Alors que les thrashers du monde entier se demandent si le dernier Megadeth n’est finalement pas qu’une habile, mais peu discrète, opération de recyclage de tous les riffs qui ont fait la gloire du groupe dans les années 80 et 90, qui se demandent si Destruction a réellement sorti un nouvel album en 2022 tant celui-ci est passé inaperçu ou s’ils doivent vraiment ranger le dernier Kreator sur la même étagère que Pleasure To Kill et Coma Of Souls. A tous ces thrashers dépités qui ne peuvent définitivement plus compter sur leurs héros d’antan, comme nous tous vieillissants et n’ayant plus, depuis longtemps, cette hargne et cette urgence qui firent les belles années du genre en le dotant de classiques intemporels et, semble-t-il, indépassables, à vous tous thrashers désespérés je promets tout ce dont vous n’osez plus rêver ! Imaginez un peu, une tempête de riffs acérés, des morceaux courts et bouillonnants, des cascades de solos tout aussi virtuoses que frénétiques, une basse qui virevolte avec dextérité, de la sueur, des tempos Sadus-iens, un chanteur acariâtre, en bref…du Thrash Metal pour de vrai!

Si je m’emporte ? Que nenni ! Si les grands anciens n’ont rien proposé qui soit réellement excitant cette année, d’autres moins grands et moins anciens remettent discrètement, mais sauvagement, l’église au milieu du village. Critical Défiance (nous y voilà !), depuis son lointain Chili, balaie d’un revers de riff les mélodies pouet pouet de Petrozza, les riffs random de Mustaine et enterre du même coup tout ce qui est sorti ces derniers mois. No Life Forms, second album du groupe, est juste un condensé de Thrash, de tout le Thrash que j’écoute depuis trois décennies maintenant. Il y a la finesse et la technique de la Bay Area, la sauvagerie primitive des premiers échos extrêmes de la scène Allemande, la concision dans le propos du grand Slayer, la hargne Sud-Américaine, quelques touches punk hardcore pour remonter aux origines, tout cela habilement mélangé avec un talent indécent et, surtout, cette fougue légendaire, sans pareil, qui aurait dû rester le seul et unique moteur d’un genre irrémédiablement énervé.  

No Life Forms se situe là où en étaient les scènes Death et Thrash Metal, avant qu’elles ne se séparent pour devenir deux styles bien distincts. Critical Defiance joue sur cette frontière ténue comme le firent en leur temps des groupes comme Incubus, Protector, Solstice ou Demolition Hammer. C’est techniquement parfait, impressionnant même, brutalement délicieux, dense, incisif, lapidaire, radical !

Ces Chiliens vont droit au but et mettent tout le monde d’accord en moins de trente minutes (ça ne vous rappelle rien ?). Ne cherchez plus, la sensation Thrash de l’année est là !

Tracklist de No Life Forms :

1. World Crumbling Apart
2. The Last Crusaders... Bringers of Death!
3. Altering The Senses
4. Dying Breath
5. Elephant
6. Edge Of Consciousness
7. Kill Them With Kindness
8. Warhead (Emotional Fallout)
9. We Were Never Here To Stay
10. No Life Forms