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Deep Purple
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C H R O N I Q U EMade In Japan de Deep Purple représente pour la plupart des amateurs de musiques lourdes le nec plus ultra des enregistrements live. D’abord parce que Deep Purple est au sommet de son art en 1972 et entame une tournée massive pour la promotion de leur album mythique Machine Head. Cette tournée passe par le Japon, et notamment par Osaka et Tokyo les 15, 16 et 17 août 1972 où ont eu lieu les enregistrements. Ensuite l’album qui en découle, Made In Japan, qui, au départ, était simplement prévu pour le marché japonais, est finalement une sortie mondiale, qui va devenir une des plus grosses ventes d’albums dès sa sortie en décembre 1972 : disque d’or en France, Italie, UK et platine en Autriche, Allemagne et USA. Un tel succès est étonnant, car au départ personne, ni du groupe, ni du label, ne misait un sou dessus, ne croyant pas aux albums live et n’acceptant de le sortir qu’au Japon. C’est donc uniquement Roger Glover et Ian Paice, respectivement basse et batterie qui se déplacent pour le mixage et Jon Lord (claviers) avouera même que le coût total de l’album ne dépassera pas trois mille dollars. Sacré retour sur investissement pour le label (et le groupe espérons-le). Cet album et son succès institueront une sorte de tradition du « live in Japan » que de nombreux groupes suivrons par la suite avec souvent un certain succès aussi.
Quoi d’autre ? Pour moi la ballade absolue se trouve aussi sur cet album. Cette ballade c’est Child In Time (extraite de l'album Deep Purple In Rock), qui permet de se rendre compte des qualités du chant de Ian Gillan de l’époque. On comprend aussi qu’il lui est impossible de chanter comme ça maintenant. No way ! Probablement la meilleure version live de Child In Time, la ballade qui s’excite, puis s’arrête, qui finit en apothéose, démontrant, une fois de plus, que le metal progressif a pas mal emprunté à Deep Purple. Le seul truc surprenant reste pour moi, la position du morceau, en deuxième sur la setlist. Ce qui me semble ne pas refléter la réalité de la tournée et montre bien que cet album est un assemblage de plusieurs concerts. L’album ouvre sur Highway Star, qui est un excellent morceau du groupe extrait aussi de Machine Head, qui démontre la puissance du jeu des claviers de Jon Lord, et introduit les fantastiques solos de guitares hystériques qui ponctueront la carrière de Deep Purple (et de Rainbow ensuite). Je trouve les cymbales de Paice un peu surmixées mais bon, globalement, la puissance du pourpre profond est bien résumée dans ce morceau malgré ses quarante bougies. On trouve aussi The Mule, morceau psychédélique par excellence, qui sert surtout de défouloir à notre ami Ian Paice qui nous gratifie d’un solo de batterie longuet. Cette tradition du solo de batterie était à l’époque immuable. Elle disparait petit à petit aujourd’hui, pour le bonheur des uns et au grand regret des autres. Strange Kind Of Woman est un extrait de Fireball (version US), l’album précédent Machine Head, un morceau assez bluesy dans lequel Ian fait encore des prouesses avec sa voix. Ce morceau n’était sorti au départ qu’en single, pour finalement se retrouver sur les rééditions et la version US de Fireball. Il est ici magnifiquement mis en valeur dans une version custom de neuf minutes cinquante-deux ponctuée de multiples solos de guitare ou Ritchie laisse parler sa célèbre Stratocaster. On y trouve un battle mémorable entre la strato et Ian Gillan, à la grande joie du public qui tape des mains. A ce propos, le public japonais reste quand même très en retrait sur les albums live de cette époque, peut-être que c’était l’effet recherché, qui sait ? En tout cas les neuf minutes cinquante-deux du morceau sont battues par les dix minutes vingt-sept de Lazy, un autre extrait de Machine Head. Là encore, faut se remettre dans le bain de l’époque pour supporter l’intro-délire de Jon Lord et ses pianos magiques. C’est un morceau, une fois qu’il commence pour du bon, très blues. D’ailleurs, Ian Gillan y ajoute un bon harmonica blues et des congas (visible sur la pochette de l’album). Probablement le morceau le plus custom de tout l’album (massacré même, diront certains). L’album se clôt en beauté (et en longueur) avec le record absolu de près de vingt minutes d’un Space Truckin’ survitaminé. Le morceau, sorti sur Machine Head, prenait ici, sur vinyle, une face complète. Il laisse encore libre court aux improvisations de Jon Lord puisque le morceau est, certes, joué pendant les premières cinq minutes, où d’ailleurs Ian Gillan est particulièrement déchainé, mais ensuite on part dans un solo de claviers de fou, expérimental à souhait on va dire, qui paraitra bien long à la plupart d’entre vous, sauf si vous êtes fans de Rick Wakeman ou d’autres virtuoses des claviers des années 70. L’édition remastérisée contient un deuxième CD avec les rappels effectués lors de ces mêmes concerts japonais. On y trouve les deux excellents morceaux de Deep Purple, Black Night et Speed King, dans des versions raisonnables de moins de six minutes ainsi qu’une reprise de Lucille, le morceau composé par Albert Collins mais rendu célèbre par Little Richard. Deep Purple sait aussi rendre hommage ! Epoque mythique, album mythique, et groupe mythique. L’album à posséder absolument pour comprendre un peu mieux l’époque, le groupe et l’évolution du Metal dans les décennies qui suivront. Le CD en Réédition 1998, se trouve facilement dans les bacs à cinq euros, profitez-en, je vous épargne ainsi la litanie du vinyle, la larme à l’œil. Pour moi, c’est un album encore plus important, qui est l’origine de ma passion pour notre musique préféré, le point zéro où tout a finalement germé. En effet, à l’époque, mon père m’avait confié un magnétophone à bande (et oui les jeunes, c’était avant les cassettes, que vous n’avez déjà pas connues), et des kilomètres de bandes que je pouvais effacer à ma guise pour réenregistrer dessus. J’y découvrais, par hasard, cet enregistrement oublié (mon père, ce pirate !), dont le son m’a scotché et que j’ai immédiatement adoré. N’ayant aucune information sur le contenu des bandes, il me faudra quelques temps pour identifier le groupe. J’avais alors douze ans !
Tracklist de Made In Japan : CD1 - Made In Japan 01. Highway Star CD2 – The Encores 01. Black Night Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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