Echoes de Pink Floyd c’est pour moi le morceau progressif ultime. Vingt-trois minutes au compteur, un démarrage planant certifié 100% LSD, une partie chantée à deux voies sublime avec des paroles poétiques, un solo dantesque, une partie jazzy haut de gamme enlevée, un (bien trop) long passage bruitiste (dont la longueur s’expliquera un peu plus bas) et une remontée finale avec un synthé lunaire avec Richard Wright à son meilleur, une guitare qui fait monter la sauce pour un final archi-émouvant où ne reste que le bruit du vent après un dialogue guitare-synthé tenant de l’ordre du divin où Gilmour et Wright proposent une connexion artistique à ma connaissance sans équivalent. Voilà ce qu’est Echoes pour moi, un joyau absolu, un choc adolescent alors que je regardais MCM et les géniales émissions de Tonton Zegut, ce monsieur qui a tant fait pour faire découvrir et "vivre" nos musiques. L’histoire de ce titre tient aussi à une légende car ce titre aurait dû servir de final au référentiel 2001 Odyssée de l’Espace (ce passage final incompréhensible où le héros revient après un long périple intersidéral dans une chambre avec un grand monolithe noir) mais Kubrick aurait finalement retenu des titres de musique classique. Certains ont vérifié, le titre matche impeccablement sur ce passage et c’est disponible sur Youtube. Vrai ou faux, jamais le Floyd ne refera de BO de films et dans l’oppressant Orange Mécanique, une pochette de Pink Floyd apparaît en arrière-plan ce qui avait fait dire à certains que le grand Stanley y faisait quelque peu amende honorable. Pink Floyd réutilisera ce titre sur son album Meddle et en fera la face B complète et unique du vinyle. Plus tard, à une époque où les groupes proposaient des vidéos, une version incroyable sera proposée lors d’un show sans public dans l’amphithéâtre de Pompéi, lieu à la hauteur de cette musique (et réciproquement).
C’est à ce Graal musical que s’est attelé le collectif américain Crippled Black Phoenix et c’est bigrement audacieux. Et réussi ce qui n’est pas rien. Groupe à part, CBP offre un post-rock ambitieux, souvent planant et inventif. Normal donc de rendre hommage à ce titre qui à mon avis doit synthétiser leur cahier des charges même si CBP a une dimension plus dark, plus « lourde » que le Floyd, plus rock, n’avait pas. Reprise très sympa d’un morceau légendaire (dans la famille prog). Deux groupes incroyables dont on ne se lassera jamais.