Si tu es fan comme moi de power trio, stoner, psyché, avec du fuzz, une basse qui claque, une section rythmique qui décoiffe, le groupe Decasia va certainement combler ta soif intarissable de découvertes musicales. De quoi parle-t-on exactement ? Du groupe Decasia, formé en 2013, qui nous vient de Nantes, avec un premier album An Endless Feast For Hyenas, qui fait suite à deux EPs, un premier EP 5 titres éponyme, sorti en 2015, puis The Lord Is Gone, un EP 3 titres sorti en 2017. Le groupe se compose de Maxime Richard (guitare et chant), Fabien Proust (basse et synthèse) et de Geoffrey Riberry (batterie). Fabien rejoint le groupe en 2015, après que Maxime et Geo se soient délocalisés sur la capitale, il remplace Kevin, un des trois membres fondateurs. Le groupe est depuis cet album, signé sur le label italien Heavy Psych Sounds, bien connu des amateurs de rock psyché et de stoner. C’est un changement puisque le deuxième EP était sorti sur le label français More Fuzz Records, un autre spécialiste de la discipline.

Pour ce premier album de dix titres, le groupe s’est isolé au fin fond de l’Auvergne, une grange aménagée a servi de studio. Thomas de Fraguier est aux manettes, Erwan Le Mao au mastering. Le groupe utilise de nombreuses sessions d’improvisation pour composer ses morceaux. Les textes, très courts (les textes de tout l’album tiennent sur une page du digipak), répétés plusieurs fois, sont en anglais, souvent assez lyriques, mais assez éthéré dans la façon de les chanter, comme si le chant, en retrait était moins important que la musique du morceau.

L’album est un enchaînement d’ambiances, tantôt stoner à la Truckfighters, souvent truffé d’influences psychédéliques, tantôt rock psyché avec un son très cru. Souvent la voix est doublée, ou bien une seconde voix fait des chœurs un peu flippant (Skeleton Void). Le jeu hystérique de Geoffrey sur tout l’album fait penser à un Mitch Mitchell des temps modernes, il utilise beaucoup ses cymbales et rempli beaucoup l’espace musical du groupe. Le chant de Maxime oscille entre chant vaporeux, avec pas mal de réverb et un peu en retrait avec des passages rentre-dedans en chant plus “punk”. Son jeu de guitare est aussi assez intéressant, avec de la rythmique saturée, ou des petits gimmicks qui au final semblent apporter un deuxième chant (Override). Son jeu peut aussi se faire plus subtil comme sur l’intro de Override qui me fait penser au jeu de Dorrian Sorriaux ex-Blues Pills. J’aime beaucoup les lignes de basse de Fabien, notamment sur Skeleton Void, qui à mon avis est un des morceaux les plus aboutis de l’album.  

Tiens, je vous mets le son:

J’aime beaucoup le groove de Laniakea Falls, le son tout en finesse de la guitare de Maxime, la section rythmique sans faille, les petits breaks inspirés, le double chant.
Et je remets le son:

Les morceaux sont souvent longs (cinq morceaux de plus de 5mn30) et changeants, presque progressifs, d’une certaine façon. On sent que le trio ne manque pas d’idées et voudrait en faire passer un maximum dans leurs dix morceaux. On a encore deux courts morceaux instrumentaux, Cloud Sultan à sa belle guitare slide et Soft Was The Night supra-planant, plus un morceau un peu étrange Hyenas At The Gates, qui clôt l’album, sorte de petit délire guitare/chant au coin d’un feu que l’on entend crépiter avec beaucoup de bruits ambiants.

Un petit mot sur la pochette assez incroyable, puisque si vous regardez de plus près, vous apercevrez, les trois garçons cachés derrière des masques et des costumes superbes, placés dans un décor floral. C’est bien une photo donc, c’est primitif, c’est beau, en plus ils ont tout réalisé eux-mêmes. Curieusement ça me fait penser aux masques du héros de Au revoir là-haut.

Bon, en définitive je suis content de cette nouvelle découverte que je ne peux que vous conseiller. Le groupe a hâte de remonter sur scène pour nous présenter tout ça en live. Ils ont été sevrés de scène pour cause de COVID avec plusieurs tournées annulées et au vue du nombre de concerts déjà à leur actif, on comprend leur frustration. En attendant la scène, je vous recommande ce premier album ainsi que la lecture de l’interview qu’il nous ont accordée.

Tracklist de An Endless Feast for Hyenas :

01. Illion
02. Hrosshveli’s Ode
03. Altostratus    
04. Cloud Sultan
05. Override    
06. Skeleton Void
07. Soft Was The Night
08. Laniakea Falls   
09. Sunrise   
10. Hyenas At The Gates