Delain

Artiste/Groupe

Delain

CD

We Are The Others

Date de sortie

Juin 2012

Label

Roadrunner Records

Style

Metal Symphonique

Chroniqueur

Ostianne

Note Ostianne

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Troisième album pour Delain ! Le premier opus, comme on le rappellera peut-être tout au long de la carrière de la formation, était un concept : réunir des grandes voix (Liv Kristin, Sharon Den Adel, Marco Hietala, etc.) et musiciens du metal symphonique. Fort d'un succès, le créateur du concept, la chanteuse et des musiciens sont très vite devenus un véritable groupe, qui a vite acquis une bonne réputation en Europe et notamment en France. Pourtant, le second album avait déçu : trop pop, trop mou... Le groupe qu'on attendait au tournant n'a pas su marquer le coup. Pourtant, l'espoir que Delain remonte la pente est toujours présent, aussi bien dans le coeur des fans fidèles, que dans celui des déçus. Delain, confirmera-t-il le talent que l'on avait décelé dans Lucidity ou We Are The Others sera-t-il dans la même veine qu'April Rain et continuera de nous décevoir ?

Après la sortie de son deuxième album, Delain a perdu deux de ses membres : le bassiste et le guitariste. Les Néerlandais se sont alors tournés vers Otto Schimmelpenninck et Timo Somers, issu pour le premier de la scène Death Metal et du Heavy pour le second. Un espoir donc pour ceux qui trouvaient que le groupe avait, justement, perdu son côté Metal. Que leur arrivée ait ou non quelque chose à voir avec cela, le groupe continue effectivement sur sa lancée de groupe de Pop Metal, où le mot Metal retrouve toute sa place ! Delain aurait donc appris de ses erreurs. C'est du moins l'impression que le groupe avait donné lors de leur passage à Paris pour promouvoir cet album, qui a vu sa sortie retardée par des problèmes de rachat de label...

Mother Machine qui débute l'album est l'un des exemples sur lequel s'appuyer pour confirmer que Delain est de retour avec du Metal. Les grosses guitares sont de sortie, la batterie aussi. Un titre plein d'énergie sur lequel le clavier est lui aussi présent. Car si on reproche à Delain de faire trop dans la pop, ce dernier n'oublie pas qu'il vient de la scène symphonique et le montre. On retrouve aussi des sonorités indus (ainsi que sur Hit Me With Your Best Shot). Et enfin, un côté sombre que l'on retrouve avec plaisir, ici mais aussi sur d'autres titres. Même sur I Want You, l'un des titres les plus doux, avec un tempo plus lent, sans pour autant complètement tomber dans la ballade se voit gratifié de quelques sons indus. D'ailleurs, les guitares présentes sur le morceau, éviteront à Delain de tomber dans la mièvrerie qu'il avait tant développée sur April Rain. Sans en faire un titre indispensable, le groupe réussit à ne pas se casser la figure et ne pas livrer des titres complètement dispensables et sans intérêt comme ce fut le cas avant. Tout comme sur Are You Done With Me, un autre titre écrit majoritairement par Charlotte Wessels, qui sonne très pop-rock et où l'on voit les influences de la jeune femme.

Et pourtant, Delain n'a pas oublié ce qu'il a fait avec April Rain. We Are The Others (la chanson) nous le rappelle très vite : le solo de clavier qui introduit le refrain dès le début du morceau ainsi que ses sonorités très pop tout au long du titre. Celui-ci aurait pu sortir en single, comme il en était question il y a quelques mois, mais il a finalement été remplacé par un autre titre trop pop et très décevant Get The Devil Out Of Me (structure trop simple, refrain certes fédérateur mais entendu des dizaines de fois, mélange de guitares et claviers mal dosé etc.). Le premier titre inspiré par le meurtre d'une jeune femme en Angleterre pour s'être habillée en gothique aurait pu être un bon porte-parole pour les thèmes principaux de l'album : la différence et la tolérance.

Et à côté de l'évolution et du chemin pris avec April Rain, le groupe n'oublie pas non plus Lucidity : le clavier sur Babylon, ou même la structure du morceau pourrait rappeler ce qui avait été fait en premier lieu par Delain. De même, la tradition voulant des duos sur les albums des Néerlandais est respectée et c'est ainsi qu'on découvre la voix de Burton C. Bell de Fear Factory sur Where Is The Blood (qui redonne du baume au coeur après I Want You qui doit être l'un des "moins bons" morceaux de l'album). Un refrain agressif, qui réveille, entre des couplets plus softs et surtout un petit truc qui nous rappelle What Have You Done de... Within Temptation bien sûr où Martijn Westerholt (fondateur et co-compositeur de Delain) a fait ses premières armes et où son frère officie toujours (bien qu'étant absent de la scène dorénavant).

Comme par le passé, les refrains sont les points forts de Delain : directs, efficaces, avec de la dynamique, ils entrent vite en tête pour ne pas en ressortir. Et mieux encore, si le refrain est le noyau dur des morceaux, ceux-ci sont différents et évitent ainsi que l'on tourne en rond. On retiendra par exemple We Are The Others, Not Enough qui s'emparent très vite de notre tête, celui de Mother Machine ou Babylon se font plus en douceur, on s'en imprègne tout au long des morceaux. Il serait quand même bien mince pour Delain de n'avoir qu'un point fort, et fort heureusement pour eux, ils ont une autre arme qu'ils dégainent sans honte : leur chanteuse Charlotte. Loin des clichés du genre, pas de voix lyrique, pas de notes que l'on crie pour les atteindre (Bonjour Sharon den Adel sur le dernier Within Temptation, bonjour Anette Olzon sur certains titres de Nightwish en live...), sa voix légèrement nasale fait des merveilles. Comme sur scène, la timidité de ses débuts a laissé place à l'expérience et à la maturité. On sent la jeune femme à l'aise avec les titres qu'elle interprète. A se demander si Delain aurait pu se démarquer, ou avoir ce succès si la rousse n'avait pas été derrière le micro. Car en effet, un peu comme Anneke Van Giersbergen à l'époque de The Gathering, elle apporte la singularité que l'on aime tant dans ce groupe. De plus, la jeune femme ne reste pas dans un registre monocorde, et fait de véritables merveilles comme sur le refrain Are You Done With Me et de très belles vocalises sur un titre qui clôt parfaitement l'album, tout comme il clôt parfaitement un set : Not Enough.

Si l'on reproche à Delain de faire un Metal Symphonique popisant et de tomber dans la facilité, le groupe a su montrer avec ce troisième album que la facilité ne rime pas toujours avec la médiocrité. Evoluant dans un Metal simple, il se distingue pourtant des groupes comme Sirenia ou UnSun par des titres efficaces qui puisent leur inspiration dans divers horizons. We Are The Others recèle des pépites dans leurs genres, et bien que quelques titres soient en dessous du lot : Get The Devil Out Of Me en tête, le single type est trop racoleur, il rappelle les pires morceaux que Delain ait fait par le passé, le trio de début (entre autres) nous montre ce que les Néerlandais ont vraiment dans le ventre. Ce troisième album est une réussite, et écouter de la musique sans se prendre la tête, comme ils nous le proposent : ça fait du bien ! En espérant juste que le groupe garde ce cap et ne fasse pas machine arrière. 

 

Tracklist de We Are The Others :

01. Mother Machine
02. Electricity
03. We Are The Others
04. Milk And Honey
05. Hit Me With Your Best Shot
06. I Want You
07. Where Is The Blood (ft. Burton C. Bell)
08. Generation Me
09. Babylon
10. Are You Done With Me
11. Get The Devil Out Of Me
12. Not Enough

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