L'heure est à la réjouissance ! DGM, groupe italien de power prog metal injustement méconnu (mais il semblerait que cela soit en train de changer), est de retour… et pas avec n'importe quoi. Vous trouviez que Momentum était réussi ? Attendez de vous mettre The Passage entre les oreilles, c'est encore mieux ! Fort d'un line-up stabilisé depuis 2008, DGM continue de progresser, fait preuve d'une technicité à couper le souffle mais, contrairement à certains concurrents, n'oublie pas l'essentiel : écrire de vraies chansons.
Déjà, ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est la volonté de sortir (un peu) des sentiers battus et de ne pas appliquer à la lettre la formule présentée sur l'album précédent. Formule elle-même ultra semblable à celle développée sur l’excellent Frame. Donc, cette fois-ci, The Passage ne démarre pas avec un titre speed décoiffant à la Hereafter (ou à la Reason) mais par une compo fleuve divisée en deux parties : The Secret. Certes, dit comme ça, il ne s'agit pas d'une énorme révolution non plus… mais, mine de rien, cette petite surprise est des plus agréables. Surtout parce que les deux pistes proposées sont de grande qualité, évidemment. La première partie dure dans les huit minutes et démarre sur un thème joué au clavier que l'on retrouvera sur pas mal d'autres chansons. Si vous tendez l'oreille, vous l'entendrez à la toute fin d'Animal, dans le refrain de Daydreamer et à quelques autres endroits que je vous laisse le soin de repérer. Voilà un petit jeu sympa pour bien finir l'été. A part ça, The Secret Part 1 est un morceau à tiroirs très accrocheur et hyper entraînant. Simone Mularoni confirme une fois encore ses talents de compositeur, guitariste et producteur (le son est parfait, aussi puissant qu'équilibré). La Part 2 développe une nature mélodique, planante et prog dont l'atmosphère m'évoque le travail des Norvégiens de Pagan's Mind. Et puis, en troisième position, il y a le single que certains d'entre vous doivent connaître depuis le mois de juin : Animal. Ce titre hyper catchy, très mélodique, avec des influences hard rock plus prononcées qu'à l'accoutumée (sans que cela ne dénature le son et le style DGM) confirme la volonté de présenter un début d’album plus varié et surprenant.
Que ceux qui auraient peur que DGM ait perdu en patate se rassurent tout de suite : Ghost Of Insanity réintroduit du riff puissant et syncopé, de la double grosse caisse et, en plus, il y a un invité de luxe car Tom Englund (Evergrey) est venu pousser la chansonnette aux côtés du toujours impeccable Mark Basile. Les fans d'Evergrey apprécieront. Les aficionados de power prog speedé prendront leur pied avec Fallen... L'occasion de se rappeler que dans un album de DGM, on retrouve toujours un peu l'influence de Symphony X (surtout au niveau de la guitare sur ce morceau). En parlant de ça... qui est l'autre invité que l'on retrouve un peu plus loin sur Dogma ? Michael Romeo lui-même ! Vous voyez... J'en profite d'ailleurs pour vous dire qu'aux côtés de Romeo, Mularoni n'a pas l'air d'un guignol, loin de là. Quel régal !
La qualité demeure avec la chanson titre, une compo qui ralentit un peu le tempo, propose un excellent riff et nous entraîne dans de séduisants passages mélodiques (un break de toute beauté et un refrain, encore une fois, bien accrocheur). Si l'on doit faire un bilan de cette première moitié d'album, c'est le carton plein. Toutes les facettes du groupe (ainsi que quelques surprises) sont représentées, le niveau de composition est très élevé, la production est fantastique. C'est ce qu'on appelle un sans-faute. Et la bonne nouvelle c'est que la suite, sans être forcément toujours aussi éblouissante, maintient globalement le cap ! Il est appréciable de constater que le combo italien continue d'aligner des chansons qui, en plus d'être bien écrites, ont le bon goût de ne pas trop se ressembler entre elles. L'alternance de styles propre au début d'album est donc de mise jusqu'au bout. Vous trouverez une courte ballade piano/voix avec Disguise, du speed ébouriffant et épique avec Portrait, un mid-tempo aux influences plus hard rock (et même un riff assez bluesy) avec Daydreamer, une cavalcade véloce et musclée qui aurait pu apparaître sur un récent Symphony X (Dogma) et une conclusion plus posée et mélancolique avec In Sorrow accompagnée de claviers et guitare sèche.
Avec cette neuvième production, il semblerait bien que DGM ait sorti l'un des disques les plus aboutis, efficaces et accessibles de toute sa carrière. The Passage est une belle synthèse de tout ce que le groupe sait faire et il se permet même d'ouvrir quelques portes supplémentaires... vu le titre donné à cet opus, il aurait été dommage de s'en priver. J'avais beaucoup aimé Momentum mais je regrettais tout de même un peu son caractère froid et prévisible. Ici, les Italiens laissent davantage parler l'émotion et rendent une copie classe et au contenu un poil plus varié. Fans de DGM ? Fatigués de Dream Theater (ou pas) ? Un peu déçus par l'évolution "teigneuse" de Symphony X (ou pas) ? Dans tous les cas, Il vous faut écouter cet album ! Assurément l'un des grands disques - pour ne pas dire LE disque - de power prog metal de l'année ! Envie de voir de quoi il en retourne sur scène ? Nos amis transalpins viendront nous rendre une petite visite de courtoisie (pour la première fois en tête d'affiche) à Paris le 20 septembre prochain. Pour ma part, le rendez-vous est pris.
Tracklist de The Passage :
01. The Secret Part 1 02. The Secret Part 2 03. Animal 04. Ghost Of Insanity 05. Fallen 06. The Passage 07. Disguise 08. Portrait 09. Daydreamer 10. Dogma 11. In Sorrow
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