Ma première rencontre avec les rennais de Darcy était au Festival 666, et même s’il n’est pas évident de découvrir un groupe en live, j’avais été charmé par la volonté de distribuer des uppercuts à qui de droit. Le côté très direct de leur musique couplée à un frontman qui ne tient pas en place éructant à qui veut bien l’entendre ses paroles pleines de motivation et emplies d’engagement.

Et les voilà de retour avec un second album Machines de Guerre, qui fait suite à Tigre sorti en 2016. La recette est sensiblement la même, le son est rock, punk parfois, et le chant en français est parlé, rappé, crié, pour faire passer son message. Le groupe se compose de Clément Darcy à la batterie, d’Irvin Darcy au chant, de Ikare Vancasso à la guitare, et de Marc Corlett à la quatre cordes.

Après une petite intro tout en douceur, c’est Cuidado qui ouvre le bal, son affiliation avec les No One Is Innocent est assez évidente, il me fait de suite écho à Silencio des Parisiens. Kemar est d’ailleurs invité sur cet album, preuve d’une vision commune de la musique. On travaille d’ailleurs en famille sur cet album car d’autres invités comme Niko Jones des Tagadas, ou encore Pierre Le Bourdonnec de Merzhin qui viennent pousser la chansonnette avec les Darcys.

Musicalement, les titres sont efficaces, directs et passent vraiment très bien. Les quatorze titres qui le composent en font un album qui passent facilement et une majorité des mélodies des chansons restent dans la tête. Les chœurs Oï à souhait, ponctuent les titres judicieusement. L’ensemble est dans une veine Punk Rock de très bonne facture, même s’il y a quelques clins d’œil dans d’autres dicterions musicales, au disco sur Lbdance, au Metal sur L’Etincelle Au Brasier, et pour le côté ballade écorchée avec Eva.

Viennent ensuite les textes et là je trouve qu’il manque une forme d’aboutissement dans l’écriture. Je ne remets pas en cause la volonté de ruer dans les brancards avec une motivation sans faille et des refrains / slogans qui trottent dans la tête, mais il y a quelques passages que je trouve un peu léger. Les sujets peuvent varier sur une même chanson, et j’ai la sensation de passer du coq à l’âne lorsque arrive la transition entre certains couplets et refrains. Il y a également quelques redondances, Ok Le Pen, Ok la police mais sortir une punchline par chanson sur un de ces deux thèmes, est-ce que cela ne nuit pas au propos au final ? Le titre Rediaboliser aurait certainement suffi à faire le message, plutôt que de retrouver des bribes du même message étalé sur l’album. Quant à la fameuse ballade de conclusion Eva, elle est quand même écrite avec les coudes… Moi qui ai été élevé à grand coup de Lofofora, et aux textes ciselés, la transition est difficile…

Machines de Guerre est un album qui a du corps et du cœur, à la fois punchy, vindicatif, mais aussi brouillon, et malgré cela diablement efficace. Comme vous l’avez compris, je suis mi-figue, mi-raisin parce que Darcy peut se targuer d’avoir livrer un album qui sent bon l’essence du rock mais qui se brûle les ailes par des textes qui souhaitent mettre le feu mais qui ressemblent plus à un écran de fumée. Dommage.  

Tracklist de Machines de Guerre.

01. Intro
02. Cuidado
03. Solution
04. Machine De Guerre
05. Viens Chercher Pogo
06. Interlude 1
07. Rediaboliser
08. La Force
09. L’Etincelle Au Brasier
10. Lbdance
11. Interlude 2
12. Notre Hymne
13. Police Partout
14. Eva