplement, ce n’est pas ce que j’écouterai à longueur de journée. Presque tous les titres proposés ont une base dub et une rythmique reggae qui me lasse assez rapidement. Malgré une durée des titres très limitée (entre trois et cinq minutes en moyenne), la répétitivité rythmique de ceux-ci finit par agir comme un boulet que l’on traine, et ne permet pas d’apprécier pleinement les spécificités de chacun. Dans le quatuor de départ, par exemple, seul One Door Opens ne possède pas cette base dub. Pourtant, si The Approach est clairement reggae, BIFAR lui se tourne vraiment vers une fusion jazz alors que Two Triangles apporte une touche expérimentale, permettant au côté « krishnien » de One Door Open de ne pas trop paraitre hors sujet.

Le duo suivant est spatial, répétitif et rock expérimental et apporte un ilot de sécurité au milieu de cette jungle musicale. The Mountain et Quite The Curious State ne sont pas vraiment plus faciles, mais comme ils fusionnent jazz, groove avec un l’univers musical de Radiohead, l’auditeur se sent peut-être moins perdu. Tout au moins jusqu’à la seconde partie plus expérimentale de Quite The Curious State qui, par ses incrustations sonores, fera simplement exploser la sécurité acquise auparavant. Le quintète de fin sera lui définitivement dub reggae. Sixteen Sunsets est, comme il se doit, dub et groove. Le saxo apporte une touche très fusion sur une seconde moitié un peu brouillonne. Circular Spaces est léger, plus rapide, presque ska, et franchement electro avant de devenir…spatial. Detectives est caraïbéen dans son rythme et ses instrumentations. Lassant même au bout de deux minutes et demi. Le dub de Morpheme, son xylophone, sa clarinette et sa répétitivité, à défaut de me plaire, donne un côté prog-fusion pas inintéressant. Quant au reggae-funk-afro bit de Rayquaza il m’achève et me fait dire que trois-quarts d’heure de tout ceci c’est définitivement trop pour moi. Voilà, donc une expérience, pas la meilleure que j’aie eu, mais bon ; il faut un peu de tout pour faire un monde. Même des trucs chelous, iconoclastes et expérimentaux comme ce disque de Echo Response.

Tracklist de Triangles :