Artiste/Groupe:

DGM

CD:

Tragic Separation

Date de sortie:

Octobre 2020

Label:

Frontiers Music

Style:

Power Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Le manque de reconnaissance dont souffre DGM ne cesse de me surprendre. Non pas que le groupe soit totalement inconnu mais tout de même, vu l'indéniable talent de ces Italiens, je me dis que le succès devrait être nettement plus important. En 2016, j'avais d'ailleurs été enchanté par The Passage, un vrai tour de force et, sans conteste, un de leurs albums les plus aboutis. C'est donc avec enthousiasme et curiosité que je me penche sur cette nouvelle galette intitulée Tragic Separation. Surtout qu'encore une fois, le groupe ne s'est pas précipité... quatre ans ont passé depuis leur dernière offrande, il y a donc peu de chance qu'on se retrouve face à du travail bâclé (ce n'est pas le genre de la maison de toute façon). Alors, sans hésitation, je me plonge dans cette nouvelle aventure... et j'en prends plein la tête ! Très bien. Mais les premières écoutes occasionnent aussi une petite déception (qui, heureusement, ne gâchera pas trop le plaisir procuré non plus). Explications. 

Les deux émotions contraires que je ressens à l'écoute de ce nouvel opus, joie et déception, sont justement provoquées - chez moi - dès le morceau d'ouverture, également premier single de l'album : Flesh And Blood. Bruitages électroniques, riff tortueux - servi par l'excellent guitariste Simone Mularoni - portant clairement la marque de Michael Romeo (Symphony X, influence majeure de DGM), section rythmique ultra puissante (en mode double grosse caisse pour la batterie), claviers épiques... le ton est donné, ça ne plaisante pas. C'est musicalement virtuose, rapide, impressionnant... et Mark Basile vient poser un chant aussi mélodique que conquérant, parfaitement maîtrisé (comme toujours) sur le tout, comme une cerise sur un gâteau. Mais c'est aussi très familier. Surtout au moment du refrain que l'on croirait sorti du disque précédent, sa mélodie faisant bien penser au thème principal de The Passage, déjà beaucoup décliné (c'était fait exprès) sur les différentes compos de l'album en question. Donc là, à ce moment précis de l'écoute, je me dis que ça en jette (vraiment, les musiciens accomplissent un boulot formidable, les riffs et solos sont superbes) mais j'ai peur que le groupe recycle davantage qu'il ne se réinvente. 

Le deuxième titre, c'est Surrender et, à l'instar d'Animal sur l'album précédent, il met en avant une facette plus légère et enlevée, avec des touches hard rock... sans pour autant se départir du son ou de l'identité DGM. Catchy, efficace, ça passe très bien. On retrouvera cette volonté de proposer des morceaux très mélodiques et entêtants, un peu plus posés (qui ne misent pas tout sur les accélérations fulgurantes et passages instrumentaux vertigineux dont le groupe est capable) avec des morceaux comme Hope ou Land Of Sorrow, très sympas également. Et n'ayez crainte, bien qu'un peu plus légères que les autres, ces compos livrent quand même du gros son, de la performance et des solos impressionnants... on n'est pas sur de la popasse de supermarché ! 

Parmi les réussites, on ne saurait passer sous silence l'excellente chanson titre, belle pièce de plus de sept minutes, qui invoque les grands esprits du progressif (notamment avec sa jolie intro au piano/claviers/violon qui rappelle Kansas), évolue en conjuguant avec bonheur énergie et mélodie sans oublier de proposer un refrain mémorable. D'autres plages sont réussies mais se distinguent un peu moins que celle-ci. Elles impressionnent sur le coup mais ne laissent pas forcément de souvenirs très précis une fois passées. Les musiciens s'éclatent, tout le monde se donne à fond mais il n'est pas toujours aisé de retenir un riff ou une mélodie particulière, même après plusieurs écoutes. Et il y a cette fin un peu étrange, nommée Curtain, sous forme de piste instrumentale de deux minutes très calme, mystérieuse et mélancolique, qui se démarque du reste et n'est pas désagréable mais n'apporte pas grand-chose non plus. Elle ne permet en tout cas pas à l'album de s'achever sur quelque chose de très fort. Ce n'est pas bien grave, le morceau précédent, le speed et fougueux Turn Back Time, s'est chargé de nous mettre une petite claque (dans la plus pure tradition DGM, il rappelle d'ailleurs un peu leur hymne Hereafter sur l'album Frame). 

L'ensemble est assez énorme. Difficile de le nier. La maîtrise instrumentale à couper le souffle, le son puissant, l'énergie, les ambiances classieuses, les mélodies conquérantes, le chant impeccable... toutes les cases sont cochées. Pourtant, je détecte quelques bémols, comme de petites failles dans cet imposant édifice. DGM a beau livrer une copie (quasiment) exemplaire, il a encore parfois un peu de mal à mettre en sourdine certaines influences (Symphony X), à faire respirer sa musique (très dense) et son auditeur (il n'y a finalement que la sobre conclusion Curtain qui apporte un peu de répit) et, surtout, à étonner davantage l'habitué qui connait ses travaux antérieurs. La formule n'évolue que très peu et je pense que quelques surprises n'auraient pas fait de mal. Certains prendront peut-être ces remarques comme du chipotage (argumentant que beaucoup de groupes aimeraient être capables de sortir un tel disque, ce qui s'entend) mais, que voulez-vous, quand on aime, on en veut toujours plus. L'excellence rend le fan exigeant, c'est le revers de la médaille. Quoi qu'il en soit, bien que j'aurais adoré être encore plus enchanté par ce Tragic Separation, il demeure un très bon opus qui confirme tout le bien que je pense de ce talentueux combo italien. Pas de séparation tragique en vue... DGM, je n'ai pas fini de t'aimer.  

Tracklist de Tragic Separation :

01. Flesh And Blood
02. Surrender
03. Fate
04. Hope
05. Tragic Separation
06. Stranded
07. Land Of Sorrow
08. Silence
09. Turn Back Time
10. Curtain

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !