Artiste/Groupe:

Deep Purple

CD:

Come Taste The Band

Date de sortie:

1975

Label:

Purple Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

botem

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Dans l’histoire du rock, nombreux sont les albums maudits et rejetés (Presence de Led Zep pour n’en citer qu’un seul) et puis celui-ci de Deep Purple.
Tellement de choses ont été écrites à son sujet...pire album du groupe, et d’autres (très peu nombreux) déclarant être le meilleur de la longue discographie de ce groupe de légende.
Et si la vérité était ailleurs ?
Juin 1975 Ritchie Blackmore quitte précipitamment le navire, embarquant avec lui les musiciens d’ELF, groupe qui ouvrait en première partie, durant la tournée de promotion de Stormbringer et forme l’embryon de ce qui deviendra Rainbow.
Jon Lord et Ian Paice envisagent alors de mettre un terme à Deep Purple, mais sous l’impulsion des deux autres, ils se laissent convaincre de poursuivre.

Le groupe pense dans un premier temps à Jeff Beck puis Rory Gallagher, mais au final, seul Clem Clempson passera des auditions, toutefois, sans être retenu à l’issue de celle-ci.
À ce moment précis, il est sérieusement envisagé de tout arrêter, quand David Coverdale découvre Spectrum de Billy Cobham, et bien sûr son tout jeune guitariste d’à peine vingt-trois ans.
Il fait écouter ça aux autres, qui le font auditionner, et l’affaire est plié.
C’est ainsi, que l’américain Thomas Richard Bolin, plus connu sous le nom de Tommy Bolin intègre le groupe et devient le deuxième guitariste du groupe, qui en connaîtra trois dans toute son histoire (j’omets volontairement le bref passage de Satriani) Ainsi que Simon Mc Bride qui remplace Steve Morse suite au souci de santé de la femme de ce dernier.
Dès lors, seul Ian Paice et Jon Lord sont les membres originels du groupe, Mark IV est né, et le 10 octobre 1975, sort Come Taste The Band (dixième album du groupe), produit par le sixième (pourrait-on dire) membre, l’indéboulonnable Martin Birch.

Seulement deux mois auront suffi au groupe pour l’enregistrer. Le tout, contrairement à ce que l’on raconte ici ou là, dans l’enthousiasme général, y compris de Ian Paice et Jon Lord.
Ce dernier retrouvant une liberté, jusqu’alors bridée par un Blackmore intraitable, et laissant libre cours à sa découverte, toute récente des keyboards, pas toujours il faut bien le dire convaincant.
Il n’empêche, on sent sur cet album que le gars se fait plaisir, et sans ostentation, et cela fait sacrément plaisir à entendre.
Puisque l’on est avec lui, voici un résumé de ce qu’il disait à propos de ce disque.
"la plus belle chose que l’on puisse dire sur Come Taste The Band c’est que, encore aujourd’hui, lorsque vous l’écoutez, c’est un album terriblement intéressant. Tout dessus est d’un niveau incroyable. Et la pire des choses que l’on puisse en dire c’est que, dans l’opinion de beaucoup de personnes, ce n’est pas du Deep Purple. Mais c’est un album de rock exceptionnel. Très moderne"
Tout est dit, sauf sur un point, sur lequel je ne suis pas du tout d’accord…mais j’y reviendrais dans ma conclusion.

Les chroniques titre par titre me faisant fuir, je ne m’y collerais pas, toutefois, Comin’ Home qui démarre la galette, a des relents de Burn, du reste sur ce titre, c’est Tommy qui tient la basse et les backings Vocals, Glenn étant absent, car envoyé en cure de désintoxe.
Gettin’ Tighter et son groove de folie, et qui sur scène (bien sûr quand les deux toxicos de service que sont Glenn et lui-même sont clean…ce qui est loin d’être souvent le cas) dévaste tout. Pour s’en convaincre, jetez une oreille sur la version live qui figure sur On The Wings Of A Russian d’une durée de quatorze minutes dantesque!!
You Keep On Moving écrite à l’origine pour l’album Burn, mais rejeté par l’homme en noir.
Ou encore l’instrumental Owed To G, où Lord libre comme l’air, s’exprime à sa guise.

Hélas, là où les choses se compliquent sérieusement, c’est lors de la première et dernière tournée de cette formation, pour promouvoir l’album, et les problèmes s’empilent les uns derrière les autres…je n’en citerais que deux…mais de taille.
Les fans, qui n’acceptent pas le départ de Ritchie, et qui, régulièrement, scandent son nom lors des concerts.
Et puis, ce qui n’arrange en rien l’affaire, Bolin et Hughes sont fréquemment shootés à l’excès…écoutez donc les hurlements et cris du bassiste/chanteur sur certains enregistrements et vous comprendrez. Tandis que Tommy est à peine capable certains soirs, de tenir la rythmique, tellement il est défoncé.
Et ce, malgré la présence de gardes du corps pour chacun, afin d’écarter toute tentation.
Et puis histoire de corser le tout, Tommy Bolin massacre littéralement tous les titres du MK2, bien épaulé en cela par son pote de défonce, et il faut bien le reconnaître également, Coverdale, qui, bien qu’un immense chanteur n’aide pas à valoriser le répertoire des anciens.
Ajoutez à cela que sort durant cette tournée le live Made In Europe avec bien sûr Blackmore, et vous avez là, tous les ingrédients pour que cette aventure s’arrête net.
Ce qui arrivera le soir du 15 mars 1976, à la fin d’un concert catastrophique, donné à Liverpool. En effet, ce soir-là, les trois autres décident d’une même voix de couper court à ce naufrage complet.
Ainsi s’achève définitivement l’aventure de Deep Purple…enfin, ce n’est ce que tout le monde pense, jusqu’à que huit ans plus tard, l’improbable et inespéré se produit, le légendaire MKII se reforme, pour le meilleur et…le pire.

Bolin succombera quelques mois plus tard (03/12/76) d’une overdose, tandis que Glenn Hughes s’enfonce dans une période de près de quinze ans d’errance, et défonce, qui lui fera frôler la mort à plusieurs reprises. Il doit un grand salut à David Coverdale, qui lui viendra souvent en aide, notamment en lui permettant de tenir des backings lors d’enregistrements, et qui lui permettra de tenir…un peu…la tête hors de l’eau, avant de renaître de ses cendres pour la carrière que l’on sait.
Pour en revenir à l’album en lui-même, les critiques, bien que pas vraiment dithyrambiques, ne dégomment pas pour autant l’album, en revanche les fans eux…le rejettent avec pertes et fracas, le qualifiant de pire album de Deep Purple de tous les temps, alors qu’une infime poignée, comme dit en préambule, le consacre comme l’un des meilleurs.

Alors ? Dans quel camp te trouves-tu, me demandait-vous peut-être ? Ni l’un ni l’autre…car cet album est tout, sauf un album de Deep Purple, et c’est là pour moi l’énorme erreur du groupe et du management. Ils ont voulu spéculer sur le nom prestigieux du groupe, et c’est ce qui causera la perte de l’album. Concernant le groupe, comme évoqué plus haut, cela ne pouvait hélas, que se terminer en drame…sous une autre identité l’album aurait eu, je pense, le succès mérité.
En tendant l’oreille, vous identifierez peut-être, les prémices du futur Whitesnake première période.
Pour conclure, je vous invite à suivre les indications écrites sur la pochette…et de goûter à cet album réellement excellent.
Privilégier la réédition de 2010

Tracklist de Come Taste The Band :

01. Comin’ Home
02. Lady Luck
03. Gettin’ Tighter
04. Dealer
05. I Need Love
06. Drifter
07. Love Child
08. This Time Around (Owed To ’G’) (Instrumental)
09. You Keep On Moving

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