« La longue route vers le nord est une longue route vers la maison. Une direction dictée par un appel qui pénètre la roche et résonne dans la forêt. Il coule sur chaque lac, accéléré par le vent. Quand il vous atteint, vous savez que c’est le moment. Le moment d’aller de l’avant. Tu ne sais pas où il va te mener mais tu lui fais confiance. Les yeux levés vers le soleil de minuit, il vous rapproche.
La route est longue et la fin est incertaine. »

Johannes Persson, vocaliste/guitariste de Cult Of Luna

En 2019, j’avais chroniqué leur précédent album : A Dawn To Fear. Comme je ne suis pas à un recyclage prés, j’avais écrit ceci : « Aussi sensible que viscérale, la musique de Cult Of Luna (…) s’adresse à l’âme et non à l’homme. » La phrase de M. Persson ci-dessus résume bien comment Cult Of Luna voit, pense, vit, et compose sa musique. Elle n’est toujours pas faite pour être exclusivement écoutée, mais pour être également vécue. Je peux vous promettre, encore une fois, que de mettre des mots sur les sensations que procure cette pépite ne va pas être aisé.

Cold Burn, malgré son titre, apporte un vent de fraîcheur à la musique de Cult Of Luna. Alors pas de révolution mais un titre avec une inspiration plus indus, à la Nine Inch Nails. Cela tient principalement au rythme de la batterie qui se veut plus « sautillant » que sur le reste de la galette. Et plus globalement cet album sonne indus, très froid à la limite de la déshumanisation. The Silver Arc est sensiblement dans la même veine que le précédent album, une prolongation naturelle de l’univers des suédois.

Mais comme sait si bien le faire Cult Of Luna, les émotions ne sont pas linéaires ici. Après la déshumanisation, vient l’émotion. Prenez les deux titres Beyond, le premier est une merveille à filer des frissons. La voix de Mariam Wallentin colle parfaitement à la musique et donne une sensation de douceur enveloppante à ce titre. Le second, quant à lui, fait la part belle à Colin Stetson, qui ne possède pas un chapeau, mais un magnifique saxophone qui la encore transmet des émotions bien différentes du reste de l’album, et qui, peut-être, ouvre la voie vers de nouvelles intentions musicales pour le groupe.
Et puis il y a le titre Into the Night, merveille de ballade progressive, qui débute par un simple arpège, vecteur d’une étrange sensibilité, puis viennent se greffer les autres instruments, le chant clair de Fredrik Kihlberg, pour conclure ce titre tout en puissance. An Offering To The Wild possède cette même structuration, une intro de plus de cinq minutes pour une fin totalement apocalyptique.

Et après l’émotion viennent les viscères, l’émotion qui vient du ventre. Le duo Full Moon et The Long Road North présente les chansons les plus agressives dans le son et le chant. Et ce même si, paradoxalement, le groupe utilise des boucles répétitives pour nous offrir toute une palette d’émotions. Le chant de Persson, qui est d’ailleurs la première des cautions dans cette agression, déchire le son par des hurlements emplis aussi bien de rage que d’émotion, totalement à fleur de peau.

Vous résumez en quelques lignes, l’étendue de cet album, est totalement vain. Il mérite d’être écouté, d’être vécu. Peu de groupes arrive autant à parler à notre anima avec des instruments. The Long Road North est un album qui stupéfie par autant de classe, par un savoir-faire unique, qui évolue avec le temps sans se rogner. Au final, Cult Of Luna passe son temps à pousser un chef d’œuvre dehors, pour en mettre un autre à la place.

Tracklist de The Long Road North :

01. Cold Burn
02. The Silver Arc
03. Beyond I (feat. Mariam Wallentin)
04. An Offering to the Wild
05. Into the Night
06. Full Moon
07. The Long Road North
08. Blood Upon Stone
09. Beyond II (feat. Colin Stetson)