Ce n’est pas sans fébrilité que je m’attaque à la chronique de ce disque. Ultra référentiel, culte de chez culte. Premier point pour se lancer, aborder le nom de ce disque. Sorti sous le nom de groupe Ocean Machine et dénommé Biotech. Sorti à l’été 1997 au Japon mais seulement en 1998 en Europe, cet album a connu un lancement discret avant que sa réputation ne grandisse rapidement. Je vais me permettre de simplifier en parlant ici d’un projet solo de Devin Townsend quand bien même le Canadien s’est fait aider sur ce projet solo clairement réfléchi en opposition à la déferlante de violence musicale générée par le groupe Strapping Young Lad, dont la réputation n’est plus à rappeler. Devin Townsend avait déjà l’image d’un artiste bien dans son monde, pour ne pas dire "perché", et cet Ocean Machine n’a pas démenti ce point.
Avec ce projet délirant et incroyablement ambitieux, Devin Townsend souhaitait proposer une autre facette de sa personnalité musicale. L’idée ici est de rendre hommage à l’océan, sous toutes ses formes et le résultat est tout bonnement incroyable. On se demande comment le sieur a tout ça en tête. On saura par la suite que la créativité ne lui manque pas mais à l’époque, ce fut une surprise pour tout le monde. On retrouve ce qui fera sa réputation, des couches assez épaisses de guitares superposées, un registre assez heavy et autrement plus accessible que celui de SYL. L’excellent exemple qui vient en tête est ce single Life, extraordinairement catchy et d’une efficacité merveilleuse. Riff lumineux, refrains en or et ce "See you on the other side" en hommage à un ami disparu pour une sublime dédicace. Les moments forts ne manquent pas : Night envoie un tempo remarquable et très dynamique et le triptyque Regulator/ Funeral (avec son intro exceptionnelle donnant sincèrement l’impression d’assister à un lever de soleil en contemplant l’océan) / Bastard est pour le moins inspiré. Le résultat est lumineux, enthousiasmant et les superlatifs peinent à décrire l’impression laissée par l’écoute. Allez, pour faire le difficile (et là ça me coûte un peu), le Seventh Wave en ouverture souffre de la comparaison avec Life lorsque son riff déclenche réellement les hostilités mais quel disque ! Le final The Death Of Music voit Devin aller au bout de sa démarche ambitieuse en mode déconstructiviste.
Ce disque n’a pas plus boosté que ça la carrière de Devin Townsend tant l’impact SYL était déjà énorme mais ce fut la découverte d’une autre facette du talent du Canadien. Paradoxalement, cela éloigna Devin Townsend de SYL et l’encouragea à continuer sa carrière solo. Vu la qualité proposée ici, on n’a pas eu à s’en plaindre. AvecInfinity, Devin Townsend ira encore plus loin dans son délire y laissant au passage une partie de sa santé mentale. Incroyablement créatif, d’une puissance et d’un sens mélodique envoûtant, ce Ocean Machine est un must, un chef-d’œuvre indispensable à tout fan de heavy. Et aussi la première pierre solo (bon techniquement le second album solo mais le premier était passé inaperçu ou presque) d’une carrière que le Devin allait se construire. Preuve de l’impact de ce disque, c’est vers celui-ci que Devin se tourna pour enregistrer son premier live avec orchestre symphonique en Bulgarie. Et lors de la setlist by request, c’est encore cet album qui fut le plus réclamé (quand bien même Infinity a parfois plus les honneurs de la presse spécialisée). Du grand art. Un classique.
Tracklist de Ocean Machine - Biomech :
01. Seventh Wave 02. Life 03. Night 04. Hide Nowhere 05. Sister 06. 3 A.M. 07. Voices In The Fan 08. Greetings 09. Regulator 10. Funeral 11. Bastard 12. The Death Of Music